Montieur éducateur, Philippe Gaberan et Patrick Perrard
Commentaire d'oeuvre : Montieur éducateur, Philippe Gaberan et Patrick Perrard. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Clém Girault • 6 Février 2021 • Commentaire d'oeuvre • 1 725 Mots (7 Pages) • 904 Vues
Réflexion sur le livre Moniteur Educateur
On nous a demandé de lire le livre de Philippe GABERAN et Patrick PERRARD intitulé : Moniteur Educateur et de dire ce que nous en pensons. Je vais donc vous donner mon impression.
Un métier pour tous ?
Les auteurs font ressortir deux contradictions, flagrantes et plutôt perturbantes, ils insistent sur le fait que la profession de moniteur éducateur est accessible à tous puisqu’elle ne nécessite pas un niveau d’étude important. Il indique qu’une personne ne voulant pas faire de grandes études peut accéder à la formation, au diplôme et exercer ce métier. Il est même expliqué que ce travail n’est pas seulement pour ceux qui ont réussi à l’école. La manière dont les auteurs s’expriment m’a questionné sur les points suivants : est-ce une voie de rattrapage ? Un accès au travail social pour ceux qui n’auraient pas le baccalauréat et qui ne peuvent prétendre à la formation d’éducateur spécialisé en premier lieu ? Quel estime pour la profession de ME ? J’ai été dérangé par ce ressenti plutôt négatif de la vision du métier de ME. De ce fait, la présentation de ce livre comme un guide de savoir être et de savoir-faire me perturbe fortement au regard du ressenti évoqué précédemment, puisque j’ai trouvé les propos des auteurs tranchés et plutôt jugeant.
En parallèle, il est évoqué les qualités, les savoir-faire et les savoir-être qui ne s’acquièrent qu’avec le temps, soit avec la formation et/ou la pratique professionnelle. Cette profession n’est donc pas accessible à tous et à n’importe quelles conditions, dixit les auteurs de ce livre.
Je pense qu’il est important de retenir que les conditions d’accès à la formation permettent en effet, d’ouvrir cette profession à des personnes, ayant ou non un certain niveau d’étude, l’essentiel étant le souhait de se former pour intervenir, accompagner… en mettant la personne au cœur de l’intervention avec la notion de relation de confiance, d’empathie, de non-jugement, qui ne sont pour moi pas assez évoquées dans ce livre.
Moniteur éducateur versus éducateur ?
Les auteurs donnent l’impression de parler bien plus des éducateurs spécialisés que des moniteurs éducateurs, leur livre est bien intitulé « Moniteur Educateur » non ? Et pas « Qu’elle est la différence entre un éducateur spécialisé et un moniteur éducateur ». J’ai eu l’impression que les auteurs alimentaient « une rivalité » entre les deux professions, en soulignant fortement que les responsabilités sont plus importantes pour les éducateurs que les ME. A la lecture, il m’apparaît que les éducateurs semblent être les seuls à avoir des responsabilités administratives et à être en capacité à définir les projets personnalisés des personnes accompagnées.
Il est stipulé par les auteurs que les moniteurs éducateurs n’interviennent que dans le quotidien et cela semble ne pouvoir en être autrement. Tout comme le fait, qu’il est impensable qu’un moniteur éducateur puisse intervenir dans un milieu ouvert, cette tâche ne relève que des compétences d’un éducateur spécialisé. J’ai du mal à entendre cette approche et tends à penser que ce discours vient entériner « les rivalités » entre les deux professions et assoie la hiérarchie de l’éducateur sur le ME.
Il est précisé de manière trop brève qu’il s’agit de travailler en équipe pluriprofessionnelle et non pas dans un système hiérarchique.
Je suis également déstabilisé lors qu’ils disent que les moniteurs éducateurs veulent se faire « savant » dans leurs discours en utilisant, à mauvais escient, des termes qu’ils ne maîtrisent pas. Est ce une tentative pour échanger avec les éducateurs ? Mon questionnement se veut provoquante mais le discours est je trouve surprenant et il ne peut que me faire réagir.
De part mon expérience professionnelle, il m’appartient de retenir qu’il est primordial de ne pas renforcer les clivages qui peuvent exister entre la profession d’éducateur et celle de moniteur éducateur mais de valoriser la richesse et l’importance d’un travail commun dans l’intérêt des accompagnés. En effet, les savoirs faire et savoirs être des deux professions doivent être complémentaires et permettent ainsi de répondre au mieux aux besoins et à l’élaboration du projet personnalisé des résidents.
Moniteur éducateur : un intervenant du quotidien
La partie où GABERAND et PERRARD nous expliquent le déroulement du quotidien et l’importance de la partie animation d’un moniteur éducateur conforte ma vision du métier mais ne m’apparaît pas adaptée pour tous les types de structures dans lesquels on intervient et, par conséquent, pour tous les publics avec lesquels nous travaillons : un quotidien et des animations dans le champ du handicap ou des enfants, n’est pas du tout le même que dans le champ de l’exclusion. Je constate avec regrets que le champ de l’exclusion est peu abordé et rattaché à la profession de moniteur éducateur. Le public CHRS est une population très peu citée dans les discours et dans les exemples de ce livre. Les deux auteurs me donnent l’impression que les moniteurs éducateurs ne travaillent qu’avec les personnes en situation de handicap et les enfants. Les personnes âgées et les personnes en situation exclusion sociale ne sont pas les publics ciblés. Il s’agit pourtant d’une partie importante de notre champ d’intervention.
Je suis interpellé quand il est dit que le moniteur éducateur devient la référence à laquelle le public aimerait s’identifier durant une activité. Comme si le professionnel devenait un modèle pour la personne accompagné. Je pense que, même si le professionnel initie l’activité, il est important voir capital de valoriser les résidents afin qu’il soit au centre de l’intervention. En effet, je pense que le travail autour de l’estime de soi, la revalorisation en s’appuyant sur les capacités permet aux personnes accompagnées de prendre ou reprendre confiance en eux. Je pars du principe, peut-être à tort, que si nous devenons des références auxquelles s’identifient les accueillis, alors on prend le risque de créer un certaine « dépendance » vis-à-vis de nous et cela peut nuire au travail d’autonomie. La notion de distance professionnelle prend alors tous son sens. Nous ne sommes pas des modèles mais des professionnels plaçant l’accompagné au cœur de la situation er visant à rendre le rendre acteur de sa situation.
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