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Le Sport Et La Guerre

Dissertation : Le Sport Et La Guerre. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  19 Avril 2012  •  1 379 Mots (6 Pages)  •  1 936 Vues

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A tout seigneur, tout honneur, c’est au baron Pierre de Coubertin que Michel Caillat s’attaque pour commencer. A droite comme à gauche, tout le monde encense l’« humaniste »... sans l’avoir jamais lu. Une étude de ses déclarations sur les femmes, les races, le colonialisme, l’Allemagne nazie vaut pourtant le détour. Le 16 août 1936, Coubertin clôture les Jeux olympiques de Berlin par ces mots : « Que le peuple allemand et son chef soient remerciés pour ce qu’ils viennent d’accomplir... » Que demande le peuple ? Du pain et des jeux. Oui, mais des jeux virils. « Une olympiade femelle serait inintéressante, inesthétique et incorrecte » affirme le baron sénile. Un point de vue partagé au passage par David Douillet dans son bouquin L’Ame du conquérant...

Au fil des pages, Michel Caillat résume les enjeux politiques et économiques qui hantent le sport et il tue le mythe du sport éducatif et fraternel. George Orwell le constatait déjà à son époque, « Le sport, c’est la guerre sans les coups de feu ». Une guerre qui fait malgré tout pas mal de blessés et, occasionnellement, des morts. Une thèse sur la saison 1980-81 de foot en Rhône-Alpes a recensé 30 000 blessures qui ont occasionné 68 880 jours d’arrêt de travail ! Soit un coût de 1,06 million d’euros d’indemnités journalières et 228 600 euros de frais médicaux. Qui a dit que le sport c’est la santé ? Sans doute pas les bébés champions victimes de traumatismes physiques et moraux. Les champions dopés peuvent aussi compter leurs hernies, leurs arthroses, leurs cancers, quand ils ne sombrent pas dans la dépression ou l’alcoolisme.

Bref, le sport n’est pas l’avenir de l’homme. Après la fête illusoire de l’après Mondial 98, vinrent les sifflets contre La Marseillaise lors du match France-Algérie en 2001... Le sport ne guérit pas plus le monde qu’il ne guérit les corps. Par quel miracle serait-il une panacée universelle ? Le sport se nourrit de libéralisme, de sexisme, d’élitisme, de haines chauvines... Jetons le bébé avec l’eau du bain et retrouvons des plaisirs physiques, des jeux, sans vainqueur ni perdant.

L'assimilation du sport à la guerre comme le propose ce numéro spécial du Monde diplomatique n'est certes pas acceptée par tous les chercheurs des sciences anthropo-sociales, mais il faut reconnaître que de sérieuses convergences existent entre les articles proposés ici, pour que la thèse soit effectivement discutée. Ignacio Ramonet et Christian de Brie ont dirigé ce numéro en lui conférant une unité critique. Ils ont réuni pour cela des contributions déjà publiées dans Le Monde diplomatique entre 1988 et 1996 et des articles inédits. Les regards se concentrent ici sur les Jeux Olympiques, sur le football, sur la compétition et sur l'éthique des sports, autant de thèmes circonscrits par une trentaine d'articles courts mais efficaces où se croisent des perspectives économiques, politiques, ethnologiques et anthropologiques. On trouve là des contributions d'universitaires faisant autorité dans le champ, comme Wladimir Andreff, Jean-François Bourg, Jean-Marie Brohm, Christian Bromberger, Michel Caillat, Jean-Pierre Karaquillo, Jean-François Nys ou des chercheurs comme Jacques Blociszewski, Jean-Jacques Gouget, Patrick Mignon et Jean Pichette, mêlés à des articles de journalistes ou de rédacteurs comme Paul Barker, Xavier Delacroix, Éric Maitrot et Robert Parienté, ou de grands reporters comme Dominique Rousseau, ou encore d'écrivains comme Eduardo Galeano ou de personnalités comme Roger Bambuck.

2La somme de toutes ces contributions ne conduit pas à un émiettement mais pose de façon critique les rapports que le sport entretient avec l'économie, le politique, les médias, et avec l'homme. Une somme de regards sans complaisance sur un objet considéré comme un fait social total

Pacem et circenses », voila ce que demandait le peuple de Rome à ses dirigeants, selon Juvénal ; le peuple de France ne demande pas mieux. Si cette année, il râle encore en payant sa baguette à cause de la crise, il n’en reste pas moins qu’il est beaucoup mieux servi en ce qui concerne le sport ! En effet cette année, pour le plus grand bonheur des téléspectateurs, se succèdent Roland-Garros, la Coupe du monde, et le Tour de France.

Si nous l’aimons tant, c’est peut-être parce que le sport ressemble beaucoup à notre vie quotidienne, en plus brutal. Si le monde du sport est régi par des règles strictes, il n’en

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