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Candide - Chapitre 3 : la guerre

Commentaire de texte : Candide - Chapitre 3 : la guerre. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  23 Décembre 2023  •  Commentaire de texte  •  1 878 Mots (8 Pages)  •  225 Vues

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      Chapitre 3 « la guerre » - Proposition de Commentaire

Expulsé de ce « paradis terrestre » que prétend être le château de Thunder-Ten-Tronckh, Candide va s’enrôler dans l’armée bulgare. Dans le passage étudié, le jeune héros se retrouve sur le champ de bataille avec pour seuls repères les valeurs du philosophe Pangloss. La guerre étant l’un des combats de Voltaire, il serait intéressant de voir de quelle façon elle est traitée ici. Il faut noter qu’au moment où Candide est écrit, la guerre de Sept Ans a débuté en 1756. Ce fait historique a certainement nourri les écrits du philosophe des Lumières.

Cette dénonciation de la guerre se présente  sous la forme de deux mouvements illusoirement antithétiques. En effet, le premier paragraphe transforme la guerre en spectacle vivant très plaisant, l’auteur se plaçant ainsi au niveau de Candide et de la philosophie de Pangloss. Dans un second mouvement, le voile se lève et c’est par un réalisme macabre que Voltaire dévoile les atrocités de la guerre et surtout critique les responsables de ces guerres.

        Le premier mouvement nous présente une guerre qui apparait comme un spectacle pluri-sensoriel mettant en branle des marionnettes ou des soldats de plombs.

   Ici c’est le point de vue adopté par Candide qui sert la critique voltairienne. La guerre est vue par le biais du jeune et naïf Candide. Ayant grandi avec la conviction que tout était au mieux dans le meilleur des mondes, la guerre ne peut être pour lui qu’un acte tout à fait normal, justifié voire même plaisant. Candide ne voit que beauté et superbe, ne s’attachant qu’à l’esthétique du moment vécu. En témoignent les nombreux adjectifs employés et surtout la répétition de l’intensif dans « si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné » pour décrire les deux armées en position. L’esthétique de la guerre paraît bien plus importante aux yeux de Candide que le drame humain qui va s’y jouer. La bataille est pluri-sensorielle ; en plus de la beauté de la guerre c’est son harmonie auditive qui séduit le jeune homme. L’énumération des instruments « les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons » (réellement présents dans une bataille) justifie cette impression d’harmonie mais ici tout est ironique. On remarque que cette liste d’instruments de musique se termine par l’ « instrument de mort » qu’est le canon. De plus, le bruit du canon, respectant la gradation auditive de l’énumération, s’accompagne sûrement des cris des victimes. La vision complètement naïve de Candide permet à voltaire de critiquer allègrement la guerre. L’expression ironique « une harmonie telle qu’il n’y en eut jamais en enfer » rappelle les expressions « faire un bruit de tous les diables » et « un bruit/boucan d’enfer ». Cette « harmonie » traduisant un spectacle pluri-sensoriel s’accompagne de réflexions inspirées par la philosophie de Pangloss puisque le terme rappelle sans doute les théories de l’ « harmonie préétablie » de Leibniz.

    Ainsi le champ de bataille devient, sous les yeux de Candide, un théâtre de marionnettes ou de soldats de plomb qui ne servent qu’au grand divertissement qu’est la guerre. Ceux-ci sont d’ailleurs renversés « les canons renversèrent » comme s’il s’agissait de simples automates sans conscience. Pour alimenter cette métaphore du jeu, on note la présence de données chiffrées comme pour marquer des points « six mille hommes » « neuf à dix mille coquins » « quelques milliers d’hommes » « une trentaine de mille ». Remarquons aussi l’inexactitude de ces chiffres « à peu près » « quelques » « une trentaine » « neuf à dix » qui illustre la désinvolture du jeune homme et par là cette scission entre ce qu’est la guerre et ce qu’il pense voir. L’expression en fin de texte « hors du théâtre de la guerre » achève la démonstration de Voltaire. La guerre se présente comme un théâtre, un jeu pour ceux qui pensent que tout est déjà déterminé, visant alors Leibniz derrière la philosophie de Pangloss et la vision du jeune Candide. L’oxymore « boucherie héroïque » à la fin du premier mouvement marque une véritable transition entre les deux parties en pointant du doigt les atrocités de la guerre mais aussi des acteurs de cette guerre.

L’ironie est donc déjà présente dans ce premier mouvement où Candide ne voit que beauté et harmonie. Par un réalisme saisissant, le second mouvement nous livre une vision de la guerre bien différente, dans laquelle Voltaire décrit les horreurs de la guerre.

Cette deuxième « vision » est toujours celle de Candide qui ne peut plus se cacher derrière les théories de Pangloss face aux atrocités de la guerre. Le réalisme des descriptions jure avec les impressions biaisées de la première partie. Candide, émerveillé par la bataille mais aussi effrayé « tremblait comme un philosophe » décide de déserter « aller raisonner ailleurs des effets et des causes ». L’emploi de l’euphémisme fait sourire ainsi que la formule chère à Pangloss et Leibniz « des effets et des causes ». Candide  arrive donc chez les Abares,  et là c’est un village brûlé avec ses habitants sauvagement tués qu’il voit. La description réaliste montre à quel point la guerre représente le mal et contraste avec le début presque féérique « rien n’était si beau… » Voltaire use de l’hyperbole pour dessiner les atrocités de la guerre « des tas de morts et de mourants ». L’addition de ces deux états différents mais successifs d’un même geste, mourir, suscite l’empathie. On imagine aisément une montagne de morts sur le sol avec des individus allongés à côté des membres de leur famille qu’ils ont vu mourir et qui vont eux-mêmes mourir. Il y’a donc surcharge de souffrance ici, née des descriptions réalistes. Nous sommes très loin d’un spectacle magnifique et divertissant. Le théâtre plaisant évolue alors en spectacle macabre.

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