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Choderlos de Laclos, Les liaisons dangereuses, 1872

Fiche : Choderlos de Laclos, Les liaisons dangereuses, 1872. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  29 Février 2024  •  Fiche  •  2 256 Mots (10 Pages)  •  144 Vues

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Texte EAF n°4

Intro

Publié en 1782, Les liaisons dangereuses est un roman épistolaire mettant en scène deux personnages libertins se défiant dans des jeux de séduction. Le roman rencontre un grand succès même s’il choque à sa sortie. Il pose notamment la question de la place des femmes dans la société.

Dans la lettre LXXXI, la Marquise de Merteuil, l’un des deux protagonistes, fait le récit de son enfance et de son apprentissage au Vicomte de Valmont. C’est pour elle l’occasion de rappeler au Vicomte qu’elle est une femme supérieure, aux autres femmes, mais aussi à lui-même.

Ce passage pose la question de la place des femmes dans la société. Aussi, nous nous demanderons en quoi l’autoportrait de la Marquise de Merteuil révèle l’hypocrisie de la société de son époque.

Pour répondre à cette question, nous suivrons les mouvements du texte. D’abord, nous verrons la supériorité de la Marquise de “Mais moi” à “ouvrage”. Puis, nous aborderons l’apprentissage de la Marquise de “entrée dans le monde” à “si étonné”. Ensuite, nous évoquerons la manipulation dont sait faire preuve la marquise de “j’étais bien jeune encore” à “je voulais acquérir”. Enfin, nous passerons aux plaisirs cachés à la Marquise de “vous jugez bien” à “le goûter”.

Partie I. : La supériorité de la marquise

Dès le début du texte, la marquise utilise la conjonction d’opposition complétant le pronom personnel « mais moi » pour marquer une distance entre elle et « ces femmes inconsidérées ». On note ici la connotation péjorative liée à l’emploi de l’indéfini

Il en va de même pour la question suivante, qui est marquée par l’omniprésence du « je », sous la forme de pronoms personnels et possessifs « m’ » ; « m’ » ; « je me » ; « mes » ; « je » ; « mes ». Cette hypertrophie du « je » souligne l’orgueil de la marquise

L’opposition entre elle et les autres femmes est reprise, cette fois par rapport à ses principes qui ne sont pas similaires à « ceux des autres femmes ».

Elle se place de nouveau au-dessus de ce groupe – dont l’indétermination renforce le caractère unique de la marquise – en critiquant ses principes, avec le rythme ternaire : « donnés au hasard, reçus sans examen et suivis par habitude ».

Cette structure permet de montrer que si l’enseignement est mauvais (« donnés au hasard ») il appartient aux femmes de le remettre en question, ce qu’elles ne font pas (« reçus sans examens »). Elles finissent par accepter une condition médiocre « par habitude ».

Enfin, l’idée de création ex nihilo (à partir de rien) place la marquise dans une position presque divine (« je les ai créés, et je puis dire que je suis mon ouvrage »). Ainsi, elle affirme n’être pas un produit d’une éducation sociétale, comme ses contemporaines, mais posséder sur elle-même un empire total.

Elle se donne une image presque divine, elle n’est pas créée par la société mais par son propre artisanat. 

Partie II. : La dissimulation

Ensuite, la marquise revient sur sa jeunesse, son apprentissage en réaction à celui que la société a voulu lui imposer. 

La construction binaire « vouée par état au silence et à l’inaction » est immédiatement contredite par une autre construction binaire : « j’ai su en profiter pour observer et réfléchir ». Alors que la société attendait d’elle une soumission de par son sexe, la marquise a prétendu lui donner satisfaction tout en affutant ses compétences (observation et réflexion).

[pic 1]

L’opposition entre les attentes de la société et le comportement de la marquise souligne le fait qu’elle refuse le rôle qui lui a été attribué. 

Le pronom impersonnel « on » réduit la société à deux lettres et place tout le monde dans « le même panier ». Ainsi, elle s’oppose à cette société patriarcale dans son ensemble. 

Une société qui manque de discernement, car elle ne remarque pas la dissimulation de la marquise et la pense juste « étourdie ou distraite ». Il est clair ici que les personnes chargées de son « éducation » ne cherchent pas plus loin, puisqu’ils n’attendent pas d’elle, une femme, une grande présence d’esprit. 

La construction antithétique de la fin de la phrase opposant « les discours qu’on s’empressait à me tenir » à « ceux qu’on cherchait à me cacher » met en valeur l’échec de l’éducation vertueuse de la marquise, puisqu’elle a su chercher les vérités dissimulées derrière les dogmes sociétaux.

Ainsi, la société est la première à dissimuler, et on peut penser que l’art de la dissimulation de la marquise de Merteuil s’est formé en réaction nécessaire à l’hypocrisie sociétale

[pic 2]

On note que les champs lexicaux de l’éducation et de la dissimulation s’entrelacent, comme s’il était nécessaire pour une femme de se cacher pour pouvoir réellement s’éduquer. La construction binaire (subordonnée participiale) « en servant à m’instruire, m’apprit encore à dissimuler » véhicule la même idée. 

Ensuite les termes du lexique de l’éducation sont souvent appuyés par des pronoms personnels ou possessifs de 1ère personne (« m’instruire », « m’apprit » etc.). Ce qui soulignent la nécessité pour la marquise d’être autodidacte pour pouvoir s’émanciper des codes hypocrites de son temps. 

La dissimulation forcée d’abord de la marquise a pu ensuite muer pour devenir un outil à sa disposition : « j’obtins dès lors de prendre à volonté ce regard distrait que vous avez loué si souvent. »

Ici, le pronom personnel « vous » désigne Valmont, à qui elle écrit. Elle le prend à témoin pour le forcer à constater sa supériorité dans l’art de dissimuler. 

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