Faut-il être du côté de l’imagination ou de l’autofiction ? Y a-t-il un déficit de réel dans le roman contemporain ?
Cours : Faut-il être du côté de l’imagination ou de l’autofiction ? Y a-t-il un déficit de réel dans le roman contemporain ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Superwill972 • 25 Juin 2013 • Cours • 419 Mots (2 Pages) • 1 133 Vues
C’est remarquablement indifférent aux querelles et aux débats qui agitent – mollement... – la scène littéraire française d’aujourd’hui qu’écrit depuis dix ans Yannick Haenel. Faut-il être du côté de l’imagination ou de l’autofiction ? Y a-t-il un déficit de réel dans le roman contemporain ? Franchement, que pèsent ces questions lorsque, comme Haenel, on se fait de la littérature une idée autrement cruciale – lorsqu’on envisage l’écriture comme une aventure intrinsèquement poétique qui, pour se définir, puise naturellement à un lexique renvoyant à l’expérience spirituelle, voire mystique : jouissance, renaissance, extase, épiphanies, incarnation… Yannick Haenel n’est pas engagé en solitaire dans cette aventure ambitieuse, il a pour dialoguer en chemin des interlocuteurs nombreux : Dante et Joyce, Pascal et Rimbaud, d’autres encore – dont Blanchot et Sollers, parmi nos contemporains –, dont les présences tutélaires, loin de l’intimider, lui sont un tremplin dans la quête de sa voix propre. Comme naguère le narrateur d’Evoluer parmi les avalanches (2003), celui de Cercle voit un matin, dans le métro, son existence dévier du cours qui lui semblait tracé par l’irruption, dans son esprit, d’une phrase d’Artaud : « C’est maintenant qu’il faut reprendre vie. » Un appel à la vie nouvelle – la Vita nuova de Dante – qui, sans prendre le temps d’infuser, le fait radicalement quitter les rails, mû soudain par « un courage d’abîme et de lueurs, le courage des solitudes brusques, celui qui accompagne les nouveaux départs ». Le voici qui déserte, se proclame en état de vacance, vide de désir et de contrainte, prêt à accueillir les mots, les phrases qui vont et viennent en lui comme elles traversent le monde. Le monde, c’est d’abord Paris, où il déambule, heureux et léger, lisant Moby Dick et Homère, où il rencontre bientôt la gracieuse Anna-Livia, danseuse dans la troupe de Pina Bausch, dont il fait sa compagne et sa muse. Plus tard, son odyssée le conduira à Berlin où, confronté au Mal, à une Histoire humaine si manifestement arrivée au terme d’un processus de destruction qui la conduit au chaos, il fait l’expérience de la détresse et de la perte – et accomplit cette traversée des ténèbres dont nul parcours initiatique ne saurait faire l’économie. Il est difficile d’aller plus avant dans l’exégèse de Cercle. Ce serait au risque d’affadir, d’aplatir, de dénerver ce singulier roman de formation et d’initiation pleinement contemporain, lyrique et ambulatoire, moins érudit ou codé que gorgé de références et de signes, heureux, car éperdument confiant dans la puissance du Verbe. Nathalie Crom
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