Commentaire sur le roman La Princesse De Clèves de Madame de La Fayette
Mémoires Gratuits : Commentaire sur le roman La Princesse De Clèves de Madame de La Fayette. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar zoro21 • 28 Septembre 2014 • 2 760 Mots (12 Pages) • 1 180 Vues
Introduction
Mme de la Fayette entre dans l'aristocratie grâce à son mariage avec le comte de la Fayette. Son nouveau statut social lui permet de tenir un salon où elle invite intellectuels et écrivains. Elle développe ainsi une grande amitié avec le duc de La Rochefoucauld, un des maîtres du classicisme. Son œuvre majeure, La Princesse de Clèves, est publiée en 1678. Elle est considérée comme le premier grand roman de la littérature française car il est le premier qui dote son héroïne d'une psychologie complexe.
Le passage que nous allons étudier se situe au début du roman, l'héroïne est présentée à la cour d'Henri II pour la première fois. Le lecteur la découvre également pour la première fois. Son portrait s'inspire du roman héroïque et de la préciosité mais relève du roman psychologique par l'importance accordée au portrait moral et surtout à l'analyse à laquelle se livre Mme de la Fayette pour expliquer les vertus dont est dotée sn héroïne.
Il s'agit d'étudier en quoi ce portrait de Mlle de Chartres laisse présager un destin exceptionnel.
Lecture du texte
Télécharger cet extrait de La Princesse de Clèves - de Mme de La Fayette en version mp3 (clic droit - "enregistrer sous...")
Lu par Janico - source : litteratureaudio.com
Il parut alors une beauté à la cour, qui attira les yeux de tout le monde, et l'on doit croire que c'était une beauté parfaite, puisqu'elle donna de l'admiration dans un lieu où l'on était si accoutumé à voir de belles personnes. Elle était de la même maison que le vidame de Chartres, et une des plus grandes héritières de France. Son père était mort jeune, et l'avait laissée sous la conduite de madame de Chartres, sa femme, dont le bien, la vertu et le mérite étaient extraordinaires. Après avoir perdu son mari, elle avait passé plusieurs années sans revenir à la cour. Pendant cette absence, elle avait donné ses soins à l'éducation de sa fille ; mais elle ne travailla pas seulement à cultiver son esprit et sa beauté ; elle songea aussi à lui donner de la vertu et à la lui rendre aimable. La plupart des mères s'imaginent qu'il suffit de ne parler jamais de galanterie devant les jeunes personnes pour les en éloigner. Madame de Chartres avait une opinion opposée ; elle faisait souvent à sa fille des peintures de l'amour ; elle lui montrait ce qu'il a d'agréable pour la persuader plus aisément sur ce qu'elle lui en apprenait de dangereux ; elle lui contait le peu de sincérité des hommes, leurs tromperies et leur infidélité, les malheurs domestiques où plongent les engagements ; et elle lui faisait voir, d'un autre côté, quelle tranquillité suivait la vie d'une honnête femme, et combien la vertu donnait d'éclat et d'élévation à une personne qui avait de la beauté et de la naissance. Mais elle lui faisait voir aussi combien il était difficile de conserver cette vertu, que par une extrême défiance de soi-même, et par un grand soin de s'attacher à ce qui seul peut faire le bonheur d'une femme, qui est d'aimer son mari et d'en être aimée.
Cette héritière était alors un des grands partis qu'il y eût en France ; et quoiqu'elle fût dans une extrême jeunesse, l'on avait déjà proposé plusieurs mariages. Madame de Chartres, qui était extrêmement glorieuse, ne trouvait presque rien digne de sa fille ; la voyant dans sa seizième année, elle voulut la mener à la cour. Lorsqu'elle arriva, le vidame alla au-devant d'elle ; il fut surpris de la grande beauté de mademoiselle de Chartres, et il en fut surpris avec raison. La blancheur de son teint et ses cheveux blonds lui donnaient un éclat que l'on n'a jamais vu qu'à elle ; tous ses traits étaient réguliers, et son visage et sa personne étaient pleins de grâce et de charmes.
Mme de La Fayette, La Princesse de Clèves, 1678
Annonce des axes
Commentaire littéraire
I. Une incarnation de la perfection
Le portrait brossé par Mme de la Fayette présente Mlle de Chartres comme une incarnation de la perfection par sa beauté physique, sa noblesse de haut rang et sa vertu.
1. Le portrait physique
Il s'agit de la première apparition de Mlle de Chartres, le lecteur s'attend à ce que l'auteur brosse son portrait qui débute traditionnellement avec le portrait physique. Mais le narrateur se contente de reprendre au début de la description le terme « beauté » pour la désigner : « Il parut alors une beauté », « une beauté parfaite » avec l'emploi de l'adjectif hyperbolique « parfaite » soulignant sa grande beauté et « son esprit et sa beauté ». Cela donne l'impression de théâtraliser l'entrée en scène de la jeune femme et la triple occurrence du mot « beauté » traduit l'admiration qu'elle suscite chez les courtisans.
-> idéalisation propre au roman héroïque.
Ce n'est qu'à la troisième phrase de l'extrait (« Son père était mort jeune […] madame de Chartres, sa femme ») que le lecteur comprend qu'il s'agit de Mlle de Chartres et que à la fin de l'extrait que son portrait devient plus détaillé. Ce portrait se fait à partir de la vision du « vidame », c'est donc une focalisation interne. Il se concentre sur les canons de la beauté classique : « blancheur de son teint » qui est un signe de noblesse et de pureté morale, « traits réguliers » qui traduisent l'harmonie du classique et les « cheveux blonds » qui sont souvent associés à l'or et au soleil.
Les dernières lignes utilisent à nouveau des expressions à valeur superlative : « la grande beauté », « ses cheveux blond lui donnaient un éclat qu'on avait jamais vu qu'à elle », « pleins de grâce et de charmes ». Mlle de Chartres semble être un archétype de la beauté féminine. Son portrait physique reste très stéréotypé et vague, il ne permet pas de la singulariser puisque toutes les héroïnes de roman héroïque présentent ces caractéristiques. Ce portrait est encore très éloigné de la précision des romans réalistes au XIXème siècle.
2.
...