Le casse du siècle
Étude de cas : Le casse du siècle. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Bastian Antoine • 7 Mars 2018 • Étude de cas • 1 957 Mots (8 Pages) • 3 991 Vues
lE casse du siècle
1) En quoi le casse du siècle peut-il être assimilé à un projet (cf. annexe 1 pour les principales caractéristiques d’un projet) ?
Je vais tenter de prouver que le casse du siècle peut être assimilé à un projet à partir des différentes caractéristiques qui le définisse.
Les principales raisons qui poussent Albert Spaggiari et ses hommes à entreprendre ce casse, sont les retombés financiers. « Le gang des égoutiers » est motivé, soudé et focalisé à ce seul objectif : le gain de 11 milliards de franc potentiel.
Outre l’appât du gain, d’autres motivations sont évoquées. En effet, pour beaucoup de ses anciens parachutismes et légionnaires, le retour à l’état civil est bien trop ennuyant à leur goût. La recherche de sensations fortes longtemps perdu poussent ses hommes à prendre d’énormes risques. Le risque de se faire dénoncer, doubler ou emprisonner rendent le projet difficile mais également plus excitant.
Pour Pierre et ses hommes de la mafia Marseillaise, le risque est de taille. Cependant, l’accomplissement du projet pourrait lui apporter beaucoup de reconnaissance dans le milieu. Cette reconnaissance s’accompagne bien évidement d’une promotion sociale. Les projets à risques sont autant d’occasion de faire ses preuves. Très souvent, sous l’impulsion des médias et des unes de journaux.
Enfin, chez « le gang des égoutiers » il y a une réelle volonté d’affronter la société. La pratique d’activités illégales, la méprise envers les institutions, l’inscription « ni armes, ni violence et sans haine » sont autant de preuves de leur provocation.
Chaque personne de l’équipe possède en quelque sorte sa propre spécialité : Pierre est un spécialiste quant aux épaisseurs des portes, Mireille reste à l’arrière et maintien le moral de l’équipe, certains sont des professionnels du terrassement ou de l’orientation à la boussole, un professionnel dans l’ouverture des coffres et un spécialiste en pierre précieuses. Je cite : « chaque homme doit savoir clairement quelle est sa tâche ». L’association pluridisciplinaire, la combinaison de forces diverses permet un travail d’équipe efficace. L’organisation du casse est ad hoc, au cours de l’évolution du projet, des protagonistes clés apparaissent et disparaissent, chacun apportant sa spécialité.
« Le gang des égoutiers » est tellement engagé dans ce projet, qu’il leur est difficile d’abandonner malgré des séries d’obstacles, les conditions difficiles et la fatigue qui s’installe. Depuis le début du projet, le groupe reste soudé et concentré sur leurs objectifs. L’ignorance de la charge de travail qu’ils allaient accomplir, les efforts déjà engagés en amont et les gains possibles rendent l’engagement individuel et collectif presque irréversible. En effet, pour des projets techniques d’une telle ampleur, les échéances et les délais ne représentent qu’un cap. En réalité, suivant le degré de technicité et d’incertitude, les échéances restent floues.
De nombreux éléments extérieurs nourrissent leur incertitude : La distance les séparant de la banque, la nature géologique du sol, l’épaisseur des murs, les conditions difficiles de travail, les problèmes d’argents, le coût du matériel, les membres capturés par la police ou encore la visite de Valérie Giscard d’Estaing. Tout ces éléments font de ce projet un système ouvert les obligeant à s’adapter !
Spaggiari a apporté tout au long du projet des évolutions et des changements opérationnels favorables avec par exemple l’acheminement des bouteilles d’éthylène en 4x4, l’amélioration des procédés ou encore la mise en place d’une communication codée.
2) Pourquoi Spaggiari, cerveau présumé de l’opération se retourne-t-il vers le milieu marseillais ? Quels sont les risques associés à ce rapprochement ? Comment Spaggiari s’efforce-t-il de contenir ces risques ?
La principale raison qui pousse Spaggiari à se tourner vers le milieu marseillais est le manque de moyens. Les moyens sont aussi bien humains que matériels. Spaggiari ne peut assurer à lui tout seul une activité criminelle de cette envergure. En effet, c’est Pierre et ses hommes qui vont fournir les outils volés et le véhicule. Il était également impossible de parler du projet à n’importe qui. Il fallait que les personnes appartiennent au milieu criminel (pour leurs connaissances et leurs compétences). Cependant il annonce clairement qu’en faisant confiance au milieu marseillais, le risque est double : se faire doubler et dénoncer. Le risque pour le milieu marseillais est de voir naître des tensions entre la mafia marseillaise et niçoise. Les risques sont calculés, mais ils n’ont pas le choix. La peur de se faire dénoncer et doubler, Spaggiari recrute des collaborateurs auquel la fiabilité et la confiance n’est plus à prouver. Pour mener à bien le projet, ôter tout sentiment de crainte dans la collaboration, il faut instaurer un climat de confiance. Spaggiari parvient tout de même à faire naître une cohésion au sein de l’équipe (même si les arrestations n’arrangent pas les choses). La communication, fédérer l’équipe, le partage des tâches, un but commun sont des éléments essentiels. Spaggiari accroit sa popularité et sa crédibilité en se montrant à la hauteur dans de nombreuses situations. En effet, s’il veut gagner leur confiance, il doit faciliter les séries d’obstacles grâce à des études préliminaires et son sens de l’adaptation.
