Rédaction d'imagination sur Gavroche

Maman, Papa, il est fort possible que je ne vous envoie jamais cette lettre, mais je la rédige tout de même. J’en ai besoin. Je ne supporte pas la vie que vous menez. Et comme ma vie dépend en partie de la vôtre, j’ai l’impression de tourner dans une boucle infernale où il ne se passe jamais rien.

Papa, tu passes ton temps à ton travail. Et je ne peux presque pas passer de temps avec toi. Dès que rentres à la maison, tard le soir, et que je te demande de faire ne serait-ce qu’une rapide partie d’échecs, tu me réponds la même chose continuellement, « je ne peux pas fiston, demain je me lève tôt, je vais dormir ». Et les rares fois où tu prends quelques jours de congés, tu me donnes cette excuse : « fiston, il est temps pour moi d’aller voir quelques amis que je n’ai pas vu depuis des lustres » A chaque fois, je brûle d’envie de répliquer « Et moi papa, et moi, quand auras-tu quelques minutes de ton précieux temps à m’accorder ? Cependant, je me tais et hoche la tête avant de regagner la chambre que je partage avec deux autres de mes frères, en me demandant quand arrivera ce jour où tu viendras faire ne serait-ce une balade près du canal avec moi.

Quant à toi maman, ta journée est bien différente de celle de papa mais est tout de même quelque peu semblable à la sienne. Dès l’aube, à peine levée, tu t’occupes de la maison et de mes quatre autre frères et sœurs. Je ne te vois donc pas de la matinée. Les midis sont variés, parfois tu vas déjeuner à la petite échoppe de papa ou tu restes l’après-midi pour l’aider, et d’autres fois, tu restes à la maison mais passe ton après-midi à t’occuper du bout de jardin de notre petite maisonnette. Et lorsque que je te demande si je peux participer au jardinage, tu me réponds la même chose « Gavroche, mon fils vas donc faire tes devoirs pour demain, ton professeur ne serait pas content si tu ne les faisais pas » et même lorsque que je les ai finis et que je viens te reposer cette même question pendant que tu tricotte des chaussettes pour le bébé, tu me réponds « vas courir, cela te fera le plus grand bien ». Je n’arrive donc jamais à avoir une conversation avec toi et cela m’attriste beaucoup car à défaut de pouvoir parler j’aimerai pouvoir au moins passer du temps avec toi. Même si c’est pour m’apprendre le tricot…

Et je me demande alors avec qui passer mes journées, en dehors de mes camarades d’école ou de Mirabeau, notre chien, qui doit être la seule avec qui je peux passer du temps sans que cela ne lui pose problème. Toutes mes cousines sont déjà mariées ou trop petites, et tous mes cousins sont partis à la guerre. Ce qui malheureusement m’arrivera sûrement très prochainement sous votre doctrine. Alors, mon dernier recours est la lecture. Bien que j’ai déjà lu une dizaine de fois les trois seuls livres que nous possédons.

La lecture me permet de m’évader quelques instants et d’imaginer mes projets futurs si je n’étais pas destiné à la guerre. Je voudrais tant devenir pilote d’avion. Pouvoir m’évader, me sortir de la routine auquel je suis habitué depuis si longtemps. Pouvoir voyager à travers le monde découvrir de nouveaux endroits. Comme sur les photos de mon manuel d’école. Mais je ne partirais jamais bien longtemps, je rentrerai chez moi, et ma femme et mes enfants m’attendront et nous passerons notre temps à parler et

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