Risques physiques associés au travail en production
Analyse sectorielle : Risques physiques associés au travail en production. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar oumbjm • 9 Juin 2014 • Analyse sectorielle • 6 174 Mots (25 Pages) • 806 Vues
Comprendre la résistance
au changement
R e p ro d u c t i o n d ’ u n e x t ra i t d u d o s s i e r m é d i c o - t e c h n i q u e « S p é c i a l m a n u t e n t i o n s m a n u e l l e s e t m é c a n i q u e s »
Ce dossier est consacré aux risques physiques qu'impliquent les activités de manutention. Et pourtant, dans cet article introductif, il ne sera question ni des vertèbres, ni de rachis, ni de fractures, ni de douleurs, ni d'arrêts de travail, ni de techniques de soin. Dans les lignes qui suivent, la discussion portera exclusivement sur la personne à qui appartiennent ces vertèbres et qui risque sa santé.
ituer cet article en tête de ce dossier ne signifie pas qu'une priorité doive être accordée à la personne sur ses organes, ou sa pensée sur ses activités. Ce choix
est justifié par l'intérêt porté à la pratique de la pré- vention. À la différence de la médecine curative qui agit sur les organes ou les fonctions, la prévention vise, no- tamment, une inflexion des conduites humaines. Elle passe alors par la mobilisation active de la personne et non par la mobilisation passive de ses organes. Voilà où siège la difficulté principale des actions de prévention, nous semble-t-il. La médecine donne aux praticiens un savoir-faire sur le corps, mais elle ne leur donne pas de savoir-faire sur les conduites humaines. Et si l'on se sert de l'instrumentation médicale – la prescription, voire l'ordonnance – dans le domaine de la prévention, les ré- sultats sont décevants. Intervenir sur les conduites hu- maines, surtout lorsque les conduites sont envisagées avec leurs dimensions sociale et collective, suppose de posséder un métier (voire un art) particulier, qui doit davantage son inspiration aux sciences sociales qu'aux sciences biologiques.
Toute conduite humaine a un sens
La seule idée que nous voudrions ici défendre est la suivante : les gens, en général, les manutention- naires en particulier, ne sont pas des crétins sociaux [COULON A., 1987].
Même lorsqu'un travailleur refuse de porter son casque, même lorsqu'il prend des risques qu'il pourrait éviter, même lorsqu'il est réticent à une campagne de prévention, sa conduite n'est pas absurde, elle a tou- jours un sens.
Ce postulat est au fondement des sciences hu- maines. Faute d'en respecter les implications théo- riques et pratiques, les actions du médecin du travail dans le domaine de la prévention perdent l'essentiel de leur puissance de transformation de la réalité.
Lorsqu'on souhaite proposer, prescrire ou conseiller une conduite ou une attitude nouvelles, tenues légiti- mement pour justes, il faut savoir qu'on devra en même temps combattre une conduite ou une attitude préexistant à l'intervention. Pour qu'un travailleur adopte un nouveau comportement, il faut aussi qu'il accepte de renoncer à celui qu'il adoptait jusque-là. Mieux encore, pour qu'il accepte le principe d'un nou- veau comportement, il faut qu'il soit en mesure de cri- tiquer lui-même le comportement qui était le sien jusque-là.
Agir, c'est donc d'abord mettre l'existant en discus- sion, le soumettre à la critique. En visant non la cri- tique formulée de l'extérieur, par l'expert, l'ingénieur ou le médecin sur le comportement du travailleur, mais en cherchant la critique du sujet lui-même sur son pro- pre comportement.
Pour approcher de ce but, il est d'abord nécessaire de comprendre le sens du comportement que l'on se propose de mettre en question. Pourquoi ce travailleur refuse-t-il de porter le casque ? Pourquoi cet autre ré- siste-t-il aux conseils qu'on lui prodigue ? Sans réponse à cette question préalable, toute action implique le re- cours à la force, voire à la violence, dont l'efficacité, au
C. DEJOURS *,
D. DESSORS **,
P. MOLNIER**
* Professeur de psychologie du travail,
Conservatoire national des arts et métiers, Paris.
** Assistantes de recherche au laboratoire de psychologie
du travail, Conservatoire national des arts et métiers, Paris.
Documents pour le Médecin du Travail
N° 58
2e trimestre 1994
Documents pour le Médecin
du Travail N° 58
2e trimestre 1994
demeurant, est à son tour décevante et, éthiquement, d'un usage douteux.
Or, accéder au sens d'un comportement est une af- faire difficile. Il est assurément plus aisé d'éviter la question en passant directement à l'étape de la pres- cription, Mais alors, en cas d'échec de cette prescrip- tion, revenir sur le sens du comportement de résistance au changement conduira immanquablement à conclure au non-sens et du non-sens au diagnostic de crétinisme social ou psychique du manutentionnaire auprès duquel on tente d'intervenir.
Le geste est une
« technique du corps »
Avant
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