“Qui sait si l’âme des animaux va en bas”
Commentaire de texte : “Qui sait si l’âme des animaux va en bas”. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Chris Menn • 10 Avril 2023 • Commentaire de texte • 654 Mots (3 Pages) • 735 Vues
“Le Temps, ce grand sculpteur” est un recueil d'essais paru en 1983 de l'écrivaine française Marguerite Yourcenar. Dans cet extrait “Qui sait si l’âme des animaux va en bas” La romancière fait un réquisitoire contre la cruauté humaine à l'égard des animaux, qui entraîne la cruauté envers les hommes. L’écrivaine nous propose une réflexion : face à l'attitude des hommes envers les animaux, pouvons-nous nous interroger sur l'âme humaine ? Après avoir évoqué la dénonciation de la cruauté et de l'arrogance humaines, nous montrerons comment l’homme va à l’encontre de sa propre nature.
L'indifférence de l'homme se traduit dès le titre de l'œuvre de Marguerite Yourcenar "Qui sait si l’âme des bêtes va en bas ?" qui montre le désintérêt profond de l'homme face à la vie animale. L’auteure réprouve le mépris de l’homme pour l’animal considéré comme une créature inférieure.
Marguerite Yourcenar, en affirmant que les animaux ont des droits vis-à-vis des hommes en appelle à la "subversion" (l.14) et à la "révolte" (l.15) contre "l'ignorance, l'indifférence et la cruauté" (.15). Elle met en valeur ces termes qui caractérisent trop souvent la façon dont l’homme traite les animaux grâce à une énumération.
Elle blâme la perte du sens moral et religieux qui a conduit “aux destructions massives de vies humaines, à dégrader, jusque chez ses victimes elles-mêmes, la notion d’humanité” (l.5-6). La cruauté innée des hommes s’est “fait la main sur les bêtes” (l.16) avant de se retourner contre l’homme. Yourcenar en a vécu l’horreur avec les totalitarismes barbares du XXe siècle.
En citant le "tu ne tueras pas" (l.10-11), elle utilise une expression connue de tous comme un devoir et "Toute l'histoire [...] est une perpétuelle infraction à cette loi" (l.11) pour mieux montrer la transgression humaine.
L’écrivaine approuve la promulgation d'une "Déclaration des droits de l'animal" (l.2), mais ne se fait aucune illusion sur son utilité "tant que l'Homme lui-même n'aura pas changé" (7-8).
À définir l'humanité à travers l'animal ou plus exactement à travers le rapport de l'homme à l'animal, M. Yourcenar montre que l'homme, qui ne respecte pas l'animal, ne respecte pas la vie et donc s'éloigne de sa propre humanité.
Dans ce contexte les animaux ne sont pas plus respectés que l’homme.
Elle voit dans le mauvais traitement des animaux par les hommes, la résurgence d’instincts bestiaux qui sont les signes d’un avilissement moral qui met finalement en péril l’homme lui-même.
La déshumanisation progressive de l'être humain est d'ailleurs évoquée par Marguerite Yourcenar qui utilise comme champ lexical de cette déshumanisation les termes "concentrationnaire", "destruction massive" et "dégrader" (l.5-6).
Pour elle, il existe un lien étroit entre la cruauté infligée aux autres humains et celle infligée aux animaux : elle dresse par exemple une analogie entre les “wagons plombés” qui font référence à la Shoah et les “fourgons” que les humains utilisent pour transporter les animaux.
Le fait que l’Homme ne connaisse pas sa nature est dénoncé par l’expression “comme toi-même” (l.13), puis par l’hypothèse “il y aurait moins d’enfants martyrs s’il y avait moins d’animaux torturés." (l.13-14) Comme pour démontrer que l'homme et l'animal partagent en commun la vie. Si l'homme en avait connaissance, il pourrait y avoir une vie meilleure.
Au fond, ce que Marguerite Yourcenar dénonce, c'est le fait que l'homme s'arrache à la nature et méprise son essence.
La littérature s’engage parfois pour rappeler à l’Homme ses responsabilités, ses droits et ses devoirs et interroger sa relation à la nature et aux autres espèces. Marguerite Yourcenar, dans son essai, lance un appel au changement ou du moins, à une amélioration de la vie.
...