Etude de situation en foyer

VERRY-MOLLE Méline

ES18 GEP8

        Récit clinique

        Étudiante en première année d’école d’éducateur spécialisé, j’effectue mon deuxième stage en milieu professionnel au Foyer d’Hébergement Clémentine.

Ouvert depuis le 1er avril 2008, le foyer Clémentine est une structure d’hébergement à appartements diffus pour adultes déficients auditifs et/ou visuels souffrant de troubles associés.

        Le foyer d’hébergement est constitué d’un siège administratif et de 10 appartements adaptés, situés au centre-ville de Noisiel (77).

        L’accueil des résidents est possible avec une orientation de la C.D.A.P.H (Commission des Droits et de l’Autonomie des Personnes Handicapés) en foyer d’hébergement, en E.S.A.T (Établissement et Service d’Aide par le Travail).

        L’équipe pluridisciplinaire au foyer est formée spécifiquement aux handicaps sensoriels : formation en langue des signes, sensibilisation à la locomotion, avejiste (aide à la vie journalière : son but est d’aider son patient à retrouver son autonomie perdue dans les actions de la vie quotidienne) …

Elle développe à la fois un suivi individualisé et l’animation collective du foyer.

        Les éducateurs du foyer accompagnent les résidents dans les actes de la vie quotidiennes (lever, accompagnement sur le lieu de travail, préparation et prise des repas, ménage, accompagnement médicaux…), le week-end ils organisent les activités de loisirs (piscine, cinéma, vélos.) et ils s’occupent également du bon fonctionnement du foyer (bilans, contact avec les partenaires, préparation des activités, transferts...).

        L’Association a pour but de promouvoir l’insertion des personnes handicapées, notamment par la mise au travail et la guidance. Les missions du foyer sont précises :

- proposer un lieu de résidence adapté et évolutif

- assurer un accompagnement personnalisé dans la vie quotidienne

- œuvrer à une intégration sociale, dans la ville

- tendre vers l’autonomie

- anticiper une réponse à de nouveaux besoins émergents

        L’accompagnement des résidents nécessite beaucoup d’attention étant donné leurs handicaps. Les capacités sensorielles varient en fonction de chaque résident. Ainsi, elles peuvent aller d’une légère déficience auditive à la cophose (surdité profonde) et/ou d’une légère déficience visuelle à la cécité. Plusieurs des résidents cumulent la double déficience pouvant aller jusqu’à la surdi-cécité. En parallèle à leur déficience sensorielle, certains résidents présentent également des troubles associés. Ces derniers peuvent être divers (troubles autistiques, troubles du comportement, troubles cognitifs, déficience mentale, état dépressif..).

        Le handicap sensoriel résulte de l’atteinte d’un ou plusieurs sens. Il se caractérise majoritairement par des incapacités issues d’une déficience auditive ou visuelle. Ce type de handicap entraîne, presque automatiquement, des difficultés de communication et d’intégration sociale de la personne. C’est pourquoi la personne handicapée est amenée à développer d’autres moyens de communication et d’information pour s’adapter à la société et à la vie quotidienne malgré son handicap.

         En cas de mutité ou de difficulté dans la vocalisation et la parole, souvent liée à la surdité, la personne communiquera avec son corps par le biais de la LSF (Langue des Signes Française), du mime, ou du langage non-verbal. L’éducateur devra alors adapter son accompagnement en fonction de la personne et de ses capacités.

Dans ce stage je me suis particulièrement intéressée au monde des sourds, au corps et à ce qu’il véhicule en termes d’expression, comment intervient-il dans la communication ? En effet, il me semble que la communication est le premier support vers la création de liens. C’est un échange, permettant, à l’usager d’exprimer ses besoins, ses difficultés et les partager avec les professionnels qui pourront alors proposer un accompagnement adapté. Communiquer, nécessite une base commune : la langue qui, parfois, ne parvient pas seule à tout exprimer. Comment pouvons-nous procéder lorsque la langue ne suffit pas ? Quel soutien apporter quand les maux sont justement les mots ? C’est à partir de ces questions qu’a commencé ma réflexion, Comment créer une relation éducative sans la communication ?

Je me suis dans un premier temps questionné sur la création de cette relation puis dans un second temps j’ai analysé cette relation.

        Cela a été difficile pour moi avant même mon arrivé en stage. Je me questionnais beaucoup sur la communication avec les personnes sourdes, cela m’inquiétait de ne pas pouvoir communiquer avec eux. Car dans notre société la parole, la communication est très importante, de plus j’avais l’impression que si je n’arrivais pas à communiquer avec eux, je ne pourrais pas bien les accompagner.

        Je pense m’être mise en position de difficulté, ce qui n’était pas avantageux pour moi.

        A ce moment précis je me sentais handicapée, « comment vais-je faire, s’ils ne me comprennent pas ? »

         J’appréhendais beaucoup la rencontre, l’apprentissage de la langue des signes.

        Mais j’ai réfléchi et me suis dit que si je n’essayais pas je n’y arriverai jamais, et que ça devait bien s’apprendre.

        Je me suis aussi mise à leur place, en les imaginant dans la vie quotidienne et je me suis dit que pour eux aussi ça devait être difficile dans la vie de tous les jours avec le boulanger du coin de la rue, ou le chauffeur de bus… J’ai donc relativisé, « après tout c’est humain de ne pas tout savoir », « je vais y arriver il n’y a pas de raison ».

        Comment pouvons-nous procéder lorsque la langue/ parole ne suffit pas ? Quel soutien apporter quand les maux sont les mots ? Comment créer une relation éducative sans la parole ?

        Ce travail comportera dans un premier temps une présentation du groupe et je décrirai le contexte de ma relation, qui s’est établie avec ce groupe. Puis dans un second temps, j’analyserai, cette relation dite éducative.

        Je suis donc arrivée en stage, l’après-midi fut longue, car il fallait attendre que les résidents terminent leur journée de travail, je me questionnais encore et encore.

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