Rhinocéros Ionesco : Berenger
Dissertation : Rhinocéros Ionesco : Berenger. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Jojoninicaca42 • 12 Janvier 2022 • Dissertation • 2 589 Mots (11 Pages) • 1 150 Vues
Littérature 20e siècle
Dissertation
le personnage de Bérenger dans « Rhinocéros », de Ionesco
Introduction
« Rhinocéros », pièce de théâtre publiée en 1959, constitue une oeuvre majeure dans le théâtre de l'absurde d'Eugène Ionesco. Elle met en scène une épidémie imaginaire de « rhinocérite » : les humains se transforment en rhinocéros. Du début à la fin de la pièce, l’auteur montre le développement de cette maladie-idéologie qui n'épargnera personne ou presque...
En effet, progressivement, tous les personnages de la pièce sont peu à peu « contaminés » par la rhinocérite. Seul Bérenger, un employé de bureau de caractère faible, ne se métamorphose pas.
Tout au long de cet exposé écrit, nous essaierons de comprendre comment, à travers l'évolution de ce personnage, incarnant à la fois un anti-héros et un héros tragique malgré lui, l'auteur tente de faire passer un message.
I-Bérenger : un anti-héros
Bérenger est un des personnages principaux de la pièce. De la scène d'exposition jusqu'à la fin de l'acte II, il demeure un personnages en prise aux faiblesses, se démarquant déjà des autres qui n'ont de cesse de ne pas l'écouter ou de le mépriser.
1) un homme défaillant
Au tout début de l'histoire, Bérenger apparaît sous des formes peu reluisantes : il est un homme d'aspect négligé, en proie au laisser-aller (il est « tout décoiffé », « pas rasé », ses vêtements sont froissés et sales...), dévoré par la paresse et le manque de volonté (p. 42 : « tous les jours, au bureau, pendant huit heures, trois semaines seulement de vacances... »), non ponctuel, las (p. 42 : « Je n'ai guère de distractions, on s'ennuie dans cette ville »), apathique, alcoolique (p. 39 : « J'ai un petit peu la gueule de bois, c'est vrai ! / Tous les dimanches matin, c'est pareil, sans compter les jours de la semaine. »). Il reste indifférent à ce qui passe autour de lui (notamment lors de la première « rencontre » avec un rhinocéros), ne se vouant à rien et ne montrant que peu d'intérêt pour la vie, à tel point qu'il se demande même si sa vie est un rêve (p. 71 : « Je me demande moi-même si j'existe ! »).
2) un homme vulnérable
Malgré ces défauts qui incombent à Bérenger, le lecteur/spectateur se trouve en situation d'empathie face à la vulnérabilité qu'il inspire. En effet, l'employé de bureau est déprimé et malheureux comme il le dit par exemple p. 43 : « Moi je ne m'y fais pas. Non, je ne m'y fais pas, à la vie. ». Bérenger manque de confiance en lui, ayant beaucoup de mal, sinon à imposer, à exposer son avis ; cela se traduit, entre autres, par un nombre conséquent de répliques inachevées (p. 43 : « Je ne prétends pas... », p. 61 : « Je ne prétends nullement ... », p. 111 : « Je comprends mais... ») et il est constamment rabaissé par les autres personnages, notamment par son « ami » Jean. Bérenger se montre conciliant et est facilement enclin à la culpabilité (après sa querelle avec Jean par exemple : p. 105 : « Je regrette de ne pas avoir été plus conciliant. [...] Je ne voulais pas le pousser à bout. », p. 163 : « J'ai ru des torts. »). Bérenger est un homme qui n'est pas dénué d'émotion ; il est emprunt de gentillesse et son amour pour Daisy, même s'il n'est pas assumé, est bien réel.
3) l'opposé de Jean
Bérenger et Jean sont « amis ». Cependant, tout les oppose (de leur entrée sur scène - par la droite pour l'un et la gauche pour l'autre – en passant par leur tenue vestimentaire et leur caractère.
Jean est un personnage autoritaire, méprisant, de mauvaise foi (p. 171 : « C'est ce que je vous disais !), moralisateur (p. 43 : « L'homme supérieur est celui qui remplit son devoir »). Il fait preuve, tout au long de la pièce, d'une méchanceté froide, notamment lorsqu'il s'adresse à Bérenger. Jean incarne le conformisme poussé à son paroxysme. Pourtant, Bérenger semble complètement aveuglé par les tentatives de domination de Jean, qui lui inspire de l'admiration (p. 41 : « Vous êtes soigneux, vous . », p. 43 : « Oh ! de la volonté, tout le monde n'a pas la vôtre ! », p. 206 : « Ce garçon si humain, grand défenseur de l'humanité ! »). Le gentil employé de bureau ne tient pas rigueur à son « meilleur ami » de la méchanceté dont il fait preuve à son encontre (p. 170 : « Vous êtes bien gentil. »). Par conséquent, par opposition à Jean, Bérenger inspire plus encore au lecteur/spectateur un sentiment de sollicitude.
Ainsi, le personnage de Bérenger représente l'anti-héros par excellence : il est l'un des personnages principaux de la pièce, mais ne présente pas les caractéristiques de grandeur du héros conventionnel.
II-Bérenger : un personnage qui évolue au fur et à mesure de la pièce
transition
1) Une transformation morale
Parallèlement à la tranformation physique que subissent les hommes tout autour de lui, conséquence de la rhinocérite, Bérenger, lui, connaît une transformation morale. Cette transformation a pour déclencheur le spectacle de la métamorphose de son « ami » Jean en rhinocéros, auquel il assiste (p.205 : « Et ce revirement quis'est produit sous mes yeux, sa colère ! »). Face au sentiment d'horreur et d'impuissance que lui inspire cette scène, Bérenger, sans le savoir, entame son chemin vers la reconnaissance de la Vie dont il cherchait le sens au début de la pièce. Bérenger, l'homme empli de doutes sur l'existence, sur sa propre existence et donc sur son identité, va petit à petit s'attacher à son identité humaine, même si la peur d'être contaminé n'aura de cesse de le torturer (p. 208 : « j'ai peur de la contagion », p. 209 : « Je me demande si je suis bien immunisé ») . Lui qui était si souvent en retrait et en proie au doute va changer de caractère pour, après l'effet de sidération (p. 215 : « Moi, je suis surpris, je suis surpris, je suis surpris ! Je n'en reviens pas ! »), finir par refuser nettement la présence puis la prolifération des rhinocéros au sein de la société, notamment lors de son dialogue avec Dudard, acte III, p. 199 à 249 : p. 248 : « L'homme est supérieur au rhinocéros », p. 249 : « Votre devoir est de vous oposer à eux, lucidement, fermement. »). On pourrait penser que Bérenger, en luttant contre la rhinocérite, en valorisant l'Humanité, tente de remédier à sa propre faiblesse et à sa passivité passées.
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