Consommation et résistances
Cours : Consommation et résistances. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Utilisateur Db • 4 Janvier 2018 • Cours • 5 323 Mots (22 Pages) • 543 Vues
Consommation et résistances
1. Introduction
Qu'est-ce que la résistance du consommateur ?
3 conditions :
- une réaction co-extensive à un pouvoir, une pression ou une influence exercé(e) sur un individu ou un groupe :
a. La résistance est une action (réaction) : on ne résiste pas en pensée (cf. Qualification de la Résistance)
b. La résistance est une réponse à l'exercice d'un pouvoir, d'une pression ou d'une influence : le pouvoir est un "ensemble d'actions sur des actions possibles : il opère sur le champ de possibilités où vient s'inscrire le comportement des sujets agissants : il incite, il induit, il détourne, il facilite ou rend plus difficile, il élargit ou limite, il rend plus ou moins probable ; à la limite, il contraint ou empêche absolument ; mais il est bien toujours une manière d'agir sur des sujets agissants, et ce tant qu'ils agissent ou qu'ils sont susceptibles d'agir. Une action sur des actions" (Foucault, 1982, Le sujet et le pouvoir)
c. La résistance suppose toujours l'existence d'une liberté (se distingue de la domination) :
- la relation de pouvoir et l'insoumission de la liberté ne peuvent donc être séparés (Foucault, 1975)
" quand on définit l'exercice du pouvoir comme un mode d'action sur les actions des autres, quand on les caractérise par le "gouvernement" des hommes les uns par les autres - au sens le plus étendu de ce mot - on y inclut un élément important : la liberté"
- ce pouvoir, pression, influence doit être perçu(e) : pas de résistance sans perception
- ce pouvoir, pression, influence doit être jugé(e) dissonant(e) : pas de résistance si je suis en accord avec ce qui tente de m'influencer. La résistance entraîne des conflits internes entre ce que je crois/aime/préfère/fais/pense (y compris de moi) et ce qu'on tente de me faire croire/aimer/préférer/faire faire/penser...
Résistance, déviance, rébellion, désobéissance
Résistance : état interne qui pousse un individu à réduire la tension ressentie dans une situation de pression ou d'influence où des pratiques, des logiques et des discours marchands sont perçus comme dissonants.
Déviance : ensemble de conduites, de comportements ou d'attitudes qui s'écartent des normes sociales en vigueur, qui les transgressent ou qui les contestent? Considérée comme une menace pesant sur l'intégrité de la société, la déviance fait l'objet d'une réprobation sociale, voire d'une stigmatisation.
Rébellion : action de se révolter contre une autorité, contre l'Etat, contre le pouvoir ou l'ordre établi au moyen de violences et voies de fait exercées contre ceux qui ont offficiellement charge de procéder à l'exécution du pouvoir
Désobéissance civile : refus assumé et public de se soumettre à une loi, un règlement, une organisation ou un pouvoir jugé inique par ceux qui le contestent, tout en faisant de ce refus une arme de combat pacifique (Henry David Thoreau, 1849, la désobéissance civile)
Quel pouvoir ?
De la domination au pouvoir :
- de nombreuses conceptualisaions du pouvoir reposent sur l'idée de domination (de Platon à Marx), càd la capacité d'un acteur à mobiliser à son proit des effets d'asymétrie qui lui permettent d'influencer de façon forte et durable d'autres acteurs
- ces approches impliquent une relation d'assujettissement entre les dominants (ceux qui l'exercent) et les dominés (ceux qui acceptent d'obéir)
Cette vision est hérité d'une vision contractualiste du pouvoir (Rousseau, Le contrat Social et Hobbes, Le Léviathan) qui est d'abord et avant tout celui du politique et de l'Etat (l'homme renonce à une part de sa liberté pour être protégé des autres)
- l'Etat est le seul à disposer du "monopole de la violence légitime" (Max Weber)
La domination
Weber (1922)
- la domination (Herrschaft) "signifie la chance de trouver des personnes déterminables prêtes à obéir à un ordre de contenu déterminé" (comporte un minimum de volonté d'obéir)
- la domination est fondée sur 3 sources
* la tradition (domination traditionnelle) : repose sur la croyance en la sainteté de traditions valables en tous temps et à la légitimité de ceux qui sont appelés à exercer l'autorité
* le charisme (dominiation charismatique) : repose sur la soumission extraordinaire au caractère sacré, à la vertu héroïque ou à la valeur exemplaire d'une personne
* le ddroit et la règle (domination rationnelle-légale = contrat social) : repose sur "la croyance en la valeur rationnelle des règles qui s'imposent à tous, au statut légal de l'autorité et à sa compétence positive"
- le pouvoir par domination est vertical, répressif, substantialiste (on dit "avoir" du pouvoir), et structural (il réifié dans les institutions et dans la notion de classe)
Le pouvoir et ses modes d'exercice
- Gramsci (1926-1934, Lettres de prison) suggère que le pouvoir s'exerce principalement par le biais d'une hégémonie culturelle de la classe dominante qui lui assure l'affaiblissement des oppositions et le renforcement du consensus
- cette hégémonie consiste à s'appuyer sur l'école, l'église, les partis, les organisations professionnelles ou scientifiques, la communication de masse pour diffuser et renforcer des valeurs considérées comme "allant de soi"
- Althusser (1970, Idéologie et appareils idéologiques d'Etat) dévoile que la nature de ce qui fait fonctionner le pouvoir ce sont ces "appareils idéologiques d'Etat" (religieux, éducatifs, juridiques, familiaux, informationnels)
- les AIE possèdent une dimension coercitive qui s'exprime par le dressage, la sanction ou l'exclusion des individus déviants, mais ils déploient aussi une forme de domination idéologique plus subtile contenue dans l'éducation, les normes, la prescription des conduites désirées ou rejetées
Pouvoir par pression et pouvoir par légitimation
Bourgeois et Nizet (1995) reprennent l'idée de 2 modes d'exercice du pouvoir (de type coercition versus hégémonie ou idéologie) :
- pression : "signifie qu'un acteur A, en agitant une menace parvient à faire faire à B des choses contre sa volonté". Son fondement est la dépenadnce, sa stratégie la menac. Voltaire : "le pouvoir, c'est la possibilité de faire faire à d'autres ce qui me plaît"
- légitimation : "signifie qu'un acteur A parvient à changer la volonté de B, à le faire acquiscer ou adhérer à ses propres volontés".
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