Le Progrès De L'humanité Se Reduit-il Au Progrès Technique ?
Dissertations Gratuits : Le Progrès De L'humanité Se Reduit-il Au Progrès Technique ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 23 Février 2014 • 2 406 Mots (10 Pages) • 2 210 Vues
Le progrès de l’humanité se réduit-il au progrès technique ?
Nous vivons dans un monde où la technique est omniprésente. Depuis l’avènement de la science moderne au XVIIIe siècle, l’Homme n’a cessé de vouloir améliorer les conditions matérielles de son existence et d’aller toujours plus loin dans sa conquête de la Nature. Si bien que nous avons tendance aujourd’hui à caractériser le progrès de l’humanité, i.e. l’évolution de l’ensemble des êtres humains de l’ancien vers le nouveau, par son trait le plus dominant et le plus aisément quantifiable et constatable dans l’Histoire : la technique. Cette dernière est la marque de notre époque : la matérialisation évidente de notre savoir est le symbole de la puissance du modèle culturel occidental. Toutefois l’Homme n’est pas seulement un être qui est en rapport avec la Nature et qui désire connaître ces rapports. C’est également un être historique souhaitant que l’Histoire soit objet de connaissance. Connaître l’Histoire nous permet, en effet, de savoir s’il y a eu progrès dans des domaines ne comportant pas de critères de mesure comparables à ceux du domaine de la technique. Le progrès de l’humanité est donc, certes, un processus d’avancée historique dont l’Homme est lui-même l’origine et la cause, mais nous ne pouvons pas le rendre au seul progrès technique. En effet, même si le progrès de l’humanité sur les plans de la politique et de la morale est, avouons-le, très aléatoire, il pourrait tout de même être rendu aujourd’hui par l’établissement progressif des valeurs communes à l’ensemble des êtres humains, qui permettent une existence plus ou moins harmonieuse par rapport aux siècles passés. L’objectif de notre étude sera donc d’essayer de savoir si les progrès de la technique sont l’alpha et l’oméga du progrès de l’humanité ou bien si le progrès technique n’est une forme accessoire du progrès réalisé par l’Homme et s’il existe, par conséquent, d’autres formes de progrès de l’humanité.
Le progrès technique, qui pourrait être défini d’un point de vue économique comme étant un processus général prodigieux de développement et de perfectionnement des méthodes et des moyens de production destinés à la maîtrise de la Nature par l’Homme, en réduisant de plus en plus l’effort humain, a incontestablement permis aux hommes de mieux vivre dans leur quotidien. Le progrès même du concept de la technique a subi de grandes mutations au cours de l’Histoire. Pendant des millénaires, les grandes découvertes et inventions techniques de l’humanité (le feu, la roue…) furent généralement indépendantes du développement de la connaissance et de la science. Elles suivaient alors le rythme lent de ce qui ne provient pas d’une recherche, mais d’un heureux hasard, et se maintient par la tradition. L’avènement de la science moderne, c’est-à-dire de la connaissance positive et expérimentale, soumise à des critères de vérification qui la rendent objective, dès le début du XVIIème siècle en tant que discipline qui constitue un prolongement de la raison humaine a contribué à la conquête dela Nature par l’Homme dans la mesure où désormais il est capable, non seulement de maîtriser un certain nombre de lois que recèle celle-ci, mais encore de comprendre ce qu’impliquent ces lois dans le domaine des techniques. Progresser techniquement serait donc sans cesse améliorer notre contrôle sur la Nature. Dans la sixième partie de son Discours sur la méthode (1637), Descartes, un des promoteurs de la révolution scientifique du XVIIème siècle, met au jour un projet dont nous sommes tous les héritiers. Il s’agit pour lui de promouvoir une nouvelle conception de la science, de la technique et des rapports qu’elles peuvent entretenir, apte à « nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature ». Descartes inaugure non seulement l’ère du mécanisme, mais également celle du machinisme et, par conséquent, de la domination technicienne du monde. On notera toutefois la nuance de comparaison approximative apportée par l’adverbe « comme ». L’homme n’est pas Dieu, seul digne, selon Descartes, d’être effectivement maître et possesseur de ce qu’il a crée. La science permet uniquement à l’Homme d’agir comme si les forces naturelles, dont il connaît désormais le mécanisme, étaient à son service. La technique, telle que Descartes l’envisage, reste une simulation, une ruse, et les machines auxquelles il pense demeurent de simples machinations. En outre, Descartes limite strictement cette maîtrise de la nature par la considération de l’utilité que les hommes peuvent en retirer pour leur bien-être, leur santé et, en fin de compte, leur sagesse. Le statut de « maîtres et possesseurs de la nature » ne signifie pas pour lui que les hommes ont enfin conquis le droit d’explorer aventureusement les possibilités nouvelles, mais qu’ils ont trouvé le moyen de remédier à leurs maux de toujours. Or, pour de nombreux philosophes contemporains, la technique n’est plus un ensemble de moyens destinés à être utiles à l’homme : elle est devenue une puissance autonome, une fin en soi. En ce sens, Descartes n’est pas, au XVIIème siècle, le prophète de la technique moderne.
Les progrès de la technique et plus particulièrement ceux du machinisme, apparus pour la première fois en Angleterre au début de la première grande Révolution industrielle, on permis des gains de productivité conséquents. D’ailleurs, le titre de « révolution » lui aurait été attribué du fait que son essor fut si prompt et eut de telles conséquences, qu’on a pu le comparer à une révolution, beaucoup de révolutions politiques ayant été, à coup sûr, moins profondes. Adam Smith, économiste classique écossais, en témoigne dans ses célèbres Recherches sur la nature et les causes de la richesse des Nations (1776) où il traitela Révolution industrielle comme un mouvement issu de la division toujours plus poussée du travail, de l’élargissement des marchés et de l’adoption de procédés nouveaux. La division du travail telle que l’a exposée Smith a permis des gains de productivité horaire ainsi que l’établissement d’un ordre social qui prend son origine dans la mise en place d’une hiérarchie sociale et professionnelle au sein de la manufacture et qu’il serait impératif de préserver pour éviter toute révolte. Les gains en terme de productivité permettent une hausse conséquente du niveau de vie économique et social global (moins de famines, moins de maladies, baisse de la mortalité infantile…) qui vient du fait de la diminution de la dépendance de l’Homme vis-à-vis de la Nature grâce à une meilleure maîtrise de son environnement,
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