La place d'Annie Ernaux
Commentaire d'oeuvre : La place d'Annie Ernaux. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar jana shokr • 31 Mars 2023 • Commentaire d'oeuvre • 718 Mots (3 Pages) • 310 Vues
Cette lecture m’a permis de remarquer plusieurs similitudes entre ma vie et celle d’Annie Ernaux. Bien que ce soit un livre qui se concentre sur la vie de la classe ouvrière en France pendant les années 1950 et 1960, La Place représente plusieurs parallèles entre mon expérience d’immigrante et l’expérience des personnages, puisque nous sommes confrontés à l’adaptation culturelle. En effet, dans l’ouvrage, les parents d’Annie Ernaux essayaient ardemment de se débarrasser de leur accent normand pour pouvoir s’intégrer à la classe bourgeoise (p.79). En tant qu’immigrante, j’ai trouvé une difficulté à apprendre une nouvelle langue pour communiquer (Français). Alors, cet aspect de ce roman m’a permis de remarquer cette vision de ma vie dont je n’ai jamais vraiment prêté attention. Sans oublier que cela a mis en valeur les sacrifices de mes parents. Depuis mon enfance, je sais que mes parents ont beaucoup souffert du changement de statut économique, lors de leur arrivée. Mon père, ingénieur en informatique, a trouvé beaucoup de difficultés avec la langue française. Jusque-là, je percevais leur effort d’un œil externe, mais avec ce récit, je reconnais un peu plus leur rêve et ambition pour moi, à l’aide de personnages variés.
Par exemple, prenons le personnage captivant du père. Il a réussi à capter mon attention par son rôle représentatif de la condition ouvrière française de l’époque. En effet, sa capacité d’adaptation aux changements, dans sa vie et dans la société, est fascinante. Par exemple, le père d’Annie Ernaux a dû alterner entre un travail d’ouvriers et un travail de commerçants, afin de subvenir aux besoins de sa famille (p.42). Cependant, bien qu’ayant fait des sacrifices pour le bien-être de sa fille, celle-ci décrit sa relation avec son père comme distante. En décrivant cet éloignement, elle met en valeur une relation père-fille très touchante et personnelle, ce qui rend le personnage du père encore pour les lecteurs.
Non seulement le personnage du père est fascinant, mais aussi les émotions intenses et qui se dégagent du livre. Par exemple, Ernaux explore la honte et la culpabilité quant à ses propres réalisations, qui contrastent avec la vie difficile et les sacrifices que son père a dû faire pour subvenir aux besoins de sa famille. Elle se sent coupable d'avoir échappé à une vie de pauvreté et de travail acharné, alors que son père a travaillé fort pour subvenir aux besoins de sa famille. Elle se décrit comme une transfuge de classe, et se méprise d’avoir eu honte de ses origines et de ses parents pendant son enfance. Cela me touche, car je ressens aussi parfois être prise entre deux mondes, la société et mon origine. Bref, la culpabilité est un sentiment puissant qui se dégage de ce récit, et entraîne plusieurs pistes de réflexion quant à la psychologie du personnage et ce qu’ils valorisent.
Entre autres, une des valeurs qui se dégage de ce récit est la conformité. Tout au long du récit, les personnages se préoccupent du regard que les autres personnes portent sur eux. Il cherche constamment à se conformer aux normes sociales pour pouvoir se camoufler dans une classe sociale à laquelle ils ne sont pas originaires. Ernaux assiste à l’invalidation de sa classe sociale d’origine à l’école, par la dévalorisation de quelques, comportement ou habitudes des classes inférieures. Cela la pousse à cacher sa réalité quotidienne, dans ses rédactions scolaires, par exemple (p.69). L'autrice s'était interdite de représenter ce qu'elle sait afin de ne pas être stigmatisée par la société et, ainsi, rester « conforme ». Ceci est intéressant à analyser psychologiquement, car cela démontre comment une certaine personne peut changer son mode de vie au complet pour s'intégrer dans un certain entourage.
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