Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde : la tirade de la mère
Cours : Jean-Luc Lagarce, Juste la fin du monde : la tirade de la mère. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar 『 Sakura』 • 23 Novembre 2023 • Cours • 1 694 Mots (7 Pages) • 239 Vues
Lecture détaillée 18 : la tirade de la mère
Jean-Luc Lagarce + résumé de la pièce « juste la fin du monde ».
Dans la scène 8, la Mère dialogue seule avec son fils, Louis. Dans une longue tirade, elle imagine la discussion qui pourrait avoir lieu entre ses 3 enfants.
Lecture
Problématique : Comment cette scène annonce-t-elle la crise à venir ?
Plan :
- Une mère omnisciente / envahissante / intrusive (l.1 à 13)
Comme toutes les mères, la mère de Louis connaît tout de ses enfants, elle est capable de comprendre beaucoup sans même que les enfants parlent.
- Un tête-en-tête avec son fils
Comme dans de nb scènes, Louis est en dialogue avec sa mère, mais il reste silencieux. Elle ne profite pas de ce tête-à-tête pour demander à son fils comment il va, prendre de ses nouvelles…
Elle va étouffer le moindre désir de Louis de parler.
- Cf la didascalie (l.1) : la mère
- Le pronom de 2ème pers « te » (l.4)
- Il s’agit bien d’un dialogue mais à sens unique. Cela souligne l’impossible communication dans cette famille.
- Une mère indiscrète
La mère annonce d’emblée un défaut qui la caractérise : son indiscrétion. Elle s’occupe toujours de ce qui ne la regarde pas.
- La négation « cela ne me regarde pas » (l.2)
Elle confirme par « je me mêle souvent de ce qui ne me regarde pas » (l.3)
- La prétérition : figure de style qui consiste à dire qu’on ne va pas faire qqch mais on le fait quand même.
Ici, la mère annonce que cela ne la regarde pas, mais elle va en parler quand même.
- Une mère toute-puissante et omnisciente
La mère se présente comme celle qui connaît parfaitement ses enfants, elle sait tout d’eux, même s’ils ne parlent pas, elle est capable de deviner ce qui ne va pas.
- Plusieurs verbes d’opinion : « je les connais / je sais / je ne saurais pas » (l.6-7-8)
- Une question rhétorique (l.8)
- L’emploi du verbe « deviner » (l.9) qui fait allusion à l’instinct maternel : une mère est capable de comprendre beaucoup plus que ce que ne disent ses enfants.
- la Mère se présente elle-même comme une Mère omnisciente, capable de comprendre ses enfants, de connaître leurs attentes, leurs émotions avant même qu’ils ne formulent leurs idées ou leur demande. Elle est donc capable de devancer leurs besoins.
- L’annonce de la discussion familiale à venir
Louis est le fils aîné, il a quitté la famille 12 ans plus tôt sans jamais revenir. Ce que la Mère semble savoir c’est que le frère et la sœur espèrent parler à Louis, ils ont des choses à lui dire, ils ont besoin de parler à leur frère aîné, ce que l’on comprend avec :
- la répétition du verbe de parole « te parler » (l.11-12), placé en fin de lignes
- l’expression « des choses à te dire » (l.13)
- la phrase déclarative : « ils veulent te parler » (l.11)
- l’idée que la Mère connaît bien ses enfants se confirme. Elle sait ce qu’ils attendent de Louis sans même qu’ils aient eu besoin de le dire.
- Les difficultés de communication qui s’annoncent
Mais la Mère, qui connaît ses enfants, sait aussi que la communication entre les frères et la sœur ne sera pas facile. Elle connaît les difficultés à communiquer de chacun, ce qu’elle suggère par :
- Les reformulations nombreuses, comme si la Mère cherchait ses mots :
- « ils veulent te parler » (l.11), « ils ont pensé qu’ils pourraient » (l.12)
- la Mère veut ainsi préparer son fils Louis à ces discussions à venir, elle semble lui demander d’être à l’écoute de son frère et de sa sœur, et d’être indulgent avec eux.
- le portrait de Suzanne et d’Antoine par leur mère (l.14 à 23)
La Mère dresse alors le portrait de Suzanne et d’Antoine à Louis qui ne les a pas vus depuis 12 ans.
- Une connaissance parfaite de ses enfants
La Mère se présente comme toute-puissante, elle sait avec certitude ce qu’attendent Antoine et Suzanne, ce que l’on comprend avec :
- L’emploi du futur (temps des actions à venir certaines) qui remplace le conditionnel
« ils voudront t’expliquer » / « ils t’expliqueront » (l.14)
La mère sait aussi que ces retrouvailles ne se dérouleront pas comme chacun l’avait espéré, que tout sera difficile :
- « ils t’expliqueront mal » (l.14)
- « ils ne te connaissent pas, ou mal » (l.15)
=> Louis est parti depuis si longtemps que le frère et la sœur ne peuvent plus le connaître vraiment, ils ont gardé de lui une image qui est fausse. Cela aura des conséquences sur leur relation et cela va rendre la discussion plus difficile.
- Le portrait de Suzanne par la Mère (l.16 à 18)
La Mère va dresser un portrait de sa fille pour expliquer à Louis qui elle est devenue. Il faut rappeler qu’elle a 23 ans et que Louis est parti 12 ans plus tôt. Elle était une enfant, elle est devenue une jeune femme.
La Mère la présente comme une jeune femme idéaliste, elle a idéalisé son frère :
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