Marcel Proust, Du Côté de chez Swann
Lettre type : Marcel Proust, Du Côté de chez Swann. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Lou Can • 12 Juin 2019 • Lettre type • 4 228 Mots (17 Pages) • 862 Vues
Marcel Proust, Du Côté de chez Swann
Surprenante, innovatrice, poétique, philosophique, historique, mordante, que d'adjectifs pourraient décrire l’œuvre de Marcel Proust ; sans qu'aucun ne puisse entièrement déceler l'idée,vérité que l'auteur français a laissé derrière lui quand, à 51 ans (1921), il rejoignit la flopée d'écrivain de génie dont les livres fascinaient son imagination d'enfant rêveur, tournant, émerveillé, les pages de Don Quichotte, Mme Bovary, éclairées par sa bougie de chevet qu'il avait tellement de mal à éteindre, illuminant ses soirées tardives tourmentées de réveils nocturnes et d'incessantes réflexions sur la vie, les gens, le monde, enfoui sous « les courtines de reps du grand lit » qui lui servaient de caponnière, de refuge face aux langueurs et lassitudes du monde, de sentiers vers la culture et l'imaginaire, de catalyseur à sa destinée écrivaine; sans qu 'aucun ne se doute encore de la trace immarcescible que son empreinte figerait à tout jamais dans les esprits : c 'est ainsi que le 10 juillet 1871(naissance de Proust) marqua un tournant majeur, voire fondamental sur une époque alors encore imprégnée de la défaite française face aux troupes prussiennes, se préparant
à accueillir le futur essor républicain ainsi que toutes ses nouveautés d'éducation, de libertés, d'espoir, accueillant sous ses châteaux rayonnant ?, entre les murs décorés d'épars cafés parisiens, dans de grandes maisons bourgeoises aux moulures dorées, l'aristocratie parisienne mais aussi une bourgeoisie de campagne, sorte de rivale, ainsi qu'une peinture critique de la fin du siècle constituée d'une globalité assez homogène, toutefois décrivant les mœurs de classes sociales moins élevées, de telle manière que la sphère domestique plus celle des métiers simples, ceux de la vie de tous les jours, auront une place importante pour celui que ses amis surnommaient « l'abeille des fleurs héraldiques ».
Fils d'un médecin catholique épidémiste travaillant à Paris, Adrien Proust, et d'une mère d'origine juive alsacienne, Jeanne Clémence Weil, à qui il doit tant de sens, connaissance, souvenirs comme celui du baiser qu'il attendait si assidûment avant de se coucher ; il naquit faible, sa mère ayant été traumatisée par l'attaque d'un insurgé de la Commune dont son mari avait été la victime alors qu'elle était en période de grossesse, et puis aussi parce-qu'elle se privait de beaucoup de choses; il écopa donc d'un asthme chronique qui eu raison de lui plus tard (malgré qu'il mourût d'une bronchite mal soignée ce dernier accéléra sa peine) et qui faillit lui coûter l'existence bien des fois avant, notamment un après-midi d'été, le narrateur finissait sa promenade, rentra chez lui dans sa demeure à Illiers, avant de littéralement s'effondrer sous les yeux terrifiés de son père, qui le sauva. Sa vie ne fut pas ce qu'on croit, une vie riche, incroyable, remplie de bonnes choses, ou bien, pour être plus clair, il n'y trouva pas le bonheur illusoire qu'il espérait sûrement. ( je ne dis pas qu'elle fut fade). Sinon pourquoi aurait-il fouillé avec tant de rage les abysses de ses souvenirs les plus lointains ? Quinze années passées cloîtré à l'intérieur d'une chambre au 102 boulevard Haussmann, reclus, seul (de 1907 à 1922), à se remémorer sa « tendre enfance », son adolescence, sa jeunesse futile. Il « fallait » qu'il écrive un livre mémorable, qu'il rédige le chef-d’œuvre de la réminiscence, ouvrant la porte à une nouvelle forme de roman : le roman moderne, sans intrigue, événement perturbateur, péripéties d'aventures... Ça, il l'a notamment fait à cause de la mort de ses deux parents, insupportable pour lui. Sa mère mourante en 1906, son père déjà éteint, tout a flambé à partir de ce moment là, il a cru tout perdre et commença sa triste solitude, comme une longue dépression avec laquelle le recul qu'il va prendre sur le monde et lui-même sera quasiment infini, entraînant un livre de 2600 pages, A la recherche du temps perdu, composé de sept tomes, formé de phrases sinueuses et infinissables, engluant la matière complexe de l'écrivain, emprisonnant le lecteur, pris à la gorge et embarqué dans une respiration sans fin. Sous sa plume ont vécu plus de deux cents personnages, quatre générations en tout. Jeune, il a les traits émaciés, paraît maigre. Il fait ses études au lycée Condorcet à travers lequel ses premières inspirations littéraires pourront émerger avec la tenue d'une revue dont lui et quelque de ses amis avaient eu l'intuition, et continueront leur chemin par la suite, matières de son premier roman paru en 1894, Jean Santeuil, où on retrouve des passages hugoliesques, auteur qu'il connaissait sur le bout des doigts à l'instar de Musset et bien d'autre, mais qu'il ne finira jamais, étant donné que le manuscrit publié en 1952 n'est que l'accumulation de fragments retrouvés. Marcel Proust a vécu une enfance choyée entre une grand-mère adorée et une mère attentionnée ; ses vacances il les passait à Illiers, près du Loir, lieu qui résonne comme la sœur de la ville fictive de Combray, et entre les rues de laquelle on peut retrouver ce charme proustien visant à transcender la réalité par les sensations, à la limite du fantastique, tel une poésie sans fin où chaque vers serait une odeur de « myosotis », de madeleine, une symphonie verdissante de Beethoven, un tableau impressionniste de Cézanne mêlant nature, campagne, au devant duquel Proust pouvait passer des heures à admirer jusqu'aux moindres détails l'atmosphère crée que l'on ressent, et la vient son génie, au fil des pages du premier tome de La Recherche du Temps Perdu ; car Proust a toujours été un grand amateur d'art, mélomane à un point qu'il pensait que la musique aurait pu, dans le cas où le langage ne soit pas apparu, servir de lien social entre les hommes : « Je me demandais si la Musique n’était pas l’exemple unique de ce qu’aurait pu être - s’il n’y avait pas eu l’invention du langage, la formation des mots, l’analyse des idées - la communication des âmes. ». Ainsi, après ses études et avoir commencé une carrière journalistique qui n'aboutit point, « profitant » de la fortune familiale, il écumera les salons parisiens porté par la folle recherche d'une ascension des milieux mondains, dont l'expérience lui fera peut-être, avec un certain recul, regretter ses interminables virées vespérales, à discuter de tout et de rien agglutiné dans les fauteuils d'aristocrates que, bien des années après, il assassinera littérairement par delà son œuvre maîtresse. Ses romans, publiés de 1913 à 1927, reçurent tout d'abord des invitations à l'ostracisme gorgées de commentaires acides, si ce n'est purement sarcastiques. Telle est la manière qu'employa l'illustre éditeur ? quand il évinça Du côté de chez Swann : « je me demande quel est l’intérêt de publier un livre où le narrateur raconte pendant 30 pages comment il se retourne dans son lit. ». ? Même le célèbre André Gide, quoique, réfuta l'ouvrage sèchement, chose à laquelle plus tard, à l'heure où Proust rayonnait après qu'il ait raflé non
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