Ruy Blas, Victor Hugo

Sujet

Victor Hugo écrit dans les notes de son drame Cromwell :

« D’où vient que Molière est bien plus vrai que nos tragiques ? […] C’est aussi que la comédie est bien plus près de la nature que la tragédie ».

Dans quelle mesure ces formules peuvent-elles éclairer votre lecture de Ruy Blas ? Expliquez et commentez, en vous appuyant sur des exemples précis.

La tragédie, qui selon Aristote, doit susciter chez le spectateur la purgation c’est-à-dire pitié et crainte se déroule dans un monde cruel, déterministe. Elle se distingue donc par une distanciation entre l’histoire et le spectateur. Victor Hugo, un des plus importants écrivains de la langue française écrit en 1838, le drame romantique Ruy Blas. Cette pièce de théâtre qui connaît un succès immédiat auprès du public subit malgré tout de sévères critiques, reprochant à Hugo l’incongruité sociale de la pièce. En effet, Hugo donne une représentation de la monarchie espagnole décadente et corrompu de la fin du 17e siècle sur plusieurs mois où le laquais éponyme, amoureux de la reine, se fait passer pour un grand d’Espagne afin de la séduire pour que son maître se venge d’avoir été disgracié par elle mais se sacrifie pour sauver l’honneur de sa bien-aimée. Hugo, faisant le parallèle avec le contexte politique français où l’œuvre est écrite, c’est-à-dire pendant la Monarchie de Juillet, cherche à faire réfléchir le spectateur sur les problèmes des conditions sociales et le pouvoir politique en place. Ce qui fait sortir le genre de sa tragédie des règles. Dans les notes de Cromwell, Hugo cherche à savoir qui de la comédie et de la tragédie est plus à même de représenter le monde réel tel qui est vraiment. On peut donc se demander en quoi le drame romantique Ruy Blas peut-il être un reflet de la réalité et de la nature humaine ?

Dans la préface de Ruy Blas, Hugo affirme chercher à dépasser les trois genres de théâtre, la comédie, la tragédie et le mélodrame qu’il associe aux « penseurs » pour la comédie, aux « femmes » pour la tragédie et la « foule » au mélodrame en proposant d’écrire pour tous. Il ne parle alors plus de tragédie mais plutôt de drame afin de couper la séparation entre tragédie « noble » et comédie « basse ».

Hugo donne un nom d’un personnage quasiment à chaque acte de la pièce ce qui permet tout d’abord de faire comprendre la progression de l’intrigue qui montre l’évolution de chaque personnage sur leur façon d’être ou de se comporter, mais surtout de montrer un désir d’inclusion de la réalité dans sa globalité, par le biais d’une symbolisation de personnage sur différents plans comme dans la réalité. Chaque personnage est porteur d’un symbolisme polyvalent. Salluste, par exemple est perçu au sens historique comme un noble corrompu, comme un égoïste au point du vue humaniste et comme le Drame d’un point de vue littéraire. César est perçu comme un noble préférant être mendiant plutôt qu’un corrompu au sens historique, il est l’incarnation de l’humilité et de l’indifférence d’un point de vue humain et d’un point de vu littéraire, il représente la Comédie. Quant à Ruy Blas, il représente le peuple au sens historique, le dévouement et la passion d’un point de vue humain et la Tragédie d’un point de vue littéraire.

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