En Quoi "Les Visions mécanistes Simples De L'organisation" Sont-elles Toujours D'actualité Au 21ème Siècle ?
Note de Recherches : En Quoi "Les Visions mécanistes Simples De L'organisation" Sont-elles Toujours D'actualité Au 21ème Siècle ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar jackyl • 1 Mai 2015 • 2 227 Mots (9 Pages) • 1 037 Vues
En quoi les « visions mécanistes simples de l’organisation » sont-elles toujours d’actualité au 21ème siècle ?
Intro :
Les premières théories organisationnelles reposaient sur une démarche simple et uniforme, dont les seules finalités se résumaient à l’optimisation, la rentabilité et la réduction des pertes. Dans ces modèles, le travailleur était considéré comme un corps désincarné et répétait continuellement la même tâche, le plus vite possible et sans réfléchir.
C’est à Frederick Taylor, ingénieur mécanique américain, par ailleurs considéré comme le père des théories organisationnelles, que l’on doit le concept de rationalité productive. Sa vision de l'organisation du travail, dite « scientifique », consiste en la rationalisation et la spécialisation des tâches des ouvriers. Il instaure des principes tels que la séparation des tâches en opérations très simples, par des employés non qualifiés.
Très vite, ses méthodes ont été reprises par Henry Ford, qui les a appliquées avec succès au secteur de l’industrie automobile au début du 20ème siècle. Les ajouts les plus notables ont été, d’une part, le fait d’amener les pièces détachées aux ouvriers (gain de productivité) et, d’autre part, l’établissement d’un salaire particulièrement attractif pour l’époque (assurance d’une forte réserve de main d’œuvre). D'un autre côté, cette situation d'abondance de demande de travail est au détriment des conditions sociales des ouvriers, notamment interdits de se syndiquer sous peine de renvoi.
Les techniques organisationnelles ont, depuis, énormément évolué. D’une vision mécaniste simple, les systèmes se sont peu à peu complexifiés et diversifiés, avec des lignes de conduite propres à chaque système. On rencontre alors des approches conférant une réelle dimension sociale à l’entreprise.
L’intérêt de cette dissertation réside alors dans la question de savoir ce qu’il est resté de cette vision classique, à savoir ce qui est encore applicable dans les systèmes organisationnels actuels. Nous allons traiter la question en étudiant les entreprises de production dans des pays dont le niveau de développement varie, en utilisant comme exemple le Cambodge et en analysant le système de production Toyota. Ensuite, nous verrons si ces méthodes peuvent rester applicables dans les pays développés.
Thèse :
Premièrement, il est établi qu'il existe encore aujourd'hui des modèles d’entreprise qui appliquent les visions mécanistes simples, comme le faisait Ford au début du 20ème siècle. Les usines de textile du Cambodge que nous avons vues dans l’émission "Sweatshop" présentée en classe en sont un exemple.
Les ouvriers et ouvrières y sont exposés à des conditions de travail extrêmement pénibles. Les tâches, répétitives et monotones, ne nécessitent ni réelle formation, ni même un quelconque travail de réflexion. Le temps de travail y est éprouvant et le salaire ne couvre pas toujours les besoins vitaux. De plus, la menace d’un renvoi en cas de baisse de productivité pèse constamment. L'efficacité dans la production est alors au centre du système, tel que c'était le cas dans les usines Ford.
Toutefois, le rapprochement de ce système organisationnel au fordisme peut être discuté, car d'importantes différences sont notables. En particulier, du temps de Ford, le salaire était relativement élevé, et ce par stratégie organisationnelle. En témoignent les travailleurs qui, attirés par les fameux 5 dollars par jour, accouraient de tout le pays dans l'espoir d'être embauchés. Ceci s'explique par la volonté de Ford de créer une abondance de demande de travail, afin de se donner le pouvoir d'étouffer les éventuelles revendications syndicalistes, avec la menace d'être renvoyé et aussitôt remplacé. Ainsi, les principes de Taylor ont été appliqués sur des ouvriers qui étaient, d'emblée, soumis aux conditions de travail.
De plus, Ford jouissait d'un contexte concurrentiel très favorable. Car, au-delà du système avant-gardiste de production à la chaîne, ce qui a fait le succès de la Ford T réside dans le manque de concurrence. A cette époque, l'importation de tels produits n'était pas rentable, par manque de technologie et de capitaux nécessaires. Ford a ainsi bénéficié d'une situation de quasi-monopole pour les Etats-Unis.
Cette nuance sur la concurrence est importante afin de comprendre comment fonctionnent les usines "tayloristes" d'aujourd'hui. Car si on peut admettre que les méthodes de travail à la chaîne – et les conditions de travail pénibles qui vont avec – sont un héritage direct du taylorisme, le contexte est sans comparaison du point de vue de la concurrence. Face à un marché hyper concurrentiel, les entreprises actuelles voient les salaires comme une charge qu'il faut absolument limiter. La crainte est que le moindre changement salarial fasse grimper les coûts de fabrication, avec des conséquences immédiates sur la compétitivité.
Ensuite, à la connaissance du "Toyota Production System", le critère du contexte économique du pays de production comme condition nécessaire au système tayloriste est soulevé. En effet, on pourrait penser que les conditions de travail exécrables, a priori inhérentes aux méthodes de travail mécanistes, ne sont transposables que dans des pays pauvres. Cependant, le toyotisme est un exemple d'application de tels principes à un pays développé, avec des chaînes de productions robotisées et avancées technologiquement.
Selon les méthodes initiées par Taylor, chaque ouvrier s’occupe d’un secteur précis de la chaîne de montage (spécialisation). Par contre, contrairement à l’usine du Cambodge, leur responsabilité est plus étendue, leurs capacités plus variées. De plus, on accorde bien plus d’importance au développement social et humain de l’employé, pour des conditions de travail et salariales totalement différentes.
Ainsi, les principes mécanistes simples sont, plus d'un siècle plus tard, toujours d'actualité. Taylor et Ford ont laissé un réel héritage dans l'organisation du travail des entreprises, d'un point de vue méthodologique. Toutefois, les applications modernes sont adaptées et correspondent au contexte dans lequel l'entreprise évolue, notamment économique.
Antithèse
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