La pratique du libre échange en Afrique
Dissertation : La pratique du libre échange en Afrique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Bgaultie • 5 Décembre 2019 • Dissertation • 2 178 Mots (9 Pages) • 437 Vues
Le libre échange en Afrique
L’intégration régionale en Afrique « a été envisagée à l’origine comme une expression internationale de l’économie de marché, un transfert des mécanismes économiques nationaux sur une échelle élargie « pour reprendre les mots de Ochozias A.Gbaguidi. Aujourd’hui seulement 15 % du commerce des Etats africains se fait entre eux, ce chiffre atteint 60 % en Europe. L’intégration régionale en Afrique offre un formidable trompe l'oeil. 8 communautés économiques régionales semblent rythmer la vie économique du Continent depuis plusieurs décennies. Pourtant aujourd’hui encore l’Afrique ne représente que 3 % du PIB mondial, ce qui pose irrémédiablement la question de l’efficacité de cette intégration régionale. Nous nous demanderons donc dans quelle mesure la construction politique de la Zone de Libre Echange continentale est passé d’une construction uniquement politique à des objectifs purement économiques ? A cette fin nous rappellerons le phénomène d’institutionnalisation du panafricanisme (I)puis nous nous intéresserons à la multiplication des communautés économiques régionales ( CER)(II) et notamment le rôle de précurseur de la ZLEC (III)
Dans les années 1960, lorsque la majorité des colonies africaines eurent acquis leurs indépendance, l’idée de créer des “Etats-Unis d’Afrique” s’est longuement posée. L’idée était porté par des figures emblématiques à l’image de Kwayne Nkrumah ou bien l’Empereur Hailé Sélassié. Ces aspirations d’abord politiques considéraient l’union économique sous forme de marchés communs comme la fin et non le moyen. Cela sous entendait que l’union se ferait d’abord dans un objectif politique avant de remplir des fonctions économiques. Malheureusement ce sont bien les dissensions politiques qui ont eu raison de ces aspirations panafricaine. En effet qu’il s’agisse de l’union Guinée-Ghana puis Guinée-Ghana-Mali, toutes ces tentatives ont été vite avortées. Néanmoins, après de nombreuses tergiversations l’OUA ( organisation de l’union africaine ) est créée en 1963 à Addis Abeba. Elle inscrit dans sa charte l’idée d’une coopération économique continentale
L’ OUA a toujours considéré l’intégration économique comme la condition sine qua none à un développement global du continent. Dans un premier temps ces déclarations se sont bornées à des déclaration de principes. A Alger en 1968 puis à Addis-Abeba en 1970 et 1973, les pays membres ont manifesté un intérêt commun pour ce marché commun africain. Toutefois, les premières prises de position fortes ont lieu lors de la déclaration de Monrovia à travers la résolution adoptée en 1979 par les chefs d’Etats, il est convenu dans les articles 5 et 6 de la Monrovia Declaration of Commitment of the Heads of State and Government, of the Organization of African Unity on Guidelines and Measures for National and Collective Self-Reliance in Social and Economic Development for the Establishment of a New International Economic Order
5. We hold firmly to the view that these commitments will lead to the creation at the national, sub-regional and regional levels of a dynamic inter-dependent African economy and will thereby pave the way for the eventual establishment of an African Common Market leading to an African Economic Community,
6. Resolving to give special attention to the discussion of economic issues at each annual Session of our Assembly, we hereby call on the Administrative Secretary-General, in collaboration with the Executive Secretary-General of the United Nations Economic Commission for Africa, to draw up annually specific programmes and measures for economic co-operation on subregional, regional and continental basis in Africa.
Cette orientation vers une mise en place effective se voit confirmée par le plan d’action de Lagos qui marque l’apogée de la politique d’indépendance économique des états africains. En 1980, les Etats de l’OUA prennent une séries de mesures avec pour échéance le début du XXIème siècle. Ces décisions visent “ « l’autosuffisance nationale et collective dans le domaine économique et social, en vue de l’instauration d’un nouvel ordre économique international ».
Si les différentes mesures en faveur d’un décollage industriel ne seront pas mises en place, en raison notamment des réticences du FMI. Là où les politiques avaient pensé un développement s’appuyant sur les forces endogènes du continent, l’instance internationale viendra imposer l’augmentation des exportations.
Toutefois, le projet d’une zone de libre échange africaine ne fut pas abandonné et aboutira aux premières décisions concrètes lors du sommet d’Abuja en 1991.
C’est lors du 27ème congrès de l’organisation que les 51 pays membres de l’OUA signent le traité constitutif de la Communauté économique africaine. Ce traité, qui se voit intégré à la charte de l’OUA, couronne onze année de négociations. Conscients de la difficulté de l’entreprise, les signataires se sont fixés une période de transition de 34 ans au maximum, en six étapes.
L’article 6 décrit ces étapes qui doivent permettrent de passer de “ la création de nouvelles communautés là où il n’en existe pas” (première étape ) au “ parachèvement de la création d’un Fonds monétaire Africain, création d’une Banque Centrale Africaine unique ainsi que d’une monnaie africaine unique “ .
Le traité s’appuie sur les communautés régionales existantes et insiste sur la nécessité d’en créer de nouvelles.
Aujourd’hui on compte 8 communautés régionales qui se superposent souvent entre elles. Si leur présence a permis indéniablement de réaliser les premiers actes l’intégration continentale, leurs problèmes de fonctionnement peuvent être perçus comme autant de jurisprudences à l’aube de la zone de libre échange continentale. Il convient de noter que plusieures de ces zones ne sont pas ou peu active. nous citerons l’exemple de l’Union du Maghreb Arabe qui n’a plus tenu de réunion avec l’ensemble des chefs des exécutifs depuis 1992.
Malgré ces nombreuses zones économiques régionales, le commerce intra- africain demeure particulièrement faible. En 2017 le commerce intra-africain se situait sous la barre des 15 % du volume total des échanges commerciaux du Continent. A titre de comparaison, en Europe 60 % du commerce se fait entre les pays de la zone. Ce pourcentage extrêmement bas rend vulnérable le Continent aux chocs économiques extérieurs en raison du volume d’importation. Le retard pris en terme d'industrialisation, n’a pas permis au continent de remonter la chaîne de valeur. Or, la part de l’industrie dans le produit intérieur brut est souvent scrutée car synonyme de productivité accrue dans les autres secteurs.Selon un rapport de la Banque africaine de développement (BAD) publié en avril dernier, en moyenne, l'industrie génère 700 dollars du produit intérieur brut (PIB) par habitant en Afrique, soit moins d'un tiers du rendement en Amérique latine (2 500 dollars du PIB par habitant) et à peine un cinquième de celui de l'Asie de l'Est (3 400 dollars du PIB par habitant)
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