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Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde : dans quelle mesure le soliloque de Suzanne de la scène 3 de la première partie révèle-t-il une rupture/ un impossible dialogue entre Louis et sa soeur?

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Par   •  29 Février 2024  •  Commentaire de texte  •  2 261 Mots (10 Pages)  •  248 Vues

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Lecture linéaire:

Introduction:

Juste la fin du monde (1990) d’abord intitulée Les Adieux puis Quelques éclaircies est devenue après la mort de J.L. Lagarce, sa pièce de théâtre la plus traduite et la plus jouée.

Suzanne est la première à se retrouver en tête à tête avec Louis ds cette scène 3 de la première partie. Ce n'est pourtant pas un dialogue qui se noue entre le frère et la soeur: ds un long monologue ( plutôt un soliloque: tirade adressée à un autre personnage sans obtenir de réponse) Suzanne revient sur le passé et tente d'exprimer le sentiment d’abandon et la solitude dans laquelle le départ de son frère l'a plongée. Dans l' extrait, il semble que les reproches prennent le dessus.

 Ds quelle mesure ce soliloque de Suzanne révèle-t-il une rupture/ un impossible dialogue entre Louis et sa soeur?

Mvts: l. 1 à  7: Suzanne évoque les lettres reçues tout au long de ces années d'abandon. Son ton est hésitant comme si elle craignait d'en faire le reproche à Louis.  l. 8 à 27: Suzanne exprime au nom de la famille, une certaine'admiration pour son frère et son métier, en même temps que sa frustration.  L. 28 à la fin: ce mvt marque une rupture ds l'admiration et se teinte d'un reproche explicite.

1 à  7: Suzanne évoque les lettres reçues tout au long de ces années d'abandon. Son ton est hésitant comme si elle craignait d'en faire le reproche à Louis

<  Suzanne cherche ses mots et se montre hésitante : anaphore de l'adverbe « parfois » +  polyptote «envoyais/envoies » ( commentez l'imparfait qui atténue d'abord le reproche (c'ést du passé) puis le renforce avec l'utilisation du  présent) +  travail de reformulation (= épanorthose)  d’où la négation « ce ne sont pas des lettres » (bien que dans les lignes 1 et 2, elle ait affirmé le contraire en employant 2 fois le mot "des lettres")  +  les questions : « qu’est-ce que c’est ? », « comment est-ce qu’on dit ? »

Craint-elle de blesser Louis en lui faisant le reproche de ses lettres trop rares? A-t-elle des difficultés à exprimer ce qu'elle a vécu? Tt cela peut en effet être interprété comme le fait que Suzanne ne veut pas blesser son frère et tente d'atténuer ce qu'elle va lui dire; elle recule le moment de le dire.

< Le reproche adressé à Louis est plus précis: Suzanne semble chercher à qualifier ces nouvelles : des « lettres"?"une ou deux phrases » ? Des « petits mots » ? L’adverbe « juste » l.4, l'adjectif "petit"( l.4) et le déterminant "une ou deux" (l.4) renforcent l'idée que ces lettres sont rares et très courtes. La gradation descendante l.4-5 ( on débute par "des lettres" pour aboutir à "rien) a une connotation péjorative et traduit la frustration de Suzanne: on comprend que celle-ci aurait attendu de longues lettres, des nouvelles détaillées de son frère et qu’elle a été déçue, ce que montre aussi le pronom négatif hyperbolique « rien » + l'opposition "tu" et "nous" l1.

< Suzanne finit par se satisfaire de l’adjectif « elliptiques », un adjectif neutre ( notez la place de l'adjectif sur une seule ligne). Elle a enfin trouvé le mot juste et  reformule alors ironiquement toute sa phrase : elle cite son propre discours, d’où la présence des guillemets (l.7) " Parfois, tu nous envoyais des lettres elliptiques" (l. 7) Le mot " elliptiques" signifie que ces lettres sont rares  courtes et impersonnelles. Cet adjectif souligne le vide laissé par Louis dans la maison, vide qui s’est traduit aussi par "les blancs" de ses lettres ( champ lexical de la disparition " parfois" " des petits mots...rien" "elliptiques)

Cette première partie de l’extrait montre combien Suzanne a souffert de l'absence de Louis et combien elle a du mal à le dire.

