Heureux qui comme Ulysse
Commentaire de texte : Heureux qui comme Ulysse. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Sandrine Van de Rosieren • 3 Mars 2023 • Commentaire de texte • 1 556 Mots (7 Pages) • 232 Vues
[pic 1]Parfum exotique
Sonnet tiré du recueil les Fleurs du Mal, publié en 1857 par Charles Baudelaire. C’est le premier poème de la section consacrée à Jeanne Duval “Spleen et idéal”.
Jeanne Duval est la maîtresse de Baudelaire. Elle occupe une fonction de Muse, d’inspiratrice et d’amante.
La forme traditionnelle de ce sonnet régulier en alexandrins provoque un effet d’harmonie imitative en nous suggérant la parenthèse enchantée que le poète vit loin du Spleen. Il nous offre une vision apaisante et idéalisée produite par le contact réconfortant de son amante. Baudelaire nous propose donc une évocation de l’or, et non de la boue. Cette alchimie poétique (la magie de l’évocation) à pour cause le parfum sensuel de sa bien-aimée, souligné par une suite de sensations simultanés reliant l’odorat, la vision, et l’ouïe au dernier tercet. C’est le processus de synesthésies : l’association de sensations qui décuplent le plaisir.
Nous montrerons quel est le rôle initial du parfum dans cette suite de synesthésies provoquant un bonheur fugace (temporaire). 4 mouvements se distinguent :
- 1er quatrain : évoque le parfum intense de cette femme
- 2ème quatrain : l’impact du parfum sur le corps et l’esprit du poète déclenchant son imagination. 1ère vision : une île exotique et idéalisée.
- 1er tercet : le parfum provoque une 2ème vision : celle d’un port.
- 2ème tercet : le voyage imaginaire semble se poursuivre de manière verticale, du port au ciel, de l’extérieur à l’intérieur jusqu’à l’âme du poète.
I – Commençons par la première strophe : L’évocation du parfum intense
Si je prends la strophe dans son ensemble pour commencer :
> Enjambements successifs des vers --> souligne le phénomène introspectif de rêverie du poète et évoque un bonheur personnel.
> Le rythme ternaire v1 et binaire v2/4 suggère l’harmonie du poète avec sa muse.
> “Quand” + présent de narration des verbes montrent que ses sensations sont simultanées, elles sont reliées par le phénomène de synesthésie
> Au vers 2 et 3 la position symétrique des verbes en début de vers accentue cet effet.
> le champ lexical de la chaleur (“chaud, “chaleureux, “feux”, “soleil”) renvoie à l’univers de l’idéal et de l’exotisme.
Regardons à présent vers par vers :
> v1 “Yeux fermés” ? les yeux fermés sont propices à la rêverie, la vision intérieure est initiée par la relation intime, amoureuse
> Le groupe de mots “un soir chaud d’automne” nous fais rentrer dans un univers chaleureux, agréable, favorable au déploiement de l’imaginaire.
> On retrouve d’ailleurs un oxymore chaud/automne --> renforçant l’idée d’un monde idéalisé avec un été qui se prolonge jusqu’à l’automne.
> v2 “le sein chaleureux” semble lier l’intimité amoureuse à l’enfance. Il y a une connotation érotique mais également maternelle, on est dans la protection, la femme est tout, elle est à la fois mère et amante.
>L’adjectif chaleureux, au sens de chaleur ressentie semble faire appel au toucher
> le tutoiement de la femme au vers 2 et 9 avec le déterminant poss “ton” démontre la proximité affective avec sa muse.
> v3 Rime riche de l’adjectif heureux avec chaleureux (v2) qui renforce le sentiment de bonheur et d’harmonie.
> v4 Le passage de l’odorat (v2) à la vue (v3/4) prouve la toute-puissance du parfum qui engendre une vision, « quand je respire… je vois » cette vision est une vision de lumière, l’auteur utilise trois termes appartenant au champ lexical de la lumière.(éblouissent, feu, soleil)
> L’adjectif “monotone” associé au soleil semble être une qualité, une sorte de constance apaisante du soleil. L’oxymore éblouir/monotone peut surprendre, sauf si c’est davantage la beauté qui éblouit que l’intensité de la lumière.
II – Analysons maintenant la seconde strophe où l’impact du parfum sur le poète déclenche sa première vision : Une île exotique
Là encore prenons la strophe dans son ensemble :
> On remarque ici deux composantes du paradis baudelairien : l’exotisme et la sensualité qui symbolisent l’or, dans cet univers complexe.
> la régularité du rythme binaire des vers et les parallélismes de construction renforcent l’harmonie et l’image d’une nature équilibrée et sereine avec une énumération de produits de la terre qui sont liés et la rime interne du pronom relatif “dont” au vers 7/8.
[pic 2][pic 3]> On est sur une évocation quasi biblique d’un paradis originel : le “fruit savoureux” peut évoquer le fruit défendu de l’Eden, les hommes et les femmes quant à eux pourrait représenter Adam et Eve (nudité de l’homme, franchise de la femme), c’est à dire un retour à l’état originel où l’humain n’était pas perverti.
Je poursuis l’analyse vers par vers :
> v5 Personnification “ île paresseuse” traduit un lieu isolé, protecteur, où il fait bon vivre. Un lieu utopique et sensuel.
> v6 “Fruits savoureux” donne lieu à un autre sens, le goût. La rime riche savoureux/vigoureux v6/7 accentuent l’intensité de cette saveur.
> Puis les pluriels “arbres” et “fruits” insiste eux sur la générosité de ce lieux idéal.
> v7 “mince et vigoureux” met l’accent sur la beauté et la santé physique des hommes.
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