Sujets D'invention Poésie

Victor Hugo invite ses confrères dans sa nouvelle bibliothèque pour débattre de leurs écrits.

Victor Hugo : Asseyez-vous mes amis.

Joachim Du Bellay : Quel bonheur de voir réunis dans ta bibliothèque de si grands hommes !

Charles Baudelaire (La pipe à la bouche) : Il n’y qu’à tendre la main pour voyager …

Victor Hugo : Aujourd’hui ici, demain ailleurs, mais vos écrits demeureront à jamais. Ce n’est pas le voyage qui compte mais la trace que l’on laisse. Vous savez tout le bien que je pense de vous, vos œuvres occupent une belle place dans cette pièce.

Joachim Du Bellay : Vraiment ? Et que penses-tu de nos poèmes ?

Victor Hugo : Je les apprécie mais je n’adhère pas à toutes vos idées. Par exemple pour moi la poésie sert à montrer son engagement, à guider le peuple, ou comme dans « Melancholia » à critiquer la tyrannie et l’esclavagisme.

Charles Baudelaire : Mon cher Victor, tu changes d’avis comme de chemise. Toi qui étais Orléaniste tu es maintenant considéré comme un ennemi de l’Empire par Badinguet ou comme tu l’appelles : « Le petit ».

Victor Hugo : Certes mon opinion a changé, j’ai mûri et mes pensées aussi. Je ne changerai plus d’avis, l’homme que tu as en face de toi est un homme mature et réfléchi. Et toi Charles, quand tes poèmes deviendront-ils engagés ?

Charles Baudelaire : Pour moi la poésie n’est pas liée à la maturité et n’a pas d’autre but qu’elle-même. Ma plume me permet de m’évader et non de dénoncer. Mes écrits ont une fonction cathartique, ils me permettent d’entrevoir des choses mystérieuses et insoupçonnées. Il faut aller au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau. L’idéal est accessible rapidement grâce au rêve mais il est fictionnel et éphémère. Joachim de quel côté te ranges-tu ?

Joachim Du Bellay : Pour ma part l’objectif premier est de faire reculer le monstre de l’ignorance en enrichissant la langue Française à l’aide du Latin et du Grec comme tu as pu le lire dans « Défense et illustration de la langue française ». La poésie est pour moi la langue des Dieux, je ne suis qu’un intermédiaire entre notre monde et le leur. Mon engagement n’est pas politique mais spirituel.

Charles Baudelaire : Ce que tu dis est fort intéressant. Une question me vient à l’esprit quand je lis tes poèmes : pourquoi écris-tu toujours en vers ?

Joachim Du Bellay : Est-ce ta pipe pleine de chanvre ou ton verre rempli d’absinthe qui te masque l’évidence ? Un poème s’écrit en vers il n’y a pas d’autre façon de faire.

Charles Baudelaire : Cela n’a rien à voir avec le haschich, la fée verte ou d’autres psychotropes, regarde dans « Petits poèmes en prose » je n’utilise pas la versification mais bien la prose. Elle apporte une certaine originalité, de nouveaux rythmes, de nouvelles harmonies et figures de style. La prose est plus malléable, plus libre.

Joachim Du Bellay : Et moi je pense que la poésie perd en noblesse et que tu cèdes à la facilité. Quant à toi Victor comment abordes-tu tes poèmes ?

Victor Hugo : J’écris

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