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L'economie Du Marché

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Par   •  5 Décembre 2014  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 781 Mots (8 Pages)  •  696 Vues

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Le Figaro, en son numéro du 24 mars 2006, a ouvert ses colonnes au sociologue Alain Touraine réputé par ses opinions ani-libérales (comme celles d’ailleurs de sa fille militante au P.S.).

« La domination du capitalisme, écrit-il, empêche toute véritable démocratie. Seul l’Etat, appuyé sur un secteur public puissant, peut faire reculer la domination de l’argent ».

Et, s’appuyant sur les révoltes sociales en cours, il affirme que « ces propos ne sont pas ceux d’un petit nombre. Ils sont répétés surtout depuis la victoire du non au référendum du 29 mai sur la Constitution européenne, quotidiennement et massivement ».

Il est évident que ce type d’affirmation nourrit la rébellion des jeunes et les interventions provocatrices de la gauche parlementaire tout entière. Les accents victorieux des « nonistes » se répandent dangereusement dans l’opinion publique. La gauche modérée penche sans discernement vers ses extrêmes.

. La France réfractaire à l’économie de marché

ACTE II

Dans le Figaro Economie en date du 25 mars, lendemain de l’article de Touraine, on lit le commentaire de Pierre-Yves Dugua d’un sondage effectué par l’international GlobalScan pour le compte de l’université du Maryland[1]. Son article débute par ces propos sévères à l’endroit de la France : « On ne peut trouver au monde citoyens plus réfractaires à l’économie de marché et la libre entreprise que les Français. Ainsi, 36% seulement des sondés dans l’Hexagone estiment que l’économie de marché, c’est-à-dire ouverte à la mondialisation, constitue le meilleur système pour l’avenir. Par comparaison, 65% des Allemands, 71% des Américains, 74% des Chinois et même 56% des Keynians sont d’accord avec cette affirmation. Ce n’est pas nouveau, la France, plus que ses partenaires, redoute l’ouverture de ses frontières à la concurrence économique et sociale. Un précédent sondage réalisé l’an dernier par le German Marshall Fund a fait apparaître que 74% des Français reprochent à la libéralisation des échanges de ‘réduire le nombre d’emplois’. La proportion n’était que de 59% chez nos voisins allemands, pourtant aussi durement frappés par les délocalisations et un taux de chômage élevé. L’étude de l’université du Maryland souligne l’ampleur du décalage entre la France et le reste du monde. Avec une proportion de 50% des réponses données, la France est le seul des pays sondés dans lequel une majorité de l’opinion rejette l’économie de marché comme le fondement de la croissance à venir (…). En matière de protection des droits des travailleurs, les Français sont nettement plus intransigeants que leurs collègues allemands : 79% d’entre eux réclament plus de réglementation pour encadrer les grandes entreprises. Seulement 55% sont de cet avis en Allemagne. Tous pays confondus, WorldPublicOpinion.org observe par ailleurs que l’économie de marché reste très populaire auprès des personnes les plus pauvres (59%). Le libéralisme dominant de l’opinion en Inde, en Indonésie, au Kenya, au Nigeria peut faire réfléchir les altermondialistes européens.

. Les sources actuelles et les représentants d’une culture anticapitaliste

ACTE III

Citant Bernard Poulet[2], Philippe Raynaud, professeur en science politique à Paris II, fait remarquer, dans un livre récent[3], < que la puissance relative de l’« extrême gauche » en France, avec ses frontières imprécises, n’aurait pas en elle-même une importance très considérable, si elle n’allait pas de pair avec ce fait notable : la permanence et la vitalité, dans la France d’aujourd’hui, d’une culture anticapitaliste ou même « antilibérale », que l’on croyait plus affaiblie après la fin des régimes communistes européens et le ralliement de fait des socialistes à l’économie de marché[4]. La vitalité de cette culture se manifeste d’abord par le considérable succès de livres (L’horreur économique de Viviane Forester, La Misère du monde de Pierre Bourdieu, Les Nouveaux Chiens de garde de Serge Halimi) ou de périodiques (Les Incorruptibles, Le Monde diplomatique) dont le principal propos est de dénoncer le « libéralisme » ou « la pensée unique », mais elle est également à l’origine de l’importance qu’ont pris en France les mouvements « altermondialistes » dont certaines figures comme José Bovéjouissent d’une réelle popularité, très au-delà des milieux les plus militants. Minoritaire, cette culture n’en est pas moins à certains égards légitime, comme le montre la faveur dont elle jouit jusque dans des médias « généralistes » et même, pour certains, populaires[5]. Sa légitimité, sinon son influence, provient de sa capacité à présenter sous une forme incandescente et violemment polémique des thèmes ou des thèses très largement répandus au-delà de ses cercles militants, qu’il s’agisse de politique internationale (hostilité aux Etats-Unis et à Israël, renforcée par la « démonisation » de « Bush-Sharon », critique des institutions financières de la mondialisation ), ou encore de questions de mœurs ou de société (immigration, lutte contre le racisme, défense des sans-papiers, promotion des minorités sexuelles, etc.) ; elle s’inscrit parfaitement dans un contexte marqué, quelle que soit l’équipe au pouvoir, par une méfiance générale à l’égard du « libéralisme » – bruyamment refusé à gauche et très mal assumé à droite – qui est un des aspects les plus singuliers de la politique française[6].

Le lieu naturel de la production radicale

Ce lieu se trouve évidemment dans les sciences sociales, et singulièrement, dans la sociologie et dans la science politique qui sont nées l’une et l’autre de l’expérience de l’écart entre les représentations égalitaires qui structurent l’imaginaire des sociétés modernes et la réalité de l’inégalité sociale ou politique. C’est ce qui explique, par exemple, l’extraordinaire succès de l’œuvre de Pierre Bourdieu, qui se présentait comme une synthèse entre la science et les luttes sociales, capable de reprendre les valeurs « républicaines » tout en évitant d’apparaître comme naïvement démocrate ou universaliste, et dont les disciples continuent d ‘alimenter la critique

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