Supplément Au Voyage De Bougainville
Recherche de Documents : Supplément Au Voyage De Bougainville. Recherche parmi 299 000+ dissertationsPar Dydyy09 • 23 Juin 2013 • 1 126 Mots (5 Pages) • 754 Vues
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En quoi l’opposition entre les thèses de l’aumônier et celle d’Orou conduit-elle à une
critique de l’Europe ?
Introduction:
Les deux personnages envisagent la question de la sexualité à Tahiti. Or cette question est un point
qui séduit l’imaginaire du XVIIIème siècle par rapport au monde sauvage. C’est le problème du libertinage amoureux, qui s’est également posé dans la littérature avec des oeuvres comme Les égarements du coeur et de l’esprit de Crébillon ou Les liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos. Le discours d’Orou est d’ailleurs lancé par le mot « libertin ».
Diderot s’inspire donc d’un sujet traditionnel du discours sur les moeurs sauvages : la sexualité.
Mais son approche est originale : il n’y a pas de pittoresque douteux. La liberté sexuelle tahitienne n’est pas traitée en tant que telle, mais comme un instrument de la critique des moeurs européennes. L’utopie tahitienne devient un instrument de la critique de l’Europe.
I. Un dialogue critique
1) Fonctionnement du dialogue entre l’aumônier et Orou
a) Cet extrait se structure en deux parties fortement antithétiques, toutes deux construites sur le
même schéma :
- succession de répliques courtes : l. 1 à 12 ; l. 37 à 46,
- puis une longue réplique qui expose le fonctionnement d’une société : l’Europe l. 13 à 36 ; puis Tahiti l.
47 à 64
domination d’Orou : dans les deux cas, c’est lui qui énonce les répliques les plus longues
Les premières répliques de l’aumônier sont l’affirmation de « vérités », celles de l’aumônier,
c’est-à-dire celles de la religion catholique, elles sont de l’ordre du jugement : phrases déclaratives,
structure simple ;
A l’assurance de l’aumônier s’oppose le refus d’Orou : longuement développé, riche en procédés.
Apparemment les deux interlocuteurs entretiennent une relation d’amitié mais il s’agit en fait un
dialogue de sourds. L’aumônier ne répond pas aux questions d’Orou qui n’en sont d’ailleurs pas de
réelles, mais plutôt une façon de rompre le dialogue et de remettre en cause le fondement idéologique de ces mots.
Dans la deuxième partie du texte, c’est Orou qui refuse de répondre aux questions de l’aumônier
« O étranger ! ta dernière question achève de me déceler la profonde misère de ton pays »
un renversement inattendu
L’importance de ce texte se caractérise par le discours du sauvage sur l’Europe. Il s’agit ici d’un
renversement du schéma ethnographique traditionnel, où l’Européen analyse et juge celui qu’il nomme sauvage. C’est ici le « civilisé » qui se découvre jugé par un regard étranger.
On peut d’ailleurs remarquer que l’aumônier ne conteste pas les propos d’Orou.
2) La figure du sauvage
a) Il est le juge de la civilisation européenne : elle est « extravagance », « monstrueuse », elle est
caractérisée par une « profonde misère » (termes dépréciatifs) : elle est donc contre-nature
b ) Il possède une un savoir omniscient : il sait tout sans avoir vu et est capable de reconstruire une image
de la société européenne, et ce par une démarche déductive, c’est-à-dire par la raison : « tu ne me dis pas
tout » ; « je sais tout cela comme si j’avais vécu parmi vous »
c ) Il maîtrise la rhétorique : 1 - une phrase interminable qui témoigne de la maîtrise syntaxique et
conceptuelle d’Orou ; 2 - une réplique longue et très argumentée mais pas très orale.
La maîtrise du dialogue par le sauvage montre qu’en fait Orou
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