La lettre de Manon, Manon Lescaut, Abbé Prévost
Analyse sectorielle : La lettre de Manon, Manon Lescaut, Abbé Prévost. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar rose.garnier • 28 Mai 2024 • Analyse sectorielle • 1 015 Mots (5 Pages) • 130 Vues
MOUVEMENT 1
Le texte débute sur la découverte de la lettre de Manon par Des Grieux après avoir constaté la disparition de sa bien aimée.
Lorsqu’il découvre l’appartement vide, le moi du chevalier est vif, comme l’indique la proposition circonstancielle de cause “n’étant plus maître de mon inquiétude” et le complément circonstanciel de manière “à grand pas”.
La force tragique de sa passion est déjà l'œuvre puisque Des Grieux n’étant plus maître de lui-même comme il l’avance dans la première phrase. Cette passion est donc vécue comme une dépossession de ses moyens.
Le Chevalier est donc seul dans leurs appartements, avec en mémoire l’infidélité de Manon. On note toutefois l’adjectif possessif de la première personne du pluriel “nos appartements” en fin de phrase qui rappelle l’union des deux amants.
L’irruption du passé simple (“j'aperçu”) fonctionne comme un élément perturbateur. Puis la découverte de la “lettre cachetée”, comme il est cité ligne 2, l’adresse du destinataire n’étant qu’autre que la sienne et l’écriture de Manon sont autant d'indices inquiétants.
Le moment solennel de l’ouverture de la lettre suscite d’ailleurs “un frisson mortel”; cette hyperbole exprimée à la ligne 4, nous prépare déjà au contenu de la lettre que le narrateur nous à lire.
MOUVEMENT 2
La lecture de la lettre au deuxième paragraphe nous conduits donc à l’immoralité de Manon pour se justifier face à son amant.
La missive s’ouvre par le serment solennel “je te jure” et l’expression affectueuse “mon cher Chevalier”. Son amour est donc immédiatement affirmé.
Par la suite, Manon y fait même de Des Grieux son amour exclusif: le recours à la métaphore “tu es l’idole de mon coeur” et à la négation restrictive “il n’y a que toi au monde que je puisse aimer” indique l’intensité de ses sentiments.
Cependant, la conjonction de coordination “mais” qui ouvre sur une question rhétorique “ne vois tu pas?”, à la ligne 6, viens ternir cette déclaration d’amour. Elle montre que derrière la déclaration amoureuse se cache une âme calculatrice et rationnelle.
Manon change d’ailleurs subitement de registre en s’adressant au chevalier en des termes évoquant la pitié comme l’expression “ma pauvre chère âme”.
Elle rappelle ensuite que sa condition de vie ne la satisfait qu'en parlant d’eux, “ dans l’état où nous sommes réduits”.
Enfin, elle dénigre la fidélité à laquelle elle s’était engagée en la qualifiant de “sotte vertue”.
Sont alors mis sur le même plan un engagement pris, la fidélité, et une situation financière désastreuse, illustrée par l’expression “lorsqu’on manque de pain”. Le champs lexical du sentiment se mêle à celui, plus prosaïque, de la faim.
La lettre se poursuit avec une forme de cynisme, Manon justifiant son départ par un manque de ressources: “je rendrais quelque jour le dernier soupir, en croyant en pousser un d’amour”. le style posé, le jeu de mot sur le terme soupi révèle une Manon très calculatrice et qui maîtrise parfaitement son discours.
Elle réitère son amour dans l’hyperbole “Je t’adore, compte là-dessus”, mais ces exagérations font douter de sa sincérité.
D’autant plus qui s’ensuit un ordre à l’impératif: Manon enjoint au Chevalier de lui confier, comme elle le cite ligne 11, “le ménagement de notre fortune”.
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