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Le problème du dépassement dans le sport

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Par   •  8 Décembre 2013  •  Analyse sectorielle  •  2 749 Mots (11 Pages)  •  627 Vues

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Cette séance est consacrée à la question du dépassement dans le sport

Oral : Rappel du Programme (travail commun)

Corpus : Synthèse et expression (travail individuel)

Corpus

Néanmoins, le sport nous renvoie l'image de certaines dérives. Enjeu d'intérêts économiques majeurs, le sport peut faire prévaloir le goût du spectacle sur toute autre finalité, au point d'ouvrir la porte à des tricheries diverses. Lieu de rassemblement, il peut aussi devenir lieu de débordements identitaires dégénérant en violence ouverte. Lieu de manifestation d'un enjeu national, le sport peut devenir nationaliste, et être instrumentalisé par les pouvoirs politiques et économiques de tous bords. Domaine de recherche et d'innovation, il peut conduire vers la manipulation des corps pour améliorer artificiellement les performances. Enfin, l'engagement physique lui-même est peut-être remis en cause par la multiplication des sports virtuels.

Bulletin officiel n°6 du 9 février 2012

Observation

1. Proposez un tableau de confrontation des documents suivants.

2. Pensez-vous que le désir de repousser les limites soit toujours dangereux ?

Pistes

Notes

1. Sociologue.

2. Cycliste français au palmarès brillant, mais impliqué dans une histoire de dopage, l'affaire Festina, en 1998.

3. Néologisme formé à partir d'"aliments" et de "médicaments".

4. Action de rendre infini.

5. Capacité à s'améliorer.

6. L'obstacle.

7. Etude de l'homme, science de l'homme.

8. Fait d'être limité

9. Religieux qui se soumet à une discipline très stricte.

10. Champions cyclistes héros du tour de France.

Document A

Dans un article du quotidien Libération, la philosophe Isabelle Quéval, elle-même ancienne sportive de haut niveau, fait une analyse critique des conséquences, sur le plan alimentaire, du culte de la performance qui anime les sociétés modernes.

Les Grecs, ces lointains cousins d’Astérix, définissaient [la santé] par la mesure, la proportion convenable des humeurs, l’harmonie avec la nature. Nous, Modernes, avons choisi la démesure. Les Anciens avaient une fascination pour la limite, nous avons résolument et depuis longtemps, au moins depuis les lumières, choisi le progrès à tout prix, l’illimité.

« No limits », vantent un certain nombre de publicités ou de slogans sportifs à l’intention des jeunes. Point de surprise alors, sauf celle de la mauvaise foi, à constater que notre société tout entière et pas seulement sportive, comme le montrait si justement il y a quelque temps Alain Ehrenberg1, voue, quasiment en aveugle, un véritable culte à la performance.

Mais le sportif de haut niveau n’est en réalité que le bouc émissaire d’une société qui est en toutes ses facettes ce qu’on appellera une « société dopante ». À commencer par le biais de la publicité, notamment dans ses messages concernant l’alimentation. « Manger sain pour être plus performant ! » sublimissime association des deux idéaux précédemment cités, comme pour nous faire croire à leur réconciliation et, du coup, à notre bonne conscience, comme si le bien-être supposément procuré par la nourriture était compatible avec ces injonctions permanentes à « se dépasser », « s’éclater », « se déchirer », « se défoncer », « s’arracher », expressions, au passage, hautement familières du vocabulaire sportif et entrepreneurial !

Astérix, c’est l’histoire d’un type qui ne peut pas être lui-même sans boire de la potion magique. C’est donc notre histoire à tous, nous les premiers Gaulois, plus gros consommateurs d’antidépresseurs du monde, nous dont la publicité ne cesse de vanter pour nos enfants des « quatre-heures à moteur » sans lesquels la journée scolaire devient insurmontable, des céréales dont les vertus sont telles que la bande dessinée derrière la boîte nous raconte que ceux qui les consomment sont soupçonnés de dopage, des yaourts, des desserts, des potages, toujours « enrichis en quelque chose », publicité qui incite nos élèves et étudiants et nous-mêmes, adultes surmenés, tous unis dans le même stress de la performance, à l’école comme à l’entreprise, à consommer en période d’examens ou de fatigue moult vitamines et autres antifatigue, boissons reconstituantes, générateurs de sommeil.

Santé et performance, c’est le nouveau duo à la mode de la publicité pour l’alimentation. Certes, personne ne s’est jamais dopé au jus d’orange (enrichi en vitamine C), ni même à l’aspirine (fluidifiant sanguin réduisant les courbatures). Mais l’attitude dopante ne commence pas avec le dopage répertorié – celui de Virenque2 –, elle commence dans nos têtes, dans nos mœurs, dans une idéologie de la performance qui conduit à penser que l’alimentation et tous ses adjuvants, et bientôt les fameux « alicaments3 », permettront d’améliorer cette performance. [...]

Mais bouc émissaire aussi, Richard Virenque, parce qu’on l’a accusé de tricher. Et certes, au regard des lois sportives, de ces règles et de cet esprit, le fameux fair-play, qui fondèrent le sport moderne, Richard Virenque a indéniablement triché et menti. Cependant, on pourrait regarder ce mythe, et ce qu’on lui fait dire, à deux fois. Parce que Richard Virenque lynché par les médias, quand avant lui Johnny Hallyday, Françoise Sagan ou Sartre ont reconnu s’être drogués pour assurer finalement eux aussi une performance, une création et sans que, à ce que l’on sache, celle-ci ait été annulée, ni minimisée, par l’aveu de dopage, c’est quand même deux poids deux mesures. Parce qu’on sait pertinemment aussi que, dans bien des domaines, la littérature et le « show-biz », la politique et l’armée, dans la préparation des concours, les individus qui consomment des drogues

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