Gestion des larmes d'un patient
Rapport de stage : Gestion des larmes d'un patient. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar kamille19 • 17 Mai 2019 • Rapport de stage • 1 567 Mots (7 Pages) • 560 Vues
ANALYSE DE LA PRATIQUE EN STAGE
Lieu :
Je suis étudiante infirmière de première année et j’effectue un stage de 5 semaines dans une Maison d’Accueil Spécialisée. J’ai été affectée dans un service de 11 résidents. Les pathologies prévalentes sont le polyhandicap, association de déficit mental et handicap physique.
L’équipe se compose d’agents de soins hospitaliers, d’aides médico-spécialisées et d’un aide-soignant. L’infirmière s’occupe de 70 résidents et passe dans le service matin et soir.
Présentation de la situation :
Mr B à 46 ans, il présente un syndrome de Dawn associé à une démence de type Alzheimer diagnostiquée il y a 2 ans. Avant son arrivée, Mr B était hébergé dans un foyer occupationnel. Il a été admis dans le service à la suite de ce diagnostic et parce que son état général se détériorait. Les soignants me racontent que Mr B était une figure incontournable dans son ancien établissement. Il faisait beaucoup d’activités sportives, était très sociable, faisait rire. Certains des soignants du service avaient déjà fait sa connaissance lors de rencontres extérieures entre établissements. Dans sa chambre, qu’il partage avec un autre résident, il y a des photos de lui sur les murs, du côté de son lit. On peut le voir enfant, avec sa famille, lors d’activités ou avec ses amis. Il a aussi des posters de ses idoles du foot. Depuis son arrivée dans le service Mr B a progressivement perdu ses automatismes, en commençant par l’usage de la parole, puis le réflexe de déglutition, la continence, la marche… Il a subi une gastrostomie il y a 5 mois et est depuis nourrit par voie entérale. Mr B souffre de reflux gastro œsophagien, il est alité de 13h30 à 08h00 du matin, il n’a pas de réflexe de toux et a des glaires qui sont évacuées par sonde d’aspiration.
Le vendredi matin de la deuxième semaine de mon stage, l’infirmière à désadapté sa sonde de gastrostomie puis a aspiré les glaires accumulées au fond de sa gorge. J’arrive quelques minutes après avec un collègue aide-soignant, Mr L, pour procéder à une toilette complète au lit.
J’établis un contact visuel avec Mr B, lui dis bonjour, lui demande comment il va et je constate qu’il ne sourit pas, contrairement à son habitude. Je lui explique ce que je vais faire avec l’aide de Mr L. Je lui prends la main et lui demande de s’assoir. Mon collègue, qui se tient de l’autre côté du lit, lui prend également la main et tendons ses bras, ce qui est ritualisé comme une demande de s’assoir. Mr B s’assoit dans le lit, je le félicite et le remercie pour cet effort. Mr B tourne alors sa tête vers moi, me regarde et se met à pleurer. Je regarde mon collègue, je ne sais quoi faire ou dire. Mr B pose alors sa tête sur mon épaule et continu de pleurer. Je lui caresse le dos en signe de réconfort et lui dit : «Ce n’est pas la grande forme ce matin, vous êtes fatigué, je vous comprends vous n’aimez pas être aspiré, c’est désagréable.» A ces mots, je me rends compte que je ne dis rien de réconfortant, au contraire. Je regarde alors mon collègue qui comprend mon désarroi. Ce dernier prend la parole et dis : «Nous allons vous faire la toilette, ça va allez !». Je prends alors le visage de Mr B entre mes mains le regarde et lui dit : «Oui, nous allons faire la toilette, ça va vous changer les idées ; nous allons passer un bon moment !». Je lui caresse à nouveau le dos, Mr B se redresse, me regarde et esquive un timide sourire. Je souris à mon tour en insistant, mon collègue fait de même et Mr B, je le vois à son visage, se sent mieux.
Remarque, questionnements :
- Comment la maladie intervient dans la communication ? La démence de Mr B engendre une aphasie, mais elle n’a pas fait disparaître ses émotions. S’il ne peut plus exprimer ce qu’il veut ou ce qu’il ressent oralement, il cherche d’autres façons de s’exprimer comme le regard, les sourires, les larmes.
- A quoi correspondent les pleures de Mr B ? Dans cette situation j’ai considéré que les pleures exprimaient la fatigue, le ras le bol, le « j’en ai marre ». J’ai fait une déduction à partir de ce que je connais et perçois de Mr B à cet instant. Mais Mr B, voulait peut-être exprimer son refus du soin, il est difficile de recueillir son consentement au vu de son état général.
- Comment l’enchaînement des soins est vécu par le patient ? En effet chaque soignant vient effectuer un soin et le patient, surtout dans le cas de Mr B, subit le soin. Agréable ou non, il y a comme une accumulation, une charge, que le patient doit gérer. Les soins ce jour-là étaient-ils trop rapprochés ? Trop difficiles à gérer émotionnellement pour Mr B ?
- La toilette complète au lit de Mr B était-elle obligatoire ? Il est difficile pour un soignant d’entrer dans une chambre avec un but et d’en ressortir sans avoir atteint son objectif. La toilette est un soin de d’hygiène et de bien-être, ce jour-là, le besoin de bien-être prévalait sur l’hygiène. Avec le consentement de mon binôme, nous avons effectué la toilette du visage, des aisselles, du dos puis la toilette intime afin de respecter les règles d’hygiène tout en favorisant le bien-être et le confort.
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