L.8 à 27: Suzanne exprime une certaine admiration pour son frère et son métier en même temps que sa frustration.

< Cette difficulté à dire, à s'exprimer se poursuit. Les nombreux retours à la ligne qui créent des blancs traduisent encore les hésitations de la jeune femme ( citez à ce moment qqs lignes)  + les nombreuses apartés qui figurent entre parenthèses aux l.9,11 et 17 à 20. + épanorthose " ton métier, ce que tu faisais ou allais faire, ce que tu souhaitais faire ds la vie" l.12 à 14 ou " Si tu en avais...en éprouvais...en avais.." le montrent aussi.  Suzanne est incapable de parler en son nom d'où le recours au pronom "nous" qui désigne tte la famille " Et nous éprouvons les uns les autres..." ( 17)

 < Suzanne montre qu'elle a vécu le départ de Louis comme une trahison et un abandon: Elle revient sur son départ : "lorsque j'étais enfant" "lorsque tu es parti" "lorsque tu ns a faussé compagnie" (l'expression péjorative « fausser compagnie » sous-tend un reproche assez explicite même si Suzanne le formule sous la forme d'un euphémisme (ici « fausser compagnie » = « abandonner soudainement" lâchement)  + l'’emploi de l’imparfait « je pensais » répété 3 fois, montre une rupture dans l’esprit de Suzanne : il est sous-entendu par ce temps verbal qu’elle ne pense plus la même chose aujourd’hui et qu'elle s’est détachée de l’enfance et de ses illusions. Il montre aussi qu'elle a tenté de combler l'absence de Louis en eesayant de lui trouver des raisons. + +Suzanne pensait que puisque son frère était écrivain, il allait leur écrire: "(serait d'écrire" ) au conditionnel présent qui )  car tte sa vie est occupée par l'écriture et que cela est un  désir de sa part " ce que tu souhaitais faire ds la vie" + Louis pouvait employer son don d’écrivain aussi bien par plaisir (« désir ») que par  " obligation " " nécessité" (l. 22 à 24). Ce métier pouvait lui servir à tout, par conséquent on s'attendait à ce que Loouis écrive à sa famille. Suzanne a comme vécu un double abandon.

<  Suzanne exprime en même temps "une forme d'admiration" pour ce frère écrivain:  l'écriture est source d'indépendance aux yeux de Suzanne, elle est considérée comme un outil " te servir de ça" (l. 27) qui permet de s'échapper de son milieu et d'être indépendant  Tu saurais/écrire/te sortir d'un mauvais pas ou avancer/plus encore" (l. 25-28) On peut  lire une forme d'envie envers ce frère qui s'est échappé de la famille grâce à l'écriture et qui n'a plus besoin de personne. Cette admiration se lit à travers la répétition des lignes 18 à 20 " une certaine/forme d'admiration/une certaine forme d'admiration/pour toi" ( relevez que les mots "forme d'admiration" et "pour toi" sont mis en valeur par le retour à la ligne +  le complément "pour toi"  rend la phrase plus chaleureuse.). L'aparté  « tu le sais, tu ne peux pas ne pas le savoir »( l. 17) qui enchaîne une forme affirmative puis une double-négation,  insiste fortement sur ce sentiment.     Notons cependant que Suzanne demeure là encore dans la retenue. Elle ne cesse d'atténuer ce qu'elle dit ( aucune expression de son émotion ): elle parle au nom de la famille "nous" " les uns et les autres" + déterminant indéfini "une certaine " et le nom "forme"qui nuancent cette admiration.

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