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Commentaire littéraire Le Coup de foudre de Fréddéric pour Mme Arnoux dans l'Education Sentimentale de Flaubert

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Par   •  13 Octobre 2018  •  Commentaire de texte  •  1 961 Mots (8 Pages)  •  2 140 Vues

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Introduction

L’éducation sentimentale de Flaubert (1869) dépeint la vie d’un jeune homme provincial, Frédéric Moreau, qui arrive à Paris et rêve d'un avenir amoureux. Mais, contrairement à Georges Duroy dans Bel Ami de Maupassant, il n'a pas vraiment l'ambition de faire fortune et traîne son ennui dans Paris.

Plus idéaliste qu’ambitieux, il fait au début du roman la rencontre de Mme Arnoux, une jeune femme mariée dont il tombe aussitôt amoureux.

Question possible à l’oral du bac : En quoi le coup de foudre amoureux fait-il émerger un double portrait, celui de Mme Arnoux et celui de Frédéric ?

LECTURE du texte

Plan possible : Nous étudierons dans un premier temps le portrait de Mme Arnoux vu par Frédéric. Puis, nous nous pencherons sur le personnage de Frédéric pour montrer quelles caractéristiques du héros romanesque il fait émerger. Enfin, nous examinerons plus attentivement le topos de la rencontre amoureuse.

I. Le portrait de Mme Arnoux : un portrait organisé, enthousiaste et pictural.

Frédéric, de retour chez lui à Nogent sur le bateau rencontre une jeune femme, Mme Arnoux et en tombe aussitôt amoureux.

1. Le portrait de cette dernière est organisé de manière précise.

Tout d’abord, Frédéric a tout le temps d’observer la jeune femme le temps d’un trajet en bateau sur l’eau. C’est une pause du point de vue de l'action qui permet à la description de s’élaborer, juste après le choc de la révélation, comme en témoigne le passé simple et la brièveté de la phrase « Ce fut comme une apparition ». Suivent des temps de l’imparfait à valeur descriptive « Elle était assise.. » « Elle avait un large chapeau »…

Notons que le choix de l’angle de vue est important car Frédéric s’éloigne un peu d’elle pour mieux la détailler «.. et quand il fut mis plus loin, du même côté, il la regarda. ».Il n’affronte donc pas directement son regard . Il fait aussi semblant de ne pas la voir pour mieux la scruter. Puis un peu plus loin dans le texte, même réserve timide de la part du personnage L.16 « ..il fit plusieurs tours de droite et de gauche pour dissimuler sa manœuvre »,ou l.15 « il affectait d’observer une chaloupe sur la rivière ».

Le personnage féminin est  détaché du reste des autres passagers . « Elle était assise au milieu du banc, toute seule ; ou du moins, il ne distingua personne.. » comme s'il s'agissait d'un modèle à peindre.La focalisation interne utilisée par Flaubert permet de ne voir Mme Arnoux que par le biais du personnage masculin, d'emblée ébloui par « cette apparition », terme qui renvoie au surnaturel et à la magie. Magie qui consiste  ne voir qu’une personne parmi d’autres…

2.Une description enthousiaste …

Puis la description commence par l’apparence de cette femme et de ces vêtements, tous gracieux : « rubans roses  qui palpitaient au vent » où le verbe «  palpitaient » d’ordinaire utilisé pour parler des agitations du cœur renvoie au désir naissant du jeune homme. Désir romantique empli de clichés : une femme, seule, élégante, sur un banc… Vision un peu vague  l.10 comme le traduit le complément d'objet direct « Elle était en train de broder quelque chose » .L’amour naissant imprègne ce portrait, comme l’indique un peu plus loin l’adverbe de manière « amoureusement » pour décrire les bandeaux qui entourent son visage.  La robe de Mme Arnoux est également décrite avec la délicatesse d’un jeune homme amoureux l. 9-10 « Sa robe de mousseline claire, tachetée de petits pois, se répandait à plis nombreux ». On a l’impression d’une irisation, comme si la lumière émanait du personnage tout entier, divin. Flaubert montre ainsi que le portrait est subjectif, c’est celui d’un jeune homme subjugué et enthousiaste, fasciné par la beauté et la grâce de cette jeune femme. La construction hyperbolique de la phrase de la ligne 17 en témoigne « Jamais il n’avait vu cette splendeur de sa peau brune…. »

3…et picturale….

Frédéric semble décrire un tableau plus qu’une personne réelle.

Il s’agit avant tout d’un coup de foudre comme l’indiquent les termes « apparition », « éblouissement » et d’une rencontre qui passe uniquement par la vue » il la regarda » « observer » ou encore « jamais il n’avait vu…. »

Le charme pastel de la couleur « rose » contraste avec la couleur sombre de ses « bandeaux noirs » et  offre une image picturale. De même, « un long châle à bandes violettes »ou « ..toute sa personne se découpait sur un fond de bleu ».  « sa peau brune ». On pourrait peindre son portrait. Frédéric est un esthète, c'est à dire un jeune homme sensible à la beauté.

+le vent  apporte aussi du mouvement à l’ensemble ( portrait ondulant dans le mouvement du vent : portrait esthétique) : c'est-à-dire avec une vraie volonté de voir ce qui est beau.

II. Le personnage de Frédéric, un tout jeune homme, idéaliste et naïf.

1 .Un jeune homme idéaliste

Le portrait fait par Frédéric tourne vite au ridicule. A la ligne 18, par exemple, il s’émerveille d’une chose tout à fait banale:  « Il considérait son panier à ouvrage avec ébahissement comme une chose extraordinaire ».  Le C.C de manière « avec ébahissement » souligne l’exagération tandis que la comparaison « « comme une chose extraordinaire » rend compte de la médiocrité de la pensée de Frédéric qui ne sait pas s’exprimer autrement que par des termes banals. C’est en réalité un personnage médiocre qui semble s’abîmer dans une sorte de contemplation béate, faute de mieux.

Autre exemple lorsque Mme Arnoux gronde sa fille, Frédéric l’entend comme « s’il eût fait une découverte, une acquisition ». L. 29. Or, Mme Arnoux n’a rien dit d’exceptionnel, elle n’a fait que son travail de mère.
On peut donc dire que l’imagination du personnage déforme la réalité. Pour Flaubert, dire la réalité, c’est aussi dire celle du personnage.

Flaubert nous fait entrer dans la subjectivité  de son personnage, avec ses défauts.

2…un jeune homme romantque

Frédéric semble s’occuper à imaginer une autre vie que la sienne et tout ce passage fonctionne comme une solution à l’ennui .Sur ce bateau, de retour à Nogent, il est seul et ne sait pas quoi faire tandis que Mme Arnoux, elle, brode. Il fixe donc son attention sur Mme Arnoux et divague. L’énumération « Il souhaitait connaître les meubles de sa chambre, toutes les robes qu’elle avait portées, les gens qu’elle  fréquentait.. » traduit bien son désoeuvrement et, ce qui est le propre de la jalousie ; désirer ce que l’on a possède pas : le confort, les beaux vêtements, l’élégance, les fréquentations …Seul à Paris, Frédéric tourne en rond et semble vivre par procuration, à travers le portrait qu’il fait de Mme Arnoux. C’est le règne de l’imaginaire mais un imaginaire qui devient rapidement problématique, comme le montre le désir de possessivité du personnage « …dans une curiosité douloureuse qui n’avait pas de limites.. » La proposition relative explicite un trait de caractère de Frédéric Moreau : il ne connaît pas la  mesure et possède une imagination galopante. C’est un personnage qui vit dans le désir, qui a un tempérament passionné et qui est jaloux.

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