Gouvernance d’entreprise
Fiche de lecture : Gouvernance d’entreprise. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Ying Chen • 23 Février 2016 • Fiche de lecture • 1 440 Mots (6 Pages) • 758 Vues
Gouvernance d’entreprise
F. Roth
Le cas Ubisoft – Electronic Arts
Le 21 décembre 2004, Electronic Arts, leader mondial des éditeurs de jeux video prenait une part minoritaire dans le capital de son concurrent européen Ubisoft[1]. Cette opération était considérée comme hostile par le management d’Ubisoft.
Commentez cette nouvelle, et fondez votre opinion sur les informations suivantes. Plus précisément, essayez d’identifier les différentes étapes du processus de prise de contrôle.
Ubisoft Group Presse
Ubisoft, l’un des plus importants éditeurs de jeux video au monde, annonçait aujourd’hui (21 décembre 2004), qu’Electronic Arts (EA) disposait dorénavant d’une part de 19,9% du capital d’Ubisoft. EA détient désormais 19,9% du capital et 18,4% des droits de vote. Cette opération souligne l’importance stratégique d’Ubisoft dans cette industrie.
Grâce à la qualité de ses studios et de ses marques, Ubisoft est dans une position idéale parmi les autres éditeurs pour accompagner la transition vers la prochaine génération de consoles. C’est la raison pour laquelle l’entreprise attire les convoitises de ses concurrents.
Sans informations complémentaires d’EA sur ses intentions, cette opération est considérée hostile. Celle-ci tente de capitaliser sur les efforts d’Ubisoft en termes de création avant que le marché ait pu les évaluer à leur juste mesure. Ubisoft cherchera par tous moyens à protéger les intérêts de l’équipe dirigeante et de ses partenaires. Avec 22,8% des droits de vote, les actionnaires fondateurs joueront un rôle clé dans les discussions à venir.
Un climat déjà tendu
En 2003, Electronic Arts avait essayé de débaucher cinq employés de l'équipe de Splinter Cell d'UbiSoft, pour les faire travailler dans son nouveau studio de développement de Montréal. L'éditeur français avait alors traîné ses ex-employés devant la justice canadienne pour non-respect d'une clause de non-concurrence inscrite dans leur contrat de travail.
Dans des propos rapportés par le site Overgame.com, l'un des vice-présidents d'Electronic Arts, Jeff Brown avait alors déclaré, sur un ton assez ironique que « les travailleurs qui osent s'échapper de la plantation UbiSoft seront pourchassés par leurs avocats et éjectés de l’industrie ».
Historique et informations sur l’entreprise
En 1986, les 5 frères Guillemot créent Ubisoft Entertainment S.A, un éditeur de logiciels éducatifs et de jeux video, par les 5 frères Guillemot.
Par la suite, la société connaît un succès croissant grâce à une série de « hits » sur PC, Amstrad™, Atari™ et Amiga™ et les premiers accords de distribution avec les plus importants éditeurs américains et européens : Elite™, Electronic Arts, Sierra, LucasArts™, Novalogic®…
A la date de l’opération, Ubisoft est devenu le 3ème éditeur européen. Le chiffre d’affaires de la société peut être ventilé comme suit :
- consoles (63%),
- PC (31%),
- et logiciels éducatifs (6%).
Le groupe commercialise ses propres produits (67% du CA) et distribue également les produits d’autres éditeurs sous licences (23%) ou contrats de distribution (10%). Par ailleurs, Ubisoft détient une part dans les jeux en ligne via sa filiale cotée Gameloft.com.
La ventilation géographique du CA est la suivante :
- France (31%),
- Amérique du nord (29%),
- Allemagne (10%),
- Royaume-Uni (8%)
- Et autres (22%).
Gaëlle Macke – LeMonde.fr du 11 janvier 2005
(…)
Difficile, cependant, d'imaginer qu'il s'agit seulement d'une opération défensive. Maintenant qu'il est dans la place, l'américain ne laissera sûrement pas échapper une acquisition si complémentaire pour lui, tant en termes de portefeuille (il est spécialisé dans les jeux de sport et les licences de grands films, alors que le français a surtout développé des jeux d'action et d'aventure) que de compétences (sa puissance marketing s'allierait parfaitement avec la qualité de création du français). Le choix personnel de Peter Jackson, réalisateur de la trilogie du Seigneur des anneaux, dont les jeux dérivés ont été développés par EA, de confier à Ubisoft le jeu dérivé de son prochain film King Kong, qui sortira en mars, n'est pas passé inaperçu.
Un marché risqué
La logique industrielle, de plus, pousse à la concentration. Marché vaste (plus de 30 milliards de dollars de ventes mondiales en 2003, en comptant les jeux et les consoles) et en forte croissance (en moyenne de 10 % à 30 % par an), le secteur des jeux vidéo exige cependant de lourds investissements et se révèle très risqué. Les consoles se renouvellent tous les cinq ans, exigeant d'anticiper pour préparer des jeux s'adaptant aux nouvelles possibilités technologiques des machines. Par ailleurs, les coûts d'un jeu s'envolent, entre l'achat de licences, le développement et les frais de marketing et de distribution : il faut compter de 10 à 20 millions d'euros pour espérer produire un jeu-phare, qui se vendra à plus de 3 millions d'exemplaires. Sachons que le succès n'est jamais assuré : 20 % des titres réalisent près de 80 % du chiffre d'affaires.
EA a donc toutes les raisons de convoiter Ubisoft, et le rapport de forces paraît bien inégal. Avec sa capitalisation boursière de 18 milliards de dollars (13,8 milliards d'euros), le premier pèse 27 fois plus que le second et il est valorisé à six fois son chiffre d'affaires annuel contre une fois pour sa cible. Sans dette, il peut compter sur une trésorerie disponible de 2,7 milliards de dollars pour faire ses emplettes.
Eléments liés aux ressources humaines
Au 31 mars 2004, Ubisoft employait 2352 salariés soit une progression de 18,2 % liée notamment au développement du studio canadien et à l’acquisition de 2 nouveaux studios, Tiwak et Wolfpack.
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