3) Analyser le déroulement du projet à partir du modèle action/apprentissage (Midler, 1993) reproduit dans l’annexe 2. Quelles sont les différentes phases que l’on peut isoler ? Quelles sont les phases qui ont été les plus étudiées et quelles sont celles qui vous paraissent avoir été négligées ? Pourquoi ?
Je vais tenter de réaliser une analyse du « casse du siècle » à partir du modèle action/apprentissage (Midler, 1993). Ce modèle s’appuie sur un paradoxe : dans un projet, plus le temps passe, plus nous possédons de connaissances sur le projet. Cependant parallèlement plus le temps passe, plus les capacités d’actions sont réduites. Le projet est découpé en plusieurs parties :
- Phase initiale : Durant cette phase aucune décision n’est prise. Les degrés de liberté sont multiples. Nous apprenons dans le récit que Albert Spaggiari est envahi par une envie de réaliser de grandes choses. A ce stade, il est encore seul. Il n’a entrepris aucune démarche de rapprochement. L’observation, l’analyse et la collecte de renseignements sont les seules actions de cette phase : collecte de renseignement auprès des employés des banques, dessin de la banque. D’ailleurs, le niveau de connaissances du projet est faible, par exemple il ignore la composition géologique. Il « suppose » ou encore calcule « à vue de nez ». La phase initiale lui permet d’étudier les différents cas de figure. Cependant sa capacité d’action est faible, il ne peut se permettre de s’engager car le « matériel lourd et coûteux », les moyens humains et les connaissances sont en manquent.
- Phase de décision : Cette phase est consacrée à la recherche de compromis. Le niveau de connaissances augmentant, il faut parvenir à identifier le compromis idéal et optimal pour réaliser le projet. Spaggiari sait qu’il lui faut des moyens humains et matériels. En s’associant avec le milieu marseillais, il a considérablement diminué sa capacité d’action. Cette phase est plus concrète que la phase initiale. Cependant, en décidant de s’associer, les degrés de liberté ont diminué. Cette phase comprend également le déploiement logistique. Le vol de matériel, d’outils et de voiture est alors la solution retenue. Des études préliminaires, des repérages pour évaluer l’environnement, la mise en place de mesures de sécurité et des guetteurs accroît le niveau global de connaissances du projet. Il est alors plus question de reculer, sous peine de voir tous les efforts fournit profiter aux autres (degrés de liberté limités).
- Phase de réalisation : La phase opérationnelle peut commencer. Le creusage marque le commencement de la phase de réalisation. Les études préliminaires étant réalisées, chaque personne de l’équipe réalise sa tâche. C’est la phase où le partage des tâches est le plus présent (certains creusent, d’autres évacuent). Les hypothèses sont alors vérifiées, par exemple la résonnance des travaux à l’extérieur. Le niveau de connaissance augmente de nouveau, mettant en évidence des points d’améliorations. Je cite « les procédés sont améliorés au fur et à mesure ». Le caractère irréversible du projet fait alors apparition. Il n’est pas question d’abandonner pour le « gang des égoutiers ». Les marges de manœuvres et les degrés de liberté sont faibles. Le temps avance, les moyens humains, matériels et financiers sont investie dans la réalisation du tunnel. Il est alors impossible d’explorer de nouvelles possibilités.
- Une phase d’enjeu maximale : Dans cette dernière phase le premier objectif est atteint : malgré toutes les difficultés rencontrées jusqu’au dernier moment l’accès aux coffres est désormais possible. Cependant chaque personne doit garder son poste et accomplir sa tâche. Après tous les sacrifices, l’énergie et les ressources déployées, les camarades capturés, il faut aller jusqu’au bout. Les marges de manœuvres sont alors très faibles puisque les coffres sont juste devant eux. Malgré des négligences sur la logistique du transport et la pluie, c’est au total 50 millions de francs dérobés.
Je pense que le succès du casse provient en partie d’une bonne étude préliminaire (et de beaucoup de chance). En effet, le « gang des égoutiers » a mis tous les moyens en œuvre pour parvenir jusqu’au coffre sans se faire repérer. L’étude du plan de la banque, la mise en place de guetteurs et d’une communication codée, un système de garde plutôt efficace, l’acheminement des bouteilles d’éthylène en 4x4 sont des preuves d’une bonne organisation et d’une bonne logistique. À cela il faut bien sûr inclure un facteur très important la chance ! Bien qu’il y ait des abandons et des arrestations, le creusage du tunnel jusqu’à la banque reste un succès.
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