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Reponse De Bougain Ville

Commentaires Composés : Reponse De Bougain Ville. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  28 Novembre 2012  •  667 Mots (3 Pages)  •  1 077 Vues

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« vieillard, la violence de tes propos m’étonne : en effet ; j’avais cru jusqu’alors avoir découvert en ton peuple les habitants d’une nouvelle Cythère, tout entiers tournés vers l’amour, et voilà que je rencontre la haine. Je pourrais répondre à ton réquisitoire sur le même ton, avoir les mêmes sentiments extrêmes que ceux que tu éprouves, et basculer comme toi dans l’injustice et l’irrationnel. Mais je suis un homme des Lumières, et la Raison est la seule déesse que je vénère : je vais donc te démontrer rationnellement et calmement que tu te trompes point par point sur les motivations que tu me prêtes.

Tu m’accuses tout d’abord de vouloir m’approprier ton pays par la force. Certains colonisateurs antérieurs, je l’admets ; ont agi de la sorte, mais ce n’est pas la façon dont nous, voyageurs des Lumières, considérons le monde. Ton pays, mon pays, ces notions de propriété sont pour nous des notions dépassées : nous nous proclamons citoyens du monde, et pour nous, les frontières ne sont que des tracés arbitraire qui divisent et séparent les membres d’une même espèce, les hommes.

Ton second grief, tu le vois bien, n’est pas plus justifié que le premier : il n’est pas question pour moi de réduire ton peuple en esclavage. Pour reprendre les propos de mon ami Louis de Jaucourt, l’achat d’êtres humains, pour les réduire en esclavage, est un négoce qui viole la religion, la morale, et tous les droits de la nature humaine. Tu affirmes avoir respecté en nous ton image ? Sache que nous aussi, nous sommes respectés la couleur de la peau ou le mode de civilisation. La liberté est un droit inaliénable de la nature humaine. Il est donc proprement intolérable à nos yeux d’en priver quiconque : les hommes et leur liberté ne sont point un objet de commerce ; ils ne peuvent être ni vendus, ni achetés, ni payés à aucun prix. Nous voyageons bien pour enrichir. Mais pas avec des esclaves, avec de la connaissance.

Tu affirmes d’autre part que tes mœurs sont plus sages et plus honnêtes que les nôtres ; comment peux-tu être aussi péremptoire, toi qui n’as aucune notion de la relativité des cultures et des pays ? Moi, je suis tolérant, et je veux bien reconnaître qu’il y ait fort à reprendre parmi les mœurs de notre vieille Europe. Mais je ne peux admettre que tu fasses de l’ignorance une vertu, et je veux te montrer que les lumières dont tu parles sont loin d’être inutiles ni chimériques. Ainsi, tu es un homme de bien, et tu veux sans doute le bien être de ton peuple. Si donc tu en avais la capacité, ne voudrais-tu pas lui éviter la maladie, la mort ? Nous, nous le pouvons grâce à nos récentes découvertes sur la vaccination. Tu évoques la nourriture : nos physiocrate sont élevé l’agriculture au rang d’une véritable science, et multiplient le rendement de nos champs. Tu qualifies les Tahitiens d’ « êtres sensés », sous prétexte qu’ils refusent les commodités de la vie ? Qu’y-a-t-il de sensé à vivre comme des bêtes, dépendant de la nature, sans rien maîtriser de son environnement ?

De la même façon, tu te vantes d’avoir rendu la somme de tes fatigues annuelles et journalières la moindre qu’il était possible, tu rejettes le travail, et rien ne te paraît préférable au repos : si tu bornes tes efforts à satisfaire tes seuls besoins naturels, tu ne

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