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Hugo "Crépuscule"

Commentaire de texte : Hugo "Crépuscule". Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  20 Janvier 2017  •  Commentaire de texte  •  1 425 Mots (6 Pages)  •  961 Vues

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Introduction

[Amorce et présentation du texte] Hugo compose Les Contemplations à la mémoire de sa fille disparue : il définit son recueil comme « les mémoires d’une âme », et dit dans la préface : « Ce livre doit être lu comme le livre d’un mort ». Dans « Crépuscule », le romantisme hugolien fait entendre, dans un décor bucolique crépusculaire et une atmosphère étrange – presque fantastique –, l’injonction des disparus aux vivants pour qu’ils connaissent l’amour avant de descendre au tombeau. [Annonce des axes] Hugo est à la fois peintre et dramaturge pour animer [I] cette étrange scène crépusculaire [II]. Il y exprime, en poète romantique, sa conception profonde et personnelle de la relation entre le monde des vivants et celui des morts [III].

I. Hugo, peintre et dramaturge romantique

Hugo met en place le décor de ce « crépuscule », moment où l’ombre et la lumière trouvent un équilibre dans lequel le réel perd sa netteté et laisse place à l’imaginaire. C’est à la fois une peinture et des indications de mise en scène dont il a l’habitude de faire précéder les scènes dans ses drames romantiques.

1. Un tableau familier

Hugo dessine les formes d’un paysage familier de campagne et de nature, avec « des collines », « un étang », un « bois », « une forêt », « une clairière » ; c’est une nature pour partie cultivée, avec des « prés » plantés de blé déjà moissonné et rassemblé en « javelles », et « la forme d’un toit ».

La nature est aussi animée par les humains : un « faucheur » marche, peut-être vers cette « chaumière » que l’on devine ; ces paysans ont leurs morts, près d’eux, dans un cimetière planté des « ifs » traditionnels, avec ses « sépulcres » ou ses « tombe[s] ». Des « amants passe[nt] », « dans l’ombre ».

Hugo colore la scène de précisions de luminosité et pose quelques couleurs sur sa toile, qui créent des contrastes : reflets argentés de l’étang « aux blanches moires », branches « noires », « sentiers bruns », « vert coudrier », « toit noir » et, dans le ciel, « lueur » d’une « étoile » comparée à une « fleur de lumière ».

2. Une scène étrange qui s’anime

Sous l’effet du « vent », le tableau s’anime progressivement : l’étang, personnifié, « frissonne », le « brin d’herbe […] tressaill[e] », la nuit tombe et « Vénus » monte « au sommet des collines ».

La forêt se peuple de personnages mystérieux qui prennent la parole et créent une atmosphère étrange : « L’herbe s’éveille et parle », parfois même au style direct (v. 10-12).

II. Une atmosphère étrange

1. Une atmosphère fantastique

C’est en effet une atmosphère presque fantastique qui s’installe dans ce cadre, lequel perd progressivement son aspect familier avec la tombée de la nuit. « L’étang » devient « mystérieux », la diérèse ajoutant encore à cette impression d’étrangeté.

Les sensations et les impressions sont ambiguës : on est au début de l’été, saison des « fraises » et des blés, le coudrier est encore « vert » mais on frissonne, « on a froid ». L’étang est comme un drap mortuaire, « un suaire », l’ombre des « ifs », arbres des cimetières, s’étend sur les « sépulcres ».

Des brumes légères, comme de « blanches mousselines », donnent l’impression que des silhouettes féminines, taches lumineuses, parcourent les sombres « sentiers bruns ».

Les vers qui décrivent le paysage et ses métamorphoses jouent des changements de rythme, avec des coupes qui laissent à l’alexandrin toute sa place, ou le ralentissent, ou l’accélèrent pour dramatiser la scène.

2. Des présences indistinctes, une vie cachée

Des personnages, des présences indistinctes, parfois allégoriques, se croisent : « Vénus », à la fois étoile et déesse de l’amour, de simples « passants » – des femmes peut-être, couvertes de « blanches mousselines » –, un « faucheur » au pas lourd, dans le vent « l’ange du soir ».

Par touches successives, une vie minuscule s’anime : « l’herbe » « s’éveille », le « ver luisant » « erre avec son flambeau », les « sépulcres » eux-mêmes ne « dorm[ent] » plus, le « tombeau » tressaille.

3. Une scène qui se sonorise

Toute cette scène se met à bruire de chuchotements, d’injonctions mystérieuses (sans guillemets) de plus en plus intenses, sans que l’on puisse identifier au début la provenance de ces murmures ou de ces appels. Est-ce le poète – témoin et metteur en scène de ce crépuscule – ou la nature avec ses bois, l’étang, les sentiers qui interrogent de façon insistante en répétant « Avez-vous vu Vénus […] », où l’allitération

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