Dissertation sur le poème l'Enfant de Victor Hugo

A- Ce rôle d’évasion hors du réel n’est pas exclusif. Pour cause, la poésie n’évite certes pas le réel; elle peut être prise dans celui-ci. On peut grâce à la poésie dénoncer des faits et des actes qui s’inscrivent dans l’époque. Ainsi, dans L’Enfant, Victor Hugo dénonce les horreurs de la guerre à travers l’exemple du massacre de Chio. Il construit tout au long du poème un jeu d’opposition entre la situation de l’enfant grec rescapé et les remèdes qui pourraient le consoler.

La première strophe nous décrit Chio comme une île idéale où régnait le bonheur et l’opulence. La seconde strophe marque la rupture de cette idylle a cause de la guerre et expose son résultat en employant le champ lexical de la destruction ‘ ruine, deuil’... En plus des dégâts matériels, les conséquences affectives sont irréversibles. Comme le montre l’enfant abandonné rongé par la solitude et la détresse. C’est le passage du paradis au néant pour la ville et ses habitants.

Le narrateur exprime sa pitié, en passant du récit au dialogue à la strophe 4. Il interroge directement l’enfant sur les remèdes qui pourraient le réconforter en utilisant l’anaphore ‘veux-tu’ . Il affiche une attitude protectrice et réconfortante envers celui-ci. Cependant la réponse de l’enfant ‘ je veux de la poudre et des balles’ montre l’envie grandissante de vengeance du garçon. Par conséquent cette dernière réplique témoigne que les destructions de la guerre ne sont pas seulement matérielles mais aussi psychologiques. Cette guerre a fait sortir l’enfant de son innocence et le jette dans le monde violent des adultes. Malgré l’effort de l’adulte a consolé l’enfant, celui-ci est trop déterminé à se venger.

La poésie engagée nous invite donc à réfléchir et à prendre parti dans la cause défendue par le poète qui, ici, est la dénonciation de la guerre. Ainsi, à travers ce poème, Victor Hugo lutte en faveur de l’enfance malheureuse en s’ancrant dans l’Histoire et en amenant le lecteur à une prise de conscience.

B- 1) La poésie est avant tout un assemblage de mots et d’expressions servant à provoquer chez le lecteur un sentiment. Ainsi, dans Le Lac, Alphonse de Lamartine nous emmène à revivre son souvenir. Il se remémore le temps passé en compagnie d’une amie sur le bord d’un lac. Ce poème est entièrement axé sur la libération des sentiments du personnage. Lamartine se sert du pronom ‘je’ pour s’exprimer et l’usage de la première personne du pluriel permet au lecteur de se reconnaître dans le cri de douleur poussé par le poète. Il livre ainsi son désespoir face au temps. En effet, il se plaint du temps qui passe et implore le temps de ‘suspendre son vol’. Cependant, le temps ne peut s’arrêter de couler et c’est là l’idée maîtresse du texte : il faut savourer le temps présent. Le poète s’adresse à tout le monde et exprime des sentiments que chacun a déjà pu éprouver. La solitude de l’auteur se fait ressentir par le champ lexical qu’il emploie : ‘seul’(vers 7), ‘silence’ (vers 13), ‘malheureux’ (vers 25), ‘néants’ (vers 43), puis la tristesse se fait deviner : ‘éternité, néant, passé, sombres abîme’ (vers 43). Lamartine constate avec amertume que le passé heureux est perdu à jamais, que le temps en a effacé la trace et qu'il ne peut être restitué.

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