POURQUOI ET COMMENT INCRIMINER LA PROVOCATION?
TD : POURQUOI ET COMMENT INCRIMINER LA PROVOCATION?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar mrdb • 7 Avril 2016 • TD • 4 581 Mots (19 Pages) • 1 009 Vues
LA PROVOCATION
POURQUOI ET COMMENT INCRIMINER LA PROVOCATION?
INTRODUCTION:
Cest au 12 ème siècle quapparaît la notion de provocation à travers le latin provocare.
Le droit pénal, fondé sur le libre arbitre soppose à ce que la moindre sollicitation engage la responsabilité pénale de son auteur.
De même, toute exhortation à commettre une infraction nest pas génératrice dimpunité pour le délinquant.
En matière de provocation le législateur est donc confronté à un problème: jusquoù peut-il laisser dire, écrire ou communiquer des choses susceptibles de pousser à la réalisation dune infraction?
Dun point de vue juridique, la provocation peut être envisagée soit en tant que résultat soit en tant que procédé.
En effet, le dictionnaire de la langue française la définit tantôt par « laction de provoquer » désignant ainsi un procédé personnifié par le comportement du provocateur lui-même, tantôt comme « le fait dêtre provoqué »: il sagira ici du résultat obtenu par le comportement provocateur.
La provocation pourrait se définir comme « laction intentionnelle par laquelle une personne, par tout moyen légalement admis, entend influencer la raison dautrui en vue dy établir les conditions les plus favorables à la commission dun agissement attentatoire à une valeur protégée ».
Selon F. DEFFERRARD « elle vise à semparer de la volonté du provoqué pour y substituer une autre ( celle du provocateur) pendant un temps plus ou moins long dans lespoir quelle conduira à un agissement condamnable. »
Pour autant, même si il existe une « relation contraignante » entre le provocateur et le provoqué il ne faut pas assimiler la provocation à la contrainte morale: en effet, linfluence que peut avoir le provocateur sur le provoqué ne prive pas pour autant ce dernier de sa volonté.
Comme le souligne J. DUPUY: « La provocation nintimide pas, elle stimule ».
Laction quaccomplit le destinataire de la provocation est toujours le résultat dune détermination personnelle et consciente même si elle est faite sous linfluence du provocateur. Par conséquent, le provoqué pourra voir sa responsabilité pénale engagée puisque le plus souvent il fait sienne la résolution exprimée du provocateur.
Dans notre ancien code pénal existait lexcuse de provocation qui était une cause légale datténuation de la peine. Celle-ci était accordée à celui qui répondait aussitôt à linfraction dont il était victime par une infraction aux dépens de lauteur de la première , peu importait que sa réaction soit proportionnée ou non à la gravité de la menace initiale.
Cette excuse de provocation a aujourdhui disparue en droit criminel mais il faut noter que le juge peut encore tenir compte du comportement provocateur au moment de choisir le quantum de la peine.
La notion de provocation est à rapprocher de celle dinstigation qui peut se définir comme le fait dinspirer à autrui un acte en général délictueux ou de le pousser à accomplir un acte grave.
On voit donc bien ici, à travers la définition qui en est faite, pourquoi il convient de réprimer la provocation.
En effet, le but rechercher par le provocateur est de pousser autrui à commettre une infraction: il convient donc de réprimer létat dangereux dont celui-ci est lincarnation et de protéger à la fois lordre social et les valeurs sociales face à un comportement dangereux.
Cest parce que les comportements de provocation jouent un rôle important dans le processus criminogène que le droit pénal les prend en considération.
Le droit pénal va donc incriminer la provocation de deux façons: soit au titre de la complicité (I) soit en tant que délits autonomes (II);
Cependant, la volonté du législateur de prévenir toujours plus en amont nest pas sans risque notamment du point de vue des libertés individuelles.
Si cest encore les notions de risque et de prévention qui justifient la répression dun tel comportement on peut se demander jusquoù il est possible daller: quelles sont les limites à ne pas dépasser pour préserver lordre social, lintérêt général tout en garantissant lexercice des libertés individuelles? A partir de quel moment y a-t-il provocation?
I°) LA REPRESSSION DE LA PROVOCATION PAR LE BIAIS DE LA COMPLICITE:
La provocation est lun des modes de complicité envisagé par larticle 121-7 du code pénal.
Cependant, lincrimination de la provocation dun tiers à commettre une infraction nest possible que sous certaines conditions (A) ce qui par conséquent rend la répression assez limitée et donc insatisfaisante ( B).
A°) LES CONDITIONS DE MISE EN UVRE DE LA REPRESSION:
Pour que lagissement de provocation soit retenu comme mode de complicité il faut tout dabord quil existe une relation causale directe et certaine entre la provocation et linfraction.
Dautres conditions sont également indispensables pour retenir la complicité par provocation.
1) Exigence dun lien causal certain et direct:
Lexigence dun lien causal apparaît comme la condition dengagement de la responsabilité pénale: celui-ci doit donc être certain et direct.
Lorsque la provocation est envisagée comme un mode de complicité il sagit dune infraction matérielle car, nous le verrons plus tard, un résultat est indispensable.
Dans ce cas, la causalité matérielle repose sur la théorie de léquivalence des conditions: il convient de se demander si laction illicite ou immorale aurait eu lieu si son auteur navait pas été provoqué.
La provocation est ici considérée comme la condition sine qua non du résultat.
Mais en plus dêtre certain le lien causal doit être précis et direct.
Si dans les textes relatifs à la complicité on ne trouve pas les termes « direct » ou « directement » la doctrine et la jurisprudence saccordent pour considérer le caractère direct de la relation causale en matière de complicité.
Dans un arrêt du 28 mars 1955, la chambre criminelle a rappelé que pour être punissable la provocation doit être directe et précise « cest-à-dire quil y ait une relation incontestable entre le fait de la provocation et les crimes ou délits auxquels elle se rattache par un lien étroit ».
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