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Commentaire le Misanthrope, Acte V Scène 4, le dénouement

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Par   •  2 Mai 2019  •  Commentaire de texte  •  2 260 Mots (10 Pages)  •  5 232 Vues

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Commentaire le Misanthrope, de Molière

Acte V, Scène 4 : Le dénouement

Dans la dernière scène de la pièce, la coquette Célimène se retrouve prise à son propre piège : victime de la vengeance de la fausse prude Arsinoé, elle est confondue par les lettres dans lesquelles elle avoue la façon dont elle se jouait de ses amants et prétendants en leur donnant l’illusion de les aimer pour mieux se moquer d’eux. Contrainte de faire tomber publiquement son masque hypocrite, elle semble condamnée à se retirer de la société mondaine. Le misanthrope Alceste lui offre alors un échappatoire sous forme d’ultimatum : soit elle quitte la société des hommes avec lui, soit il rompt sa relation avec elle. Cette exigence de sa part provoque la rupture définitive entre les deux amants. Bien que prévisible en raison des apparentes contradictions entre la coquette et le misanthrope, nous pouvons nous questionner sur la façon dont cette séparation surprend le spectateur par bien des aspects.

Nous verrons en premier lieu comment cette rupture se révélait inévitable entre deux personnages incompatibles. Nous étudierons ensuite la singularité de cette scène, qui offre un dénouement inhabituel pour une comédie classique.

I) Une rupture inévitable

Malgré l’éphémère espoir d’une réconciliation entre les deux amants au début de la scène, leur rupture apparait prévisible et rapidement inévitable au fur et à mesure qu’avance la scène.

a) L’espoir d’une réconciliation

L’extrait fait suite à la déchéance de Célimène qui s’est retrouvée confondue et abandonnée par tous ses amants et par celle qui se disait son amie, Arsinoé. Elle se retrouve alors en face à face avec Alceste et les deux amants peuvent discuter pour la première fois de la pièce. Célimène semble alors présenter ses excuses pour son comportement à Alceste (« j’ai tort, je le confesse, et mon âme confuse » V1739) et instaure une distinction entre ses sentiments envers Alceste, réels, et le désintérêt qu’elle éprouve pour ses autres prétendants (« j’ai des autres méprisé le courroux, mais je tombe d’accord sur mon crime envers vous » V1741-1742). Le misanthrope semble alors prêt à lui accorder son pardon, tout en reconnaissant cette contradiction avec ses propres idéaux qu’il trahis par amour pour la coquette (« vous voyez ce que peut une indigne tendresse, et que je vous fais tous deux témoins de ma faiblesse » V1751-1752). Toutefois, Alceste fixe une condition à Célimène : il ne lui pardonnera ce qu’il décrit comme une erreur de sa jeunesse (« et me les couvrirai du nom d’une faiblesse, ou le vice du temps porte votre jeunesse) V1759-1760) que si elle accepte de quitter avec lui la société des hommes (« pourvu que votre cœur veuille donner les mains, au dessein que j’ai de fuir la société des humains »V1761-1762). Le refus de Célimène entraine l’inévitable et définitive rupture entre les deux protagonistes.

b) Une rupture prévisible

Malgré l’apparente et éphémère réconciliation entre le misanthrope et la coquette, leur rupture apparait prévisible et déjà engagée. Individus aux convictions et aux caractères opposés, leur différente conception du monde et les actes de Célimène les ont définitivement éloigné. La coquette conçoit les sentiments négatifs qu’éprouve désormais Alceste envers elle, comme le montre l’utilisation du champ lexical de la trahison quand elle lui exprime ses remords (« coupable, trahir, haïr, courroux, ressentiment… » V1736-1747). Celui-ci utilise la même rhétorique de langage, tout d’abord dans sa réponse à Célimène (« traitresse », V1747, « vous haïr » V 1749) puis lorsqu’il prend en témoins de ses sentiments contradictoires Philinte et Éliante («oui je veux bien, perfide, oublier vos forfaits » V1757, « qu’un noble cœur abhorre » V1767). L’amour entre Alceste et Célimène semble ainsi condamner avant même que cette dernière ne refuse de le suivre.

c) Une séparation consommée à la fin de l’extrait

La trahison de Célimène et les différents point de vues des deux amants amène leur relation à un point de non-retour : Alceste offre à Célimène son pardon, qu’il décrit comme une faiblesse, en échange qu’elle quitte avec lui la société des hommes qu’il honni. Celle-ci, malgré son amour apparent pour le misanthrope, refuse, arguant qu’elle est encore trop jeune pour une telle perspective (« moi, renoncer au monde avant que de vieillir, et aller dans votre désert m’ensevelir ! » V1769-1770). Cet ultime refus de la coquette annonce la fin de la relation amoureuse entre les deux personnages : malgré les propositions de Célimène (« si le don de ma main peut contenter vos vœux » V1777), Alceste refuse d’accorder son pardon à la jeune femme (« non mon cœur désormais vous déteste » V1779) et met un terme définitif à leur relation (« de vos indignes fers pour jamais me dégage », V1784), illustré par le départ de Célimène qui se retire pour la dernière fois de la pièce. Son refus d’accéder à l’ultimatum de son ancien amant signe donc le glas de leur relation.

Cette rupture, bien que n’apparaissant qu’après une ultime tentative de réconciliation entre Alceste et Célimène, semblait néanmoins rendue inévitable par la totale opposition entre les deux personnages.

II) Deux personnages incompatibles

a) Alceste, un personnage catégorique dans la haine comme dans l’amour

Durant l’acte II, Alceste reproche à Célimène sa multitude l’amant et son infidélité en amour. Le misanthrope expose une vision unique et catégorique de l’amour, qui se répète dans les manifestations de sa haine envers Célimène. Suite au refus de la coquette d’accéder à son ultimatum, il la rejette violemment et sans négociations possibles (« allez, je vous refuse, et ce sensible outrage, de vos indignes fers à jamais me dégage » V1783-1784). Si son amour envers Célimène se montrait borné et inarrêtable, sa haine pour elle l’ait également, comme l’illustre notamment les chiasmes aux vers 1779 (« mon cœur à présent vous déteste ») et 1784 (de vos indignes fer à jamais me dégage). Alceste y met en opposition son cœur, vecteur de ses sentiments, à la haine qu’il éprouve et compare sa relation avec la coquette à des fers, analogie entre un amour qu’il juge à postériori destructeur et un lieu de détention. Alceste refuse

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