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Introduction à l'économie

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Par   •  9 Juin 2020  •  Cours  •  2 347 Mots (10 Pages)  •  408 Vues

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Trop souvent les cours d’économie et d’histoire économique commencent avec les auteurs des XVIIème (A. de Montchrestien, Boisguilbert, J. Bodin, G. Botero, W. Petty, J. Law, J.-B. Colbert, etc.), XVIIIème (A. Smith, Dr Quesnay, Vauban, J. Necker, etc.) et XIXème siècles (S. Mill, D. Ricardo, R. Malthus, J.-B. Say, K. Marx, G. de Molinari, etc.). Certains manuels évoquent bien quelques "lois" économiques identifiées par des auteurs plus ou moins anciens (la valeur d’usage d’un bien par Aristote et d’autres dans l’Antiquité, le traité sur la monnaie de Nicolas Oresme au XIVème siècle, etc.), mais trop peu montrent l’ancienneté de l’économie comme discipline humaine. Nous allons donc tenter de voir cette longue histoire de l’économie (I) avant d’évoquer les grands auteurs modernes (II).

I. La longue histoire de la discipline économique

Sur le plan étymologique, le mot économie vient du grec oikonomia qui est dérivé du verbe oikonoméô composé de oikos, maison-domaine, puis ce qui y est adjoint (animaux, champs, outils, esclaves), et de némô, distribuer, partager, puis administrer et gouverner. Sur le plan épistémologique, deux œuvres doivent être considérées comme inaugurant la discipline économique : l’Economique de Xénophon écrit dans la première moitié du IVème siècle avant J.-C. et les Economiques du pseudo-Aristote ou du moins des auteurs des IVème et IIIème siècles avant J.-C. que l’on rassemble sous ce nom. Plus précisément, le premier de ces ouvrages se présente sous la forme suivante : le célèbre Socrate apparaît comme un professeur, lorsqu’il s’agit dans un premier temps de définir avec un certain Critobule l’économie et d’en dégager les principes, puis il devient élève recevant l’enseignement d’un spécialiste nommé Ischomaque, lorsqu’il est question de la pratique économique. L’économie est ainsi la mise en application d’un savoir dont les fins sont pratiques, comme l’est celui « du médecin, du forgeron, et du charpentier » ; c’est l’art (téchnè) dont l’objet est « de bien administrer son patrimoine domestique (oikos) ». D’ailleurs, aux Vème et IVème siècles avant J.-C., le mot oikonomos (économe) désigne couramment celui ou celle qui administre sa maison et ses biens, ou ceux d’autrui. Ceci étant, Xénophon a une conception très large de la discipline économique qui englobe alors aussi la vie de famille et le "management" des esclaves et employés de l’oikos. En effet, il définit la « maison-domaine » comme l’ensemble des biens, et, comme l’ont remarqué plusieurs traducteurs, il le fait en jouant sur les mots chrémata, biens dont on jouit, et ktémata, possessions, capital. Ainsi, il faut comprendre que tout ce que l’on maîtrise, choses, femmes, enfants, argent, ennemis, et jusqu’à soi-même à travers les passions, constituent des biens si l’on sait en faire bon usage ; et donc que toutes ces « possessions » sont objets du savoir économique.

De manière comparable, le pseudo-Aristote affirme que l’objet de l’économique est « la fondation d’une famille et la façon d’en assurer le fonctionnement » dans l’oikos, lieu du bonheur familial. Si des parallèles peuvent donc être établis avec l’ouvrage d’Aristote intitulé Politiques – notamment sur la question des rapports entre maîtres et esclaves –, il y a de sérieux doutes quant à l’authenticité d’un travail d’ensemble du célèbre philosophe. En effet, le tome II présente différentes espèces d’économie – domestique, citadine, provinciale, royale –, qui n’apparaissent pas au tome I, comme d’ailleurs dans le reste des écrits du véritable Aristote ; les historiens pensent donc qu’il s’agit d’un ouvrage rédigé en partie par ses élèves plus ou moins après sa mort, et en partie par les philosophes qui lui ont succédé au siècle suivant. Quoiqu’il en soit, on remarque que le mot économie s’applique dorénavant à l’administration d’un territoire de plus en plus grand.

Par la suite, le mot a failli disparaître. Au Ier siècle avant J.-C., les Romains l’ont bien transcrit en latin (oiconomia, economia) à l’occasion de la traduction des ouvrages grecs, mais, lorsqu’ils rédigeaient leurs propres œuvres sur la gestion des domaines et territoires, ils utilisaient d’autres expressions ou termes tels De agri cultura (de la culture des terres), procurare-procurator (procurer-administrer, administrateur) ou dispensatio-dispensare (dispense, disposer-organiser).

En fait c’est principalement grâce à la Bible que le mot nous est parvenu. D’une part l’Ancien Testament a été traduit de l’hébreu au grec sur ordre d’un pharaon au IIIème siècle avant J.-C. où les mots oikonomia et oikonomos apparaissent plusieurs fois. D’autre part et surtout, les Evangiles ont été rédigés initialement en grec (même si Jésus s’exprimait en araméen), or, à plusieurs reprises, les mots oikonomia et oikonomos sont utilisés pour exprimer l’administration de la création et/ou du salut par Dieu, Jésus (voir surtout la parabole des talents Luc 16) et, à leur suite, l’Eglise. Les théologiens ont ensuite naturellement repris ces mots dans ce sens religieux, en les traduisant eux aussi parfois en latin lorsqu’ils écrivaient en cette langue. On remarque donc que l’économie a très tôt désigné l’administration de la planète entière, même si cette mondialisation n’était alors que spirituelle.

Tout au long du Moyen Age, les mots économie et économe, en latin et parfois en français à partir du XIIIème siècle, ont commencé à être utilisés ici ou là dans un sens profane pour désigner, comme durant l’Antiquité, l’administration et l’intendant d’une maison ou d’un domaine plus ou moins grand (monastère, seigneurie). Cependant, l’économie ne désigne plus une discipline, un domaine de savoir à la fois théorique et pratique ; par exemple, lorsque les hommes du Moyen Age rédigeaient des ouvrages sur la bonne gestion de la maison, ils utilisaient le mot mesnagier qui a donné en français le mot ménage et en anglais le mot management. Il faut attendre le XVIIème siècle pour voir le mot économie désigner à nouveau la discipline de la gestion des richesses, principalement avec l’ouvrage d’Antoine de Montchrestien intitulé De l’économie politique (que lui-même définit encore comme la « ménagerie publique »). D’autres le suivront en France, mais aussi en Italie, en Espagne, en Angleterre et en Allemagne.

II. Les grands économistes de l’ère moderne et contemporaine

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