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Une Partie De Campagne

Mémoire : Une Partie De Campagne. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  15 Mars 2013  •  1 061 Mots (5 Pages)  •  1 464 Vues

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Avant d’arriver à l’auberge particulièrement champêtre de Bezons, les Dufour passent successivement d’un paysage urbain à un autre intermédiaire. Paris, rejeté par les Parisiens, n’est désigné que par deux lieux : les Champs Elysées et la Porte Maillot. La description devient plus détaillée quand les personnages portent leur regard sur l’horizon de la proche banlieue. Dans un premier temps donc, les Dufour s’approprient collectivement le paysage par le regard qui opère un mouvement panoramique de droite à gauche, de bas en haut, du proche au lointain dessinant une sorte de cadre, et construisant une image du paysage qui s’éloigne, thème récurrent chez Maupassant.Nous avons là une technique type dans un incipit qui relève d’une esthétique de la représentation, qui définit un horizon d’attente réaliste et s’avère suggestive pour un contemporain de Maupassant.Passée la Seine, le paysage proprement campagnard est réduit à un seul nom : Bezons, mais il se construit peu à peu. D’abord dirigé sur la rivière ; puis longuement sur l’auberge, c’est surtout le regard de Mme Dufour qui sélectionne la guinguette pour son enseigne accrocheuse, son aspect champêtre et selon ses propos, plutôt laconiques : " la vue ".Ensuite le paysage, décrit à la faveur des yoles (elles donnaient envie de filer sur l’eau...) est beaucoup moins assumé par l’œil des personnages. Cela peut correspondre à trois intentions : d’abord exprimer la vision poétique du narrateur dans une syntaxe élaborée, gonflant l’apodose, ensuite offrir une sorte de tableau texte atemporel, enfin décliner le thème du désir maintes fois repris explicitement.Ainsi à cette étape du texte, le paysage semble déborder la fiction proprement dite centrée sur les Dufour. De plus, il s’avère diamétralement opposé au paysage lépreux de la banlieue dont le narrateur avait noté l’aspect repoussant pour démentir l’attendrissement précoce de Mme Dufour. Les deux passages construits dans une sorte de diptyque apportent un second démenti et soulignent la bêtise de la quincaillière tout en valorisant la compétence poétique du narrateur. A moins que les émois paysagiers de Mme Dufour fonctionnent comme des moyens de détourner la méfiance de son mari.Un paysage voilé est ensuite esquissé seulement dans le récit condensé des canotiers. Il échappe encore à la prise directe du regard des personnages mais les invite, ainsi que les lecteurs, par le système de la double narration, à se plonger dans une vision éblouissante de l’ordre du mental.Le paysage, après le repas, rejoint la fiction proprement dite, et est davantage un paysage sensation, lorsque Mlle Dufour se trouve en tête à tête avec son canotier. La préhension du paysage procure alors à la jeune fille des sensations à la fois agréables (quiétude, plaisir enivrant) et désagréables (respiration courte, étourdissement). La conjugaison des effets de l’eau, du vin, de la chaleur (torrentielle) libère alors une sensualité chez Henriette à l’unisson de celle d’Henri. L’émotion paralysante suscitée est alors proche de celle d’une drogue.On note un effet semblable dans En voyage à propos des orangers " cette senteur violente et douce, savoureuse comme une friandise, semble se mêler à nous, nous imprègne, nous enivre, nous alanguit, nous verse une torpeur somnolente et rêvante. On dirait un opium préparé par la main des fées et non par celle des

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