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En Quoi Le Statut De Sportif Professionnel Contrarie-t-il L'idéologie Sportive Prôné Par Pierre De Coubertin ?

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Par   •  15 Mars 2015  •  2 944 Mots (12 Pages)  •  1 049 Vues

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Le sport de manière codifié et institutionnalisé vu le jour au dix-neuvième siècle. Il émane de la classe de loisir comme le définit l'auteur Thorstein Veblen1. Cette classe de loisir, composée d'aristocrates n'ayant pas besoin de travailler, va développer le sport loisir afin de montrer ostensiblement leur usage improductif du temps et leur rang élevé dans la société. Le sport va ainsi être une composante du loisir qui, par conséquent, va s'opposer au travail. Dans la mentalité de cette classe, le travail est perçu comme indigne de l'homme car il use, contraint, soumet à un maitre, et implique un échange de temps de vie contre salaire. A l'inverse, le sport est un moyen de s'élever. Il est désintéressé et pure. Par conséquent, il était hors de question de retirer un quelconque avantage financier ou matériel de la pratique sportive. Cela se serait apparenté à du travail, ce qui est ignoble pour un homme de cette classe. Cette première idée du sport est donc une vision amateur de la pratique car elle est désintéressé et n'induit pas de contrepartie financière.

Ce modèle va persister jusqu'au début du vingtième siècle, porté notamment par Pierre de Coubertin qui en fera un des fondements de l'Olympisme. Puis peu à peu péricliter tout au long de ce siècle, suite à l'accroissement des enjeux liés au sport, garantissant ainsi d'importantes sommes d’argent pour les meilleurs sportifs, jusqu'à rendre le sport amateur de haut niveau marginal de nos jours. En effet, le développement des médias, et notamment de la télévision, a accordé au sport une large visibilité. De plus en plus de gens se sont intéressés aux événements sportifs, en se rendant au stade ou au travers les médias. Ainsi, les organisateurs d’événements ont obtenu d'importantes recettes venant de la billetterie, et les médias par la publicité. Peu à peu les marques ont saisit les intérêts qu'ils tireraient de s'associer au sport, élargissant encore davantage les retombés économiques du phénomène.

Les répercussions de cette économie sur les sportifs ont été plutôt lentes à se manifester tant le sport était imprégné des fondements qui l'ont vu naitre. Le passage d'un athlète à un statut professionnel, impliquant donc qu'il obtienne rémunération ou biens matériels du fait de sa pratique lui permettant ainsi de vivre de sa discipline, resta prohibé durant la majeure partie du vingtième siècle par la plupart des fédérations et comités français et internationaux. Toutefois certains sportifs n'attendirent pas l'aval des institutions pour se comporter comme sportif professionnel. La notion d'amateurisme marron désignera ce professionnalisme déguisé. Cela consistait pour un sportif amateur à accepter une rétribution d'un tiers malgré l'interdiction de sa fédération. Conscient de la supercherie, les fédérations ont été contraintes d'admettre le professionnalisme dans leurs disciplines. Si la Fédération Française de Football fut avant gardiste en la matière en acceptant les joueurs professionnels dès 1930, d'autres y furent plus réticentes à l'image de la Fédération Française de Rugby qui ne l'admit qu'en 1995. Quand aux jeux Olympiques, temple de l'amateurisme, ils ont admis à partir de 1984, de voir participer aux Jeux des athlètes professionnels dans certaines disciplines.

Cela nous amène à nous poser ce questionnement : En quoi le statut de sportif professionnel contrarie t-il l'idéologie sportive prôné par Pierre de Coubertin ?

Nous nous intéresserons dans un premier temps à savoir qui était Pierre de Coubertin, son idéologie, son oeuvre et sa vison de l’amateurisme, puis dans une seconde partie nous nous intéresserons, au travers d’exemples manifestes, à certaines déviances et perversions qu'a engendré le professionnalisme des sportifs.

Né le 1er janvier 1863, Pierre de Frédy dit le baron de Coubertin, est connu du monde entier comme étant l'instigateur de la rénovation des jeux Olympiques de l’ère moderne. Issu d'une riche famille d’aristocrates catholiques, il a également fortement milité en faveur de la promotion du sport scolaire en France en s'inspirant du modèle anglais qu'il a pu observer notamment au sein du collège de Rugby lorsqu'il s'y rendit en 1883. Il y rencontra le révérend Thomas Arnold, directeur du collège, et mit en opposition le système de pédagogie français fondé sur l'autorité, à celui mis en place par le révérend : « Grâce au sport, Arnold avait éduqué toute une jeunesse et, lui avait appris surtout […] le sens de la responsabilité ; faisant éclater les vieilles structures fondées sur le système de l'obéissance absolue des élèves et de la répression, Arnold avait trouvé qu'éduquée d'une manière intelligente, la jeunesse était capable d'avoir de la raison »2. En 1887, bien que sa campagne en faveur du sport scolaire n'eut pas l'effet escompté auprès du corps enseignant ni des parents d'élèves en France, il crée une école de rugby, voyant cette pédagogie par le sport comme étant génératrice de valeurs morales et préparant idéalement à la vie.

En 1889, il assiste à un événement sportif annuel depuis 1850 et précurseur des jeux Olympiques de l'ère moderne dans la ville de Much Wenlock, en Angleterre, sur invitation de son organisateur William Penny Brookes. Ces jeux, émanants de l'aristocratie britannique, sont le reflet du développement de la pratique sportive au XIXe siècle, pratiqué par une classe d'individus aisés n'ayant pas la nécessité de travailler pour subvenir à leurs besoins. Dotée d'un temps de loisir conséquent, cette bourgeoisie va codifier le sport afin de pratiquer une activité physique sans être subordonné et n'ayant aucune finalité si ce n'est une satisfaction et un plaisir personnel. Cette classe de loisir se démarque ainsi ostensiblement des travailleurs, dont leur activité leur est primordiale pour vivre. Leur pratique se veut pure car désintéressée et dénuée d'enjeux. C'est cette vision de l'amateurisme que prônera Pierre de Coubertin dans son souhait de rénovation des jeux Olympiques.

De retour en France, il proclame, en 1892 lors du cinquième congrès de l'USFSA3 à la Sorbonne, le discours de rénovation des jeux Olympiques, mais cette annonce n'obtient pas l'écho attendu. Ce n'est que deux ans plus tard, le 23 juin 1894, de nouveau à la Sorbonne, que Pierre de Coubertin organise le « Congrès pour le rétablissement des jeux Olympiques »

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