Livre VVI, fable 6, Jean de la Fontaine
Cours : Livre VVI, fable 6, Jean de la Fontaine. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Rosalie Forestier • 18 Mars 2020 • Cours • 2 037 Mots (9 Pages) • 616 Vues
Rosalie Forestier
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jeudi 10/10/19
Anthologie
« Ne soyez à la cour, si vous voulez y plaire,
ni fade adulateur, ni parleur trop sincère ;
et tachez quelquefois de répondre en Normand.
(livre VII, Fable6)
PRÉFACE
J’ai choisi le thème de l’hypocrisie, c’est un terme qu’on peut comparer au mensonge,c’est un comportement par lequel on exprime des sentiments, des opinions que l’on ne ressent/approuve pas.
J’ai choisi ce sujet car Jean de La Fontaine exprime l’hypocrisie sous plusieurs formes.
La leçon que l'on peut tirer sur l’extrait est valable même à notre époque. C'est une leçon de sagesse et de prudence. Il faut savoir mesurer ses paroles et ses actes. Il vaut mieux dire des choses que les gens veulent entendre. La Fontaine veut dire que certaines qualités peuvent devenir des défauts, comme la sincérité. Il faut donc savoir s'adapter à la situation.
Les animaux malades de la peste
Dans cette fable, publiée dans le live VII, La Fontaine met en scène l’hypocrisie.
Ici, l’hypocrisie est présentée par le Lion (roi) : Le lion donne l’apparence d’un être amical, honnête et prêt au sacrifice pour son peuple. En vérité, c’est un hypocrite qui maîtrise l’éloquence et l’art du discourt.
On peut le noter dans un premier temps par son autocritique (L.12/29).
Il commence son discours par une apostrophe amicale, « mes chers amis », qui souligne la solennité du conseil. Le terme « ami » est déjà hypocrite : les autres animaux sont soumis aux décisions royales et ne peuvent pas entretenir un lien d’amitié avec le roi des animaux.
Ensuite, le lion énonce la raison d’être du conseil sur le mode impératif : « que le plus coupable de nous / se sacrifie ». Cela montre qu’il ordonne la désignation d’un bouc-émissaire alors que lui-même n’est pas certain du résultat comme l’indique le modalisateur qui suit : « peut-être il obtiendra la guérison commune ».
Le lion commence alors son autocritique. Il semble faire preuve de courage et d’honnêteté en se confessant « sans indulgence » (v.23). Il révèle avoir dévoré « force moutons » (récidives) pour satisfaire ses « appétits gloutons » (son appétit qui peut sembler naturel est changé en défaut de gloutonnerie). Le lion rappelle sa responsabilité pleine et entière puisqu’il n’a pas agi par légitime défense : « Que m’avaient-ils fait ? Nulle offense ». Il avoue même avoir mangé plusieurs bergers. Le rejet du terme « berger » au vers 29 (vers de 3 syllabes) provoque la surprise et accentue la gravité des faits avoués.
Il y a ensuite l’issue inattendue (vers 30/33)
Le lion vient d’avouer un comportement fautif et semble prêt à se sacrifier pour le bien de son peuple. Pourtant, la conclusion de son autocritique va à contrario de l’issue attendue : « Je me dévouerai donc, s’il le faut ; mais je pense / qu’il est bon qu s’accuse ainsi que moi : / car on doit souhaiter, selon toute justice, / Que le plus coupable périsse. » Le verbe « dévouer » au futur de l’indicatif annonce avec certitude le sacrifice du roi, mais cette certitude est aussitôt anéantie par les deux restrictions qui suivent : « s’il le faut » et la conjonction de coordination « mais ». Ce qui montre bien que le roi ne se sacrifiera pas qu’il n’a fait que manipuler sa cour par son discours.
Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom)
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n'en voyait point d'occupés
A chercher le soutien d'une mourante vie ;
Nul mets n'excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n'épiaient
La douce et l'innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d'amour, partant plus de joie.
Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L'état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J'ai dévoré force moutons.
Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m'est arrivé quelquefois de manger
Le Berger.
Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense
Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
- Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Eh bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d'honneur.
Et quant au Berger l'on peut dire
Qu'il était digne de tous maux,
Etant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir.
On n'osa trop approfondir
Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L'Ane vint à son tour et dit : J'ai souvenance
Qu'en un pré de Moines passant,
La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet.
Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n'était capable
D'expier son forfait : on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.
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