Commentaire littéraire Voyage au bout de la nuit, Céline
Commentaire de texte : Commentaire littéraire Voyage au bout de la nuit, Céline. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Ivana et Coco • 5 Mars 2023 • Commentaire de texte • 1 177 Mots (5 Pages) • 469 Vues
Ce texte est issu du roman écrit par Ferdinand Céline et intitulé Voyage au bout de la nuit. Publié en 1932, cette œuvre mélange à la fois héritage réaliste et renouveau du genre romanesque. Le récit est narré à la première personne du singulier et centré autour du personnage de Ferdinand Bardamu, pour le moins marginal dans ses prises de position. Dans ce passage, ses idées de pacifisme s’opposent à celles de Lola, jeune femme tombé amoureuse de lui et davantage patriotique. Le dialogue qui nous est proposé permet donc de voir un antagonisme idéologique et moral entre les deux personnages.
Nous verrons en quoi l’autoportrait du personnage lâche s’apparente davantage à un portrait élogieux. / En quoi l’autoportrait du personnage lâche s’apparente-t-il davantage à un portait élogieux ?
Nous verrons dans un premier temps l’autoportrait de Bardamu qui est un éloge paradoxal de la lâcheté. Dans un second temps, nous intéresserons à la pensée commune que représente Lola.
Tout d’abord, le narrateur réalise un autoportrait qui met en valeur un trait de caractère dévalué, à savoir la lâcheté. Bardamu incarne en effet le pacifisme. Il est animé par un refus catégorique de la guerre et de ses conséquences. Il est possible de le voir grâce aux négations lexicales et grammaticales qui jalonnent le texte : « anonymes, indifférents et […] inconnus » (l.12) pour les premières et « je ne la déplore pas […] Je ne me résigne pas […] Je ne pleurniche pas » (l.2) pour les deuxièmes. Elles expriment le désaccord clair qu’éprouve Bardamu à l’encontre de la guerre. Les comparaisons péjoratives sont énoncées sous forme de gradation ; nous le remarquons avec « que le dernier atome de ce presse-papier devant nous, que votre crotte du matin » (l.12). Les images convoquées sont volontairement basses voire vulgaires afin d’exprimer le fait que les soldats tués n’obtiennent aucune reconnaissance ni mémoire de la part des vivants. L’argumentaire du personnage est appuyé sur une thèse simple : « je ne veux plus mourir » (l.6) alors que la guerre est la source de quantité de décès. Il sait qu’il est marginal dans sa position car il oppose sa singularité avec « moi tout seul » (l.5) à un nombre gigantesque grâce à l’hyperbole numérique « neuf cent quatre-vingt-quinze millions » (l.4). Son pacifisme le pousse à dire tout ce qu’il pense et ce, avec une émotion débordante. La ponctuation expressive qu’il utilise le prouve : les phrases exclamatives sont nombreuses l.9 à 15, tout comme les phrases interrogatives qui tendent à agresser Lola l.10 à 12.
A son pacifisme, s’ajoute son rejet des valeurs épiques traditionnellement défendues par les héros romanesques. Nous distinguons son positionnement moral controversé mais droit car il suit ses idées, quitte à perdre Lola. La locution adverbiale « tout à fait » (l.2) qui accompagne le qualificatif « lâche » (l.2) souligne cette idéologie antihéroïque. Bardamu en vient même à mépriser les soldats morts pour leur pays avec le groupe nominal rabaissant « ces crétins » (l.14). Il n’envisage ni l’avenir ni le souvenir d’une guerre qui aurait marqué les esprits : la phrase affirmative « cette guerre [...] sera complètement oubliée. » (l.15) assoit sa certitude. Les valeurs que sont l’honneur, le courage, la force mentale et me combat sont ainsi bafouées au profit d’un discours absolu et catégorique : Bardamu est réfractaire à la guerre. Il la conçoit uniquement comme un événement minime dont l’intérêt n’est que réduit et provisoire, comme le souligne les indicateurs spatiotemporels évasifs « par-ci par-là, à son occasion » (l.17). D’après le personnage, les hommes tels que lui sont
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