Courants culturels européens
Cours : Courants culturels européens. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Marie-Ange Gs • 11 Octobre 2015 • Cours • 17 546 Mots (71 Pages) • 870 Vues
GRANDS COURANTS DE LA CULTURE EUROPEENNE |
Existe-il une culture européenne ? Les congressistes du Congrès de La Haye en 1948 souhaitaient, dans un le contexte particulier de la fin de la 2ème GM, construire une Europe comme lieu de paix, et de fonder sur la culture de l’Europe une Europe de la culture.
Dans ce domaine, à plus de 60 ans de distance, le vœux semble à peu près réalisé, si l’on en juge du moins du nombre sans cesse croissant des interventions des « experts », de l’UE dans le cadre des politiques culturelles européennes (ex : Marseille comme capitale européenne de la culture en 2013), visant à promouvoir une politique culturelle européenne à travers plusieurs aspects, qui peuvent être :
- commerciaux (échange d’œuvres d’art),
- l’aide à la traduction des textes,
- le soutien de l’Europe aux industries de la culture,
- la mise en place de programmes destinés à faciliter la mobilité dans les universités européennes ERASMUS, SOCRATES,
- la réforme des études universitaires (système LMD).
La culture européenne est souvent mise en avant (forums, blogs, radio, TV…), mais sans véritablement s’interroger sur ce qu’est la culture.
Qu’entend-on par le mot culture ?
Entend-on, comme dans la tradition anglo-germanique, les façons d’être, les goûts, les comportements, modes de vie de certains groupes sociaux ?
Ou doit-on entendre, dans une acception plus latine et française du mot par culture un ensemble de valeurs universelles généralisables et exportables, qui favoriserait le mot de « civilisation européenne ».
Le mot de « civilisation » nait au XVIIIème s, notamment par le marquis de Mirabeau, au sens de polissement des mœurs.
La culture, dont se réclament les officiels de la Commission Européenne, tente en fait de marier ces 2 conceptions de la culture. Quelles que soient les mérites des politiques culturelles, de quelle manière mettre en avant une culture commune de l’Europe, d’autant plus qu’aujourd’hui, dans le « basic langage » (l’anglais étant devenu le « lingua franca », après le latin puis le français, aujourd’hui le mot de gouvernance est par ex partout.). La culture comprend plusieurs acceptions ?
Dans cet esprit, la fonction principale de la culture, au niveau de l’Europe, devient la fabrication d’un consensus pour arriver à une société européenne de la connaissance (Ce consensus➔convaincre : vaincre les sots, mais aussi avec eux (vincerere con)).
Fabriquer un consensus était l’ambition 1ère, et avouée, des experts européens. En 1988, à Stuttgart, le congrès de l’espace culturel européen s’est déroulé 1 an après la chute du mur de Berlin. Une phrase du compte rendu de ce congrès rend compte de la future construction culturelle européenne :
« il n’est pas d’ambition politiue qui ne soit précédée d’une conquête des esprits. C’est à la culture qu’il revient d’imposer le sentiment d’une unité, d’une solidarité européenne ».
On assigne ici à la culture une fonction majeure : la conquête des esprits, qui ne serait pas éloignée de la vision de Malraux de la culture. La conquête des esprits veut en fait imposer le sentiment d’une unité, solidarité européenne.
- La culture a donc une grande mission assignée par les fondateurs de l’Europe.
L’euro culture, -culture promue par les experts en gouvernance comme fondement de la société européenne- est en fait une réduction, voire une mutilation de la vraie culture européenne.
Dans la manière dont était conçue cette euroculture, elle devait être un moyen de légitimation de l’unification du continent européen, surtout d’un point de vue économique, mais aussi politique.
Pourquoi ?
Sous couvert de vanter la diversité du patrimoine culturel des pays européens, elle vise en fait à niveler les différences, en surreprésentant en quelque sorte la part occidentale de cette culture, c’est-à-dire la part la + adaptée et la + adaptable aux besoins du marché, et notamment le marché commun de l’époque.
En 1944-45, l’historien italien de l’université de Milan, Frederico Chabot a dispensé le 1er cours d’histoire de l’Europe, à un moment où celle-ci était en train de se déchirer. Il réfléchissait sur le rôle de l’Histoire, et définissait sa méthode historique.
C’est un dilemme auquel sont confrontés tous les historiens, encore aujourd’hui. En effet, l’histoire et une science humaine, et l’historien cherche à interroger le passé pour trouver des réponses, qui peuvent être différentes entre les chercheurs.
En fait, aucun problème historique n’est jamais clôt ni résolu : il peut y avoir des progrès dans la connaissance, des remises en cause. L’histoire est en fait sans cesse recommencée.
Le choix d’un historien de porter son attention sur tel ou tel sujet, événement, période, personnage, à tel ou tel moment est en fait ce que Chabot appelle « l’éternel moment subjectif de la recherche historique », sans lequel l’Histoire ne serait plus qu’une chronique des faits, et une recherche érudite simple qui ne dirait plus rien à personne.
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