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Eluard - La courbe de tes yeux

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Par   •  13 Avril 2023  •  Commentaire de texte  •  995 Mots (4 Pages)  •  221 Vues

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Paul Eluard, « La courbe de tes yeux … »

Introduction

Paul Eluard (1895 – 1952) : l’un des représentants du surréalisme en France, aux côtés d’A. Breton.

Extrait du recueil : Capitale de la douleur, 1926 (mais le poème a été écrit en 1924 : année de crise car Gala, cette année-là, est devenue la maîtresse de Max Ernst). Recueil dédié à Gala, sa muse (qui deviendra ensuite celle de S. Dali), qu’il a épousée en 1917.

1924 : crise personnelle, voyage autour du monde.

« La courbe de tes yeux » est l’avant-dernier poème du recueil. Sorte de blason dédié aux yeux et au regard de la femme aimée.

Structure : 3 quintils. Hétérométrie (alexandrins, décasyllabes, octosyllabes).

Thème : l’amour, et même l’amour fou pour Gala, les yeux de Gala. Hommage à Gala.

1er quintil 

La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur 

  • Mon cœur : inscrit ce poème dans le thème de l’amour. Le champ lexical du regard sera repris par « tes yeux » (v.5), « tes yeux purs » (v.19) et « leurs regards » (v.15).
  • Enonciation : déterminants possessifs P1 / P2  le poète s’adresse à la femme aimée – Gala.
  • Métaphore reposant sur l’isotopie du cercle (« courbe », « tour ») reprise plus loin par : « rond », « auréole » (étymologiquement : couronne d’or + connotation religieuse : le regard de la femme aimée est sacré) : Le poète est littéralement encerclé, cerné (captif ?) par l’amour que lui inspire Gala / les yeux de Gala.
  • Alexandrin : vers mélodieux

Un rond de danse et de douceur 

  • Champ lexical de la douceur : « courbe », « tour », « douceur », voire « cœur »
  • Isotopie du cercle mais ce cercle est davantage un cercle protecteur qu’un cercle-prison, comme l’indique la connotation des mots : « douceur » puis « berceau ». Le pouvoir presque magique du regard de la femme aimée n’est pas maléfique (cf. « La Beauté » de Baudelaire : « Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles … ») mais bénéfique.
  • Isotopie du mouvement : « fait le tour », « danse »
  • Paronomase : « courbe » / « tour » [ur] + assonance en [u] (courbe, tour, douceur) et allitération en [R] (courbe, tour, rond, douceur).

Auréole du temps, berceau nocturne et sûr

  • Nouvelle métaphore : la courbe des yeux de Gala est comparée successivement à une auréole et à un berceau. Connotation de « berceau » : amour protecteur, maternel.
  • Allitération en [R]
  • Nouvel alexandrin, avec la pause à l’hémistiche

Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu,

C’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu.

Idée sous-jacente : Le poète ne vit que par le regard de la femme aimée, il n’a plus de passé avant elle, sa vie n’a commencé qu’avec elle (idée qui rappelle Ronsard : « Yeux, qui versez en l’âme, ainsi que deux Planètes … »). Idée de dépendance à l’égard de la femme aimée. Sorte de parallélisme entre les deux formes négatives, qui sous-entend une équivalence entre « vivre » et « voir » [la femme aimée].

2e quintil

Feuilles de jour et mousse de rosée,

Roseaux du vent, sourires parfumés,

Ailes couvrant le monde de lumière,

Bateaux chargés du ciel et de la mer,

Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

Phrases non verbales : successions de groupes nominaux évoquant des images, avec des associations inattendues dont il est difficile de saisir la logique parfois (c’est ici que l’inspiration surréaliste du poème est la plus perceptible) : « mousse de rosée », « sourires parfumés » (on pense aux synesthésies !) …

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