Comparaison film nouvelle époux Montpensier
Commentaire d'oeuvre : Comparaison film nouvelle époux Montpensier. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Illyriale K • 1 Décembre 2018 • Commentaire d'oeuvre • 1 661 Mots (7 Pages) • 2 175 Vues
Question Littérature :
Quelles différences y a t il entre la relation des époux Montpensier
dans la nouvelle et dans le film ?
Les époux Montpensier illustrent bien le mariage arrangé du XVIeme siècle, néanmoins, leurs relations présentent quelques différences dans la nouvelle La Princesse de Montpensier de Mme de Lafayette écrite en 1662 et dans l’adaptation cinématographique éponyme réalisée par Bertrand Tavernier en 2010, apportant de le profondeur et plus de contraste aux personnages. Cela nous conduis donc légitimement à nous demander quelles différences peut-on relever de la nouvelle au film. En effet, le couple Montpensier est tout d’abord un couple imposé. D’autre part, il s’agit également d’un couple déchiré par la jalousie maladive du Prince de Montpensier. Enfin, nous aborderons la possibilité que l’on remarque dans le film exclusivement que les époux auraient pu apprendre à s’aimer.
En premier lieu, leur mariage leur fut imposé par leurs parents suite aux arrangements conclus entre le père du prince et celui de la princesse, comme il était d’usage dans les familles aristocratiques au XVIeme siècle, et même après. En effet, la princesse était promise au jeune frère d’Henri de Guise. Cependant, la maison de Bourbon (celle à laquelle appartient le Prince de Montpensier) intrigua de manière à ce que cette union (et donc cette alliance politique) ne soit pas conclue avec de Guise mais avec elle-même. La fille du marquis de Mézières et future Princesse de Montpensier fut donc mariée au Prince de Montpensier. Il apparaît donc ici que le mariage n’est aucunement le fruit d’un amour partagé qui mène à union ad vitam aeternam mais uniquement un moyen d’intriguer, de comploter, d’accroître la puissance de sa famille et d’affaiblir celle de ces rivaux. Ceci est bien illustré dans la phrase de la nouvelle : « Les choses étaient en cet état lorsque la maison de Bourbon, qui ne pouvait voir qu’avec envie l’élévation de celle de Guise, s’apercevant de l’avantage qu’elle recevrait de ce mariage, se résolut de le lui ôter et de se le procurer à elle-même, en faisant épouser cette grande héritière au jeune prince de Montpensier, que l’on appelait quelque fois le prince dauphin. » (p.40). De même, dans le film, la scène où le père du Prince de Montpensier exerce une pression assez inquiétante, allant presque jusqu’à menacer le marquis de Mézières, évoque aussi ces intrigues politiques. De plus, Mme de Lafayette écrit dans la nouvelle que Mlle de Mézières avait déjà éprouvé une certaine inclination envers le Duc de Guise alors qu’elle était promise au frère de ce dernier. Or, ce changement de promis lui assurait de ne plus revoir le Duc de Guise, ce qui la révolta et lui fit même tenir tête quelques temps à sa famille avant qu’elle n’accepte d’abandonner et de consentir à cette union. L’aspect forcé de cette union est exprimé dans la nouvelle par « Mlle de Mézières, tourmentée par ses parents... » ce qui reste plutôt vague sur lesdits tourments infligés par les parents à leur enfant mais peut laisser suggérer d’une simple pression psychologique jusqu’à des violences physiques. En revanche, sont représentés dans le film les échanges houleux, et même violents entre le père et la fille, ainsi que l’insistance des propos de la mère qui ne laisse guère de choix non plus. Les époux, et surtout le personnage de la Princesse de Montpensier éprouve donc une certaine rancœur et un fort sentiment d’injustice à l’égard de ce mariage.
En revanche, si la nouvelle reste souvent évasive quand aux conditions obscures de l’arrangement de ce mariage, le film lui, rentre plutôt dans les détails, de manière parfois assez dérangeante, et d’une manière que les règles de bienséance imposée à l’époque de Mme de Lafayette, notamment pendant le classicisme, n’auraient jamais permis. Ainsi, lorsque l’auteure écrit « tourmentée par ses parents », le film nous montre crûment le marquis de Mézières battre sa fille. D’ailleurs, dans la nouvelle, à peine le mariage entre le Prince de Montpensier et Mlle de Mézières est il évoqué qu’il est déjà conclu, on nous parle de son arrangement mais pas du mariage en lui même. Alors que dans le film, Bertrand Tavernier a fait le choix de représenter la scène du mariage mais surtout de sa consommation, et à très bien réussi à rendre compte du fait qu’il s’agissait d’un mariage forcé jusqu’au bout. En effet, toute la scène de la nuit de noces est ritualisée. De nombreux serviteurs se tiennent près du lit des jeunes amants pour vérifier que la consommation à bien lieu, le père vient examiner sa fille comme du bétail qu’il emmènerait au marché, puis il rejoint le père du Prince de l’autre côté d’une cloison et jouent aux échecs, guettant un cri et la preuve de la consommation, et les époux eux-mêmes restent habillés, n’échangent pas une parole, pas un regard, et font preuve d’une extrême gêne, voire d’une certaine détresse. Tout ces éléments confèrent à la scène une atmosphère assez malsaine, peut-être car nous la regardons avec des yeux d’enfants du XXIeme siècle.
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