Structure d'une piece classique

LA STRUCTURE D'UNE PIÈCE CLASSIQUE

Elle s'inspire largement, dans son organisation, de celle des tragédies antiques (cf. sommaire, tragédie):

1. L'exposition

Elle remplace le prologue antique (de rares pièces le conserveront), avec la différence qu'elle n'expose pas le déroulement complet de l'intrigue. Elle a pour but de poser le sujet, de présenter socialement les protagonistes, leur caractère et les relations qui les unissent ou les opposent. Elle donne aussi des renseignements sur le/s lieu/x de l'action, et sur les événements antérieurs dans la mesure où la pièce correspond souvent à l'explosion d'une crise qui couvait depuis longtemps. Boileau résume cette fonction de l'exposition: "Que dès les premiers vers, l'action préparée / Sans peine du sujet, aplanisse l'entrée." (Art poétique, III, v. 28-29) En général l'exposition correspond à la première scène, et cette brièveté rend parfois sa forme peu attractive: une conversation faite de longues tirades, par exemple, manque de vivacité, comme dans l'Ecole des Femmes de Molière, où Chrysalde et Arnolphe comparent leur conception du mariage, voire est totalement articielle, telle celle d'Iphigénie qui s'ouvre sur cette déclaration du roi Agamemnon à son confident Arcas:

Oui, c'est Agamemnon, c'est ton roi qui t'éveille:

Viens, reconnais la voix qui frappe ton oreille.

Certes, on peut la justifier par les réalités scéniques (cf. la représentation) et Racine prend soin de préciser que le jour n'est pas encore levé, mais la longue tirade d'Arcas qui suit, en rappelant à Agamemnon sa grandeur et son passé, n'est justifiée que par la nécessité d'expliquer au public la situation.

La rendre à la fois complète pour le public, qui doit être informé, et naturelle, pour retenir l'attention et créer un horizon d'attente, tels sont les deux enjeux d'une exposition.

2. Le noeud

Mis en place au cours de l'acte I, il représente l'élément déclencheur d'où naîtra l'intrigue. Il est le plus souvent lié à un obstacle, que le héros devra surmonter au fil de l'action. Jacques Schérer, dans La Dramaturgie classique en France (Nizet, Paris, 1974), définit la double nature de l'obstacle:

Les obstacles peuvent être extérieurs ou intérieurs. Ils seront extérieurs si la volonté du héros se heurte à celle d'un autre personnage ou à un état de fait contre lequel il ne peut rien. Ils seront intérieurs si le malheur du héros vient d'un sentiment, d'une tendance ou d'une passion qui est en lui. (p. 63)

Cependant, dès le moment où un obstacle extérieur (pouvoir paternel ou royal, raison d'Etat, toute-puissance divine...) est reconnu comme légitime par le héros, il est intériorisé, que le héros plie ou qu'il lutte. Ainsi, si le pouvoir d'Orgon était contesté par ses enfants ou son épouse, il n'y aurait plus de raison que la famille s'unisse contre

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