Critique littéraire de l’œuvre contemporaine « L’Anomalie » de Hervé Le Tellier

CY CERGY PARIS UNIVERSITE

Critique littéraire de l’œuvre contemporaine «  L’Anomalie » de Hervé Le Tellier 

P1, Master I, littérature française et francophone

Année universitaire 2023-2024

« Et moi qui dis que vous rêvez,

                          je suis aussi en rêve.

Tchouang-Tseu »^[1]

Dès les premières phrases du roman, nous somme captivés par l’illusion qui se déploie devant nous. L’épigraphe empruntée au philosophe chinois Tchouang-Tseu dans l’Anomalie, exprime de manière puissante l’idée de la nature illusoire de la réalité. Ces mots resonnent en nous et éveillent un sentiment d’étrangeté profond. Nous nous trouvons là en train de lire un roman, mais est-ce bien réel ? cette perplexité suscite en nous les lecteurs la curiosité brulante de suivre cette aventure qui commence en interrogeant sur la nature de la réalité elle-même.

« Le vrai pessimiste sait qu’il

est déjà trop tard pour l’être.

L’Anomalie,

victør miesel^[2] 

dans l’épigraphe suivante, nous rencontrons une citation qui, en soi, ne semble pas particulièrement remarquable. Cependant, le livre d’où elle est extraite apparait comme quelque chose de spécial, car c’est précisément le titre du roman que nous somme en train de lire ! cette récurrence se manifeste tout au long du roman, notamment à travers les personnages qui évoquent le livre et en parlent. De plus, il se trouve que l’auteur de ce livre c’est l’un des personnages, créant ainsi une mise en abime qui ajoute une couche supplémentaire d’intrigue et d’interrogation, incitant le lecteur à plonger plus profondément dans l’univers du roman pour en saisir toutes les subtilités.

L’Anomalie d’Hervé Le Tellier, paru aux éditions Gallimard et lauréat du prix Goncourt 2021, est un roman d’anticipation, captivant qui transcende les conventions littéraires, en tant que président de l’Oulipo, il n’est pas surprenant que l’auteur explore les limites de l’écriture et transgresse les contraintes traditionnelles. Comme son titre l’indique ce roman présente une anomalie où les frontières entre réalité et fiction se brouillent.

En juin 2021 un avion atterrit à New York, bouleversant les conventions et les connaissances habituelles de la normalité, cet avion avait déjà atterri 100 jours auparavant, le 10 mars 2021, avec les mêmes passagers et le même équipage à bords, ce n’est pas seulement la coïncidence de revoir le même avion avec les mêmes passagers qui pose le problème ! mais le fait que les deux avions sont identiques ! en réalité le premier avion avait été mis hors service pour maintenance. Et maintenant, il réapparait avec le même équipage et le même identifiant de vol que lors du dernier vol, le premier vol s’est donc dupliqué avec tout son équipage a bord.

Ce concept fascinant nous plonge dans une réflexion profonde sur les notions de la réalité d’identité et de possibilité alternatives, Hervé Le Tellier tisse habillement une intrigue complexe qui nous pousse à remettre en question nos certitudes et à explorer les frontières mouvantes entre le réel et l’imaginaire, son style cinématographique évoque  l’atmosphère d’une série américaine de science-fiction, ce qui se manifeste de manière ludique  dans ce roman qui englobe plusieurs genres littéraires.

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