Mon Rêve Familier
Commentaire de texte : Mon Rêve Familier. Recherche parmi 301 000+ dissertationsPar Olivier Legrand • 28 Novembre 2024 • Commentaire de texte • 2 440 Mots (10 Pages) • 20 Vues
Commentaire - Mon Rêve Familier – Le Plan
Introduction
AXE I. Une Mystérieuse Figure Féminine
Sous-partie / Idée 1 : Un Rêve de Femme / Une Femme Rêvée
Sous-partie / Idée 2 : Le Mystère
Sous-partie / Idée 3 : La Féminité
AXE II. La Souffrance et la Solitude du Poète
Sous-partie / Idée 1 : Amour dans le Rêve / Souffrance dans la Réalité
Sous-partie / Idée 2 : L’Expression de la Souffrance dans le texte
Sous-partie / Idée 3 : L’Idée de Solitude dans le texte
AXE III. Le Thème de la Mort
Sous-partie / Idée 1 : La Présence de la Mort dans le texte
Sous-partie / Idée 2 : Le Lien avec les Morts et l’Au-Delà
Sous-partie / Idée 3 : La Mort comme Apaisement
Conclusion
Commentaire - Mon Rêve Familier
Le poème que nous allons étudier, Mon Rêve Familier, est l’œuvre de Paul Verlaine, grand « poète maudit » du XIXème siècle. Publié en 1866, dans la partie partie « Melancholia » de son premier recueil, Poèmes Saturniens, ce sonnet exprime la mélancolie et la souffrance du poète, à travers le portrait onirique d’une mystérieuse figure féminine qui le visite en rêve ; le titre « Mon Rêve Familier » doit se comprendre dans le sens « mon rêve récurrent » (« je fais souvent ce rêve », « chaque fois »), mais aussi comme « le rêve que je connais bien » ou « qui me connaît bien ».
Notre analyse de ce texte sera découpée en trois grands axes : nous nous intéresserons d’abord à la mystérieuse figure féminine qui visite le poète dans ses rêves, puis nous étudierons de plus près l’expression de la souffrance et de la solitude de l’auteur (qui constituent les principaux thèmes du texte) ; enfin, nous nous pencherons sur le thème de la mort, qui s’affirme nettement dans les deux dernières strophes (tercets) du poème.
Verlaine qualifie son rêve de « familier » et « d’étrange », deux termes qui semblent s’opposer. Quant à « pénétrant », il est à prendre ici dans le sens de « marquant », voire « obsédant » ; ce rêve a pénétré l’esprit du poète et fait donc partie de lui-même. Ce rêve est donc pour le poète une sorte de mystère intime – et comme tous les rêves, il parle d’abord et avant tout du rêveur lui-même (ici, Verlaine).
La femme qui visite Verlaine dans ses rêves est « une femme inconnue » (vers 2) : il ne faut pas chercher à lui attribuer une identité spécifique, comme le souligne le poète lui-même dès la première strophe : elle « n’est, chaque fois, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre ». Elle est donc à la fois multiple (« ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre ») et unique (« elle seule ») ; il s’agit d’une femme imaginaire, irréelle (puisqu’elle n’existe que dans les rêves de l’auteur) et même idéale, dans tous les sens du terme : pour le poète, elle semble être la femme idéale car « elle seule » lui apporte une forme d’amour, de compréhension et d’apaisement (voir Axe 2 pour plus de détails), mais elle est aussi une femme idéale au sens où elle correspond plus à une IDEE qu’à une réalité.
Cette figure féminine peut évoquer à la fois une compagne / amante / âme sœur, mais aussi une présence plus « maternelle » (mère, sœur etc.) : elle apporte en effet au poète de l’amour mais aussi de la compréhension, de l’apaisement. Elle est peut-être une amante, mais elle semble surtout être une consolatrice : ainsi, le poète n’évoque ni étreintes ni baisers mais des larmes et des souffrances partagées (« les moiteurs de mon front blême, elle seule les sait rafraichir, en pleurant). Nous reviendrons sur cet aspect spécifique (la souffrance, les larmes etc.) dans l’axe 2.
Cette mystérieuse figure féminine possède deux caractéristiques essentielles : le mystère et la féminité. Cette idée est représentée par le côté énigmatique et irréel de cette femme à la fois unique et multiple. Cette « femme inconnue » est également inconnaissable. D’ailleurs, lorsque le poète tente de faire son portrait, il ne peut nous donner ni la couleur de ses cheveux (« Est-elle brune, blonde ou rousse ? Je l’ignore ») ni son nom (« Je me souviens qu’il est doux et sonore »), alors que ces deux éléments (la chevelure et le nom) constituent souvent deux ingrédients indispensables du portrait féminin en poésie ; la voix de la femme aimée et le regard s’ajoutent d’ailleurs souvent à ces deux caractéristiques et là encore, Verlaine reste énigmatique, préférant éluder plutôt que de décrire (« son regard est pareil au regard des statues », « sa voix, lointaine »). En évoquant les éléments traditionnels du portrait féminin en poésie (le nom, la chevelure, le regard, la voix) mais sans les définir précisément (ou en les gardant enveloppés d’un mystère impossible à percer), Verlaine fait en quelque sorte un « anti-portrait » de cette femme (ce qui confirme bien qu’elle n’est PAS une personne individuelle, mais bien une « idée », à savoir l’idée de la féminité).
La féminité est justement l’autre grande caractéristique de cette présence onirique. Le texte le dit très clairement (« une femme inconnue ») mais le souligne également par la sonorité de ses vers : ainsi, on remarque (notamment aux vers 2 et 4, mais aussi dans toute la deuxième strophe) des allitérations en L et en M, deux consonnes douces et fluides, à la sonorité plutôt féminine, et dont la répétition semble coïncider avec celle des mots « elle » (L) et « aime » (M). La sonorité et la musicalité du poème sont donc des éléments essentiels de son lyrisme – un lyrisme mélancolique, dont cette mystérieuse figure féminine semble être l’incarnation ou la manifestation.
Cette femme est irréelle. Elle est « un rêve », une idée, un idéal, une chimère, autant dire un fantasme (c’est-à-dire l’expression d’un désir)
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