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Guy de Maupassant, Une vie

Commentaire de texte : Guy de Maupassant, Une vie. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  27 Février 2023  •  Commentaire de texte  •  1 667 Mots (7 Pages)  •  389 Vues

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COMMENTAIRE COMPOSE – EXTRAIT CHAPITRE 11 – « UNE VIE » - GUY DE MAUPASSANT

Introduction :

Le court extrait proposé à notre étude est tiré du roman « Une vie » de Guy de Maupassant, écrivain réaliste du XIX ème siècle. Le roman, publié en 1883, d’abord en feuilleton puis en livre, met en scène la vie d’une jeune fille, Jeanne, tout juste sortie du couvent et éprise d’idéalisme, dont le père, le baron Simon-Jacques Le Perthuis des Vauds, possède le château des «Peuples » en pays de Caux. Une grande partie de l’histoire se déroule en ce lieu que l’héroïne aime particulièrement.

Guy de Maupassant fidèle à un pessimisme qui s’exprimera tout au  de ses œuvres nous conte le bonheur illusoire et court de cette jeune femme qui va de désillusions en désillusions au fil des années.

L’extrait qui nous est soumis se situe vers la fin du chapitre 11. Jeanne vient successivement de perdre son mari le vicomte Julien de La Mare, être mesquin, brutal et veule qui la trompait outrageusement; puis son père, victime d’une crise d’apoplexie et enfin sa tante Lison. L’action se situe immédiatement après l’enterrement de cette dernière. Elle met en scène deux personnages, Jeanne, perdue, angoissée, qui ne se souvient plus de rien et Rosalie l’ancienne servante et sœur de lait, devenue femme d’âge mûr, énergique, que la vie a rendu sûre d’elle et forte face à l’adversité.

Dans un premier temps, nous allons voir comment l’auteur réussit à créer un contexte stressant dans lequel l’angoisse de cette femme victime d’une amnésie passagère montre crescendo, nous dévoilant sa faiblesse et son égarement.

Puis dans un deuxième temps nous découvrirons le pendant de ce tableau avec le personnage rassurant de Rosalie véritable maitresse femme qui prend les choses en mains.

Enfin dans un troisième temps, nous verrons comment dans ces deux descriptions qui s’opposent, Maupassant réussit à utiliser l’une pour conforter l’autre et vice versa jusqu’au dénouement final où les rôles ne sont plus si tranchés qu’il parait.

1ère partie :

Tout d’abord l’auteur plante le décor : une chambre, la nuit (« elle s’éveilla au cœur de la nuit »), une faible clarté (« une veilleuse brûlait », « sous la lueur tremblotante de la mèche »), un fauteuil dans lequel dort une femme.

Et immédiatement il installe le suspens d’abord par ce décor au cœur de la nuit, puis par une succession d’interrogations, dix exactement, renforcées par des anaphores (« mais » « mais », « était-ce, « était-ce »), des verbes à la forme interrogative ((« l’avait-elle », « croyait-elle », « était-elle »), des pronoms interrogatifs (qui, quand, où, pourquoi) et par le chant lexical du mystère (« trouble d’esprit », « sommeil fiévreux », « grands malheurs », « n’en savait rien », « ne reconnaissait pas », « confusément », « souvenirs obscurs »). Puis il installe l’angoisse et le stress (« regardait obstinément », « obsession », « l’agitait », « l’énervait »). Déjà le tremblement de la chandelle avait donné le ton, nous amenant à imaginer le tremblement de Jeanne perdue, égarée au sortir d’un « sommeil fiévreux ». Et l’impression s’accroit au fil du texte par l’abondance du son  « s » utilisé pas moins de 44 fois et qui contribue à donner une impression lancinante de situation inextricable. Jeanne semble s’enfoncer un peu plus chaque fois dans cette confusion malgré une vague lueur « elle avait vu ce visage » et un début de piste « c’était la femme qui l’avait relevée au cimetière, puis couchée ». On a l’impression de suivre la pensée de Jeanne: si cette femme l’a couchée, cela implique forcément une certaine intimité, mais le voile ne se lève pas. On sent la frustration qui anime l’héroïne et son énervement qui l’empêche en même temps d’une certaine manière de recouvrer la mémoire.

En même temps Jeanne mène son enquête à l’image d’un policier. Elle se penche « pour distinguer ses traits », elle « se lève doucement pour regarder de plus près », elle « s’approche sur la pointe des pieds ». On la suit dans son enquête et dans le chant lexical du limier qui se déplace avec d’infinies précautions pour semble t’il ne pas risquer de perdre un indice. On se croirait presque transporté dans un jeu de « cluedo » moderne. Les images suggérées sont si réalistes qu’il nous semble être physiquement dans cette chambre.

On découvre chez Jeanne plusieurs facettes : celle d’une femme fragile, troublée, perdue, obsédée par cette incapacité à retrouver la mémoire mais capable en même temps d’une certaine méthode dans sa quête d’explications. Son lent déplacement s’oppose à sa fièvre intérieure. Elle a conscience d’être dans le trouble du réveil et d’avoir vécu des « grands malheurs ». Elle connait donc l’origine probable de son amnésie mais semble incapable d’en sortir et se sent prisonnière de son esprit  jusqu’à cette dernière question (« qui êtes-vous ? ») qui va enfin lui apporter les réponses tant cherchées. Elle donne l’image d’un écureuil qui tourne dans sa roue et ne parvient pas à s’en échapper.

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