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La Maltraitance Dans Les Soins

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Par   •  26 Août 2014  •  1 586 Mots (7 Pages)  •  1 412 Vues

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Situation

Le service de chirurgie orthopédique et traumatologique du Centre Hospitalier de Blois accueille des personnes de tout âge pour diverses fractures ou pour des opérations programmées suite à des pathologies ostéo-articulaires.

Le service est divisé en trois secteurs infirmiers le matin. Je me trouve dans le secteur septique où l'on trouve les personnes venant suite à un accident de la voie publique, une sepsie sur une prothèse ou toutes personnes demandant des précautions complémentaire.

Depuis quelques jours, Monsieur V., 82 ans a été transféré dans cette aile à cause de son agitation et ses cris. Il est rentré pour une fracture du fémur droit et du coude gauche suite à une chute dans le tourniquet de la porte d'entrée d'une grande surface deux semaines auparavant. Sa fracture du fémur a été réduite par un clou gamma et il a été posé un plâtre Brachio Anté-Brachio Palmaire pour son coude.

Nous savons qu'à son entrée, cet homme vivait seul à domicile. Il était autonome. Il a trois enfants : deux garçons qui vivent dans la région et une fille vivant dans la région bordelaise. Les aides-soignantes ont remarqué un manque d'hygiène et un probable éthylisme chronique.

A ce jour, il est totalement dépendant. Son état général s'est dégradé très rapidement. Depuis l'opération, il est perturbé. Même après la levée de l'anesthésie, les symptômes persistent : agitation, perte de cohérence, aphasie, inversion des rythmes nycthéméraux, cris... Dans les jours suivants, l'état cutané se détériore malgré les préventions d'escarres, les changements de position et le matelas autologique. Il perd la capacité de déglutition, ne dort presque jamais et les cris ne s'arrêtent pratiquement plus. Au point de ponction de la perfusion, nous constatons les signes d'une inflammation : le bras est chaud, œdémacié.

L'agitation est contenue par des thérapeutiques et une contention physique afin qu'il évite d'arracher les sondes et perfusions ainsi que de blesser un soignant avec le BABP.

Suite à son problème de déglutition, aux nombreuses fausses routes en découlant et à une déshydratation, le médecin a prescrit la pose d'une sonde naso-gastrique. Elle servira pour l'alimentation parentérale, la réhydratation ainsi qu'à l'administration des traitements.

L'infirmière du secteur prépare le matériel elle-même et m'explique le protocole de pose d'une sonde naso-gastrique.

Nous frappons avant d'entrer dans la chambre. Ses poignets sont entravés par les bracelets de contention. Nous le réinstallons dans son lit puisqu'il a glissé au fond de celui-ci. Nous lui expliquons la raison de notre venue et comment cela allait se dérouler. Nous nous installons autour de lui et commençons.

L'infirmière glisse la sonde dans une narine. De suite, Mr V. s'agite. Il secoue la tête et crie. Lorsqu'il revient au calme, l'infirmière profite qu'il avale sa salive pour tenter de passer le carrefour aéro-oesophagien. A nouveau, le patient se débat. Ses mouvements risquent d'arracher la sonde. C'est pourquoi l'infirmière bloque ceux-ci en prenant la tête entre ses deux mains et essaie d'établir un contact avec le patient. Dès qu'il s'apaise, elle le relâche et me demande de prendre sa place. Je mets mes mains comme elle me demande malgré mes réticences. Elle reprend sa progression malgré les protestations très virulentes de Mr V. Une résistance survient. L'infirmière retire un peu la sonde avant de recommencer la manœuvre. Cette fois-ci , nous voyons la sonde ressortir par la cavité buccale. Elle la retire partiellement. Mr V. fait alors un mouvement brusque de la tête et finit de l'arracher. Une seconde sonde est utilisée. Le résultat n'est pas plus concluant. Entre mes mains, je sens le patient forcer pour se libérer.

L'infirmière décide de passer le relais à une collègue et moi, de ne pas assister à ce nouvel essai.

La veille de cette situation, les mots « fin de vie » ont été prononcés pour la première fois par un médecin. Deux jours après, ces mots sont apposés dans le dossier médical. La famille est consultée et prend la décision de ne pas s'acharner sur leur père. L'équipe mobile gériatrique dont l'aide avait été requise pour ce patient laissera place à l'équipe mobile de soins palliatifs.

Le décès de Mr V. surviendra seulement quelques jours après cette épisode.

La situation que je décris m'a profondément bouleversée. Lorsque nous en avons parlé avec l'infirmière, elle a mentionné le besoin des soignants de faire quelque chose pour soigner les patients. C'est cette même volonté qui m'animait lorsque j'ai aidé l'infirmière.

Cette envie m'a interrogée, est-ce que ça signifiait faire ce qui était le mieux dans l'intérêt du patient ? Mes réflexions m'ont amené aux droits des patients en fin de vie ainsi que sur le cadre permettant aux soignants de ne pas glisser vers la maltraitance soignante.

Quelque soit le contexte de soins, le concept de dignité de la personne

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