Candide, chapitre 19
Commentaire de texte : Candide, chapitre 19. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar hasazerty • 1 Janvier 2016 • Commentaire de texte • 1 196 Mots (5 Pages) • 3 199 Vues
Introduction:
Le commerce triangulaire est à son apogée au XVIIIe siècle et de nombreux philosophes des Lumières s'insurgent contre la pratique de l'esclavage . Dans Candide, Voltaire choisit ma forme narrative pour dénoncer la cruauté de l'esclavagisme. Le personnage éponyme du conte, après avoir quitté El Dorado, le pays où " tout va bien", se trouve confronté à un esclave, ce qui permet à voltaire de dresser un véritable réquisitoire contre un système qui justifie et banalise l'horreur. Ce réquisitoire est particulièrement efficace de par les choix effectués par Voltaire, et ce sont ces choix qui feront l'objet de notre étude. Comment le mélange des registres contribue-t-il à renforcer la dénonciation? Quelles sont les cibles de Voltaire?
L'alternance récit-discours permet à Voltaire de varier les registres et de jouer sur les sentiments du lecteur.
Le texte débute par un récit pris en charge par un narrateur externe ("ils") qui décrit avec une neutralité frappante la rencontre entre Candide et l'esclave. Curieusement, la description s'attache d'abord au vêtement ("la moitié de son habit"), avant d'évoquer les mutilations dont est victime l'esclave ("il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite"). La précision "gauche", "droite" souligne l'objectivité du narrateur, objectivité qui contraste fortement avec la situation pathétique dans laquelle se trouve l'esclave.
On retrouve ce même décalage dans le discours de l'esclave. Le parallélisme de construction "Quand nous travaillons aux sucreries [...] on nous coupe la main; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe" souligne le caractère automatique et accepté de ces mutilations atroces ("...c'est l'usage..."). L'absence de toute réaction affective de la part du "nègre" permet paradoxalement à Voltaire de souligner l'atrocité du traitement réservé aux esclaves.
L’ironie participe aussi de l’efficacité de la dénonciation. Elle est le fait du narrateur, par exemple dans l’opposition entre « habit » et « caleçon », mais aussi de l’esclave avec le jeu de mots sur le terme « prix », qui évoque tout à la fois le rôle économique de l’esclavage et la complicité objective des consommateurs européens de sucre. De même l’euphémisme « Je ne sais pas si j’ai fait leur fortune mais ils n’ont pas fait la mienne » témoigne d’une certaine ironie tragique de la part du « nègre ». Le nom « maître », Vanderdendur, évoque de façon humoristique l’expression avoir la dent dure, ce qui en dit long sur le personnage et nous permet de supposer que, s’il est fameux, ce n’est pas pour sa bonté.
Ces procédés suscitent chez le lecteur un « rire jaune » et des sentiments de pitié explicitement exprimés par Candide. En effet, celui-ci réagit vivement au spectacle qui s’offre à lui comme en témoignent les exclamations « Eh ! Mon Dieu », » O Pangloss ! », « Hélas ! ». De même, les adjectifs possessifs « mon »et « son » dans les expressions « mon ami » et « son nègre » mettent en évidence la souffrance de Candide, qui semble partager l’infortune de l’esclave. L’évocation dans deux phrases successives des larmes du héros (« il versait des larmes», « en pleurant ») insiste sur le caractère pathétique de la scène et ce n’est pas un hasard si la dernière phrase du texte est une réécriture d’un passage de l’Evangile selon Saint Luc (« le Christ, en pleurant, entra dans Jérusalem ».)
Neutralité, ironie, pathétique, tous ces registres participent de la dénonciation de l’esclavage et des responsables, directs ou indirects de cette pratique.
Le discours du « nègre » se présente comme
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