Décisions absurdes II comment les éviter / Christian Morel
Fiche de lecture : Décisions absurdes II comment les éviter / Christian Morel. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Hélène Chevalier • 21 Novembre 2021 • Fiche de lecture • 2 433 Mots (10 Pages) • 397 Vues
I - Références de l’ouvrage
Auteur : Christian Morel
Titre : Les décisions absurdes II : Comment les éviter
Editions Gallimard (bibliothèque des sciences humaines)
Collection bibliothèques des sciences humaines
Parution : 05-04-2012 (imprimé à Mesnil-sur-l’Estrée)
II - Présentation de l’auteur
Christian Morel est un sociologue français. Cadre puis cadre dirigeant (retraité depuis 2007) dans le service ressources humaines de plusieurs groupes industriels. Il a entre autre analysé la négociation (la grève froid - 1981), la gestion de l’information (L'Enfer de l'information ordinaire - 2007) et les mécanismes de prises de décision (les décisions absurdes I, II et III - 2002, 2012 et 2018) dans différentes sphères professionnelles. Il intervient encore aujourd’hui au sein de colloques ou dans les entreprises pour présenter ses travaux.
Les décisions absurdes forment un triptyque : alors que le premier tome est dédié au diagnostic qui permettent de repérer les décisions absurdes, le second tome est justifié par une évolution importante des méthodes liées à la qualité totale à partir de 2002 et paradoxalement une proportion d’erreur toujours fortes dans certains domaines sensibles.
Le troisième tome s’attarde quant à lui plus en détail sur les normes et les conséquences d’une surabondance de règles sur la fiabilité.
Ce second tome a obtenu deux prix : Le prix du Livre RH Le Monde-Sciences Po-Syntec et Le Stylo d'or de l'Association nationale des DRH. Il a également été cité dans la revue Challenges comme un des 10 livres cultes du XXIème siècle.
III – Les idées-clés développées dans l'ouvrage
III.1 Organisation du raisonnement
En premier lieu, l’auteur pose son cadre d’étude. Il évoque différents secteurs d’activités sensibles pour démontrer par l’exemple l’efficacité de ce qu’il appelle en introduction “des métarègles” ou encore “une culture de la fiabilité”, en amont de l’utilisation des méthodes d’amélioration de la fiabilité des processus. (p.13)
En seconde partie, il revient en détail sur les différents facteurs de décisions absurdes et proposent des métarègles pour contrer l’absurdité, que l’on peut résumer en quatre grandes catégories :
- Hiérarchie restreinte impliquée
- Débats contradictoires ;
- Non-punition des erreurs ;
- Formation aux facteurs humains ;
- Renforcement linguistique et visuel des interactions.
Il assortie à ces règles une rationalité procédurale afin de minimiser les erreurs.
L’objectif est de réduire la quantité d’erreurs définies comme absurdes : loin d’être de simples erreurs, ce sont des phénomènes répétitifs et ayant de graves conséquences.
III.2 Résumé des points importants
PARTIE I
Les milieux étudiés sont principalement les secteurs à haut niveau de risque ou HRO (high reliability organisation). Pour chaque secteur, chacune des 4 catégories vu précédemment sont présentées par des exemples. De plus, chaque secteur possède des spécificités sur certaines catégories, que l’auteur approfondit.
- 4 Secteurs aux structures hiérarchique à priori rigides :
Aéronautique : L’auteur montre grâce aux données récoltées dans plusieurs compagnies aériennes, les réductions d’accidents suites à la mise en place d’un cockpit collégial (hiérarchie restreinte impliquée) ainsi qu’une formation aux facteur humains.
Le cockpit collégial se révèle particulièrement efficace en cas de conditions difficiles (p.43). La formation aux facteurs humains permet un meilleur fonctionnement de la collégialité et une pression hiérarchique amoindrie, un suivi plus adapté des erreurs via des briefings/débriefings (p.39) et des comportements irrationnels réduits (“destinationite” voir page 4 de cette fiche).
Christian Morel raconte également au travers du récit d’une contrôleuse aérienne, le paradoxe d’une surabondance de règles qui amène à davantage d’accident. Les normes sont détournées de leur usage vertueux pour que chacun se dédouane en cas d’accident et pour “brouiller les pistes” en cas d’enquête. Il évoque alors deux compagnies aériennes (USA, France) qui ont mis en place des méthodes de non-punition des erreurs afin de contrer ce paradoxe : la mise en place d’un organisme externe qui relève les erreurs et sert d’intermédiaire avec la hiérarchie pour éviter des sanctions injustes (p.33); le quick Access recorder additionner au principe de double enveloppe chez Air France (p34-35)
L’auteur reprend ensuite le principe de rationalité procédurale théorisé par Herbert Simon (De la rationalité substantielle à la rationalité procédurale) pour les appliquer à l’aéronautique. Il énonce tout d’abord les trois types de raisonnements existants selon lui, à savoir le principe de précaution, le raisonnement substantiel et le raisonnement procédural (p.49). Dans les cas extrêmes (lié à la météo où au matériel), il faut agir et le principe de précaution n’est pas applicable. Par ailleurs, ces cas entraînent la majorité des accidents. Il est donc important de les traiter avec la bonne méthode. L’auteur préconise l’utilisation de la rationalité procédurale.
Chirurgie : L’auteur présente des cas d'hôpitaux français qui se sont inspirés des techniques de l'aéronautique pour réduire le nombre d’accidents. On retrouve plus particulièrement une importance accordée au renforcement linguistique via l’utilisation de Check List, la formation aux facteurs humains et les mécanismes sociaux contre-productifs (mépris des infirmières par les chirurgiens).
Marine nucléaire : L’auteur donne les conclusions de ses propres observations au sein de la marine nucléaire française. Il rappelle que ce secteur, paradoxalement à un fort risque potentiel, est le secteur avec le moins d’accident au monde.
Au sein d’un équipage, le désaccord est encouragé afin de favoriser un débat plus profond et faire ressortir